playlist des émissions
La chanson du jour
71-80
61-70
51-60
41-50
31-40
21-30
11-20
1-10
Une chanson,
un film
1-10
A l'affiche !
Annie Bossut :
facebook.com/annie.bossut
Expo-Photo
Alan Lomax - I Am a band
Un siécle de folk music !
Présentation par l'éditeur de la première traduction française des mémoires d'Alan Lomax, "Le pays ou naquit le blues"
Samedi 15 décembre à la boutique du Rev' à partir de 16h00 !
Attention !
Magasin exceptionnellement ouvert le dimanche 16 décembre à l'occasion de la bourse aux disques de Tulle.
Plus Infos :
A l'occasion du concert de Jim Jones Revue (+ Parlor Snakes) aux "Lendemains qui chantent", ce vendredi 30 novembre, une expo photos (et vinyls!) leur sera consacré chez The Rev'/ Vinyl Shop ! Concert à partir de 21h00
Plus Infos :
A l'occasion de leur concert aux "Lendemains qui chantent",
Electro Bamako sera en showcase chez The Rev' Vinyl Shop!
Samedi 17 Novembre à partir de 17h00 à la boutique du Rev'!
Plus Infos :
A l'occasion du festival
"O les Choeurs" et du Barathon 2012,
le groupe Mountebank
sera en showcase chez The Rev'/ Vinyl Shop!
Samedi 27 octobre à partir de 17h00 à la boutique du Rev'!
Plus Infos :
Deux événements à Tulle le 16 Mai
1-Jean-Marie Arnon dédicacera sa nouvelle BD, "Space baby" à partir de 16h00 à la boutique du Rev'!
2-la soirée atteindra ensuite des hauteurs stratosphériques aux Lendemains qui Chantent à partir de 21h00 avec Magnetix et The Spits !
...avec la sortie du premier 45 tours 4 titres des Gabba Heys! La tribu au complet et Jean-Marie Arnon, dessinateur de la pochette, dédicaceront le disque le samedi 11 Février à partir de 17h00 à la boutique du Rev'!
Des breuvages divers seront servis pour vous aider à pratiquer la danse du Gabba!!!
Avant leur concert aux Lendemains qui chantent, Yvan Serrano et Kay Elisabeth des Dustaphonics interpréteront quelques morceaux acoustiques à la boutique du Rev', en présence de Jean-Marie Arnon, créateur de la pochette du nouvel album. Jeudi 10 novembre à 18h00 - Collation et bénédiction offertes par la maison !
A l'occasion du concert de The Fleshtones, Jean-Marie Arnon dédicacera ses oeuvres, dont l'affiche originale spécialement crée pour le concert anniversaire du groupe New-Yorkais à Tulle. Vendredi 29 avril à partir de 16h00 à la boutique du Rev'!
Jean Songe a publié 4 romans noirs dans une vie antérieure(dont un Poulpe), et exercé le métier inavouable de Rock Critic (Combo magazine),avant de changer de nom. "Dans le rouge", recueil baroque, est son dernier effort littéraire, illustré et mis sauvagement en page par El Rotringo. En attendant des jours plus propices aux livres, il se métamorphose aussi en bluesman sommaire. Il viendra nous dédicacer son dernier ouvrage, et jouer quelques morceaux, guitare/voix, originaux & reprises...
A l'occasion de leur concert à la salle "Des lendemains qui chantent", The Elektrocution se produira en showcase acoustique à la boutique du Rev! le vendredi 11 février à 18h.
Le jukebox
BARRENCE WHITFIELD & THE SAVAGES, Tulle (15 Octobre 2011)
JIM JONES REVUE, Beauvais + Reims (14 & 15 Janvier 2010) - "Crainte et tremblement".
HEAVY TRASH, Beauvais, 19/03/2010
JIM JONES REVUE, Périgueux, 06/05/2009
THE DRONES, Evreux, 23/05/2009
MICK TAYLOR, Chaulnes, 11/10/2009
Farmer John
80.NEIL YOUNG & CRAZY HORSE Farmer John(1990)
I can hear the grass grow
79.THE FALL I can hear the grass grow (2003)
Road Ladies
78.FRANK ZAPPA Road Ladies (1970)
Cruel Winter
77.DEAD HORSE ONE Cruel winter (2012)
(HORS-SERIE) I think it's going to rain today
76-13: Kenny Burrell (1972)
(HORS-SERIE) I think it's going to rain today
76-12: King Size Rainy days (1998)
(HORS-SERIE) I think it's going to rain today
76-11.Walter Jackson (1965)
(HORS-SERIE) I think it's going to rain today
76-10.JOE COCKER (1974)
(HORS-SERIE) I think it's going to rain today
76-9.FRANCOISE HARDY (1972)
(HORS-SERIE) I think it's going to rain today
76-8.IRMA THOMAS (2008)
(HORS-SERIE) I think it's going to rain today
76-7.CHRIS FARLOWE (2005)
(HORS-SERIE) I think it's going to rain today
76-6.MANFRED MANN (1968)
(HORS-SERIE) I think it's going to rain today
76-5.ERIC BURDON (1968)
(HORS-SERIE) I think it's going to rain today
76-4.DUSTY SPRINGFIELD (1968)
(HORS-SERIE) I think it's going to rain today
76-3.RICK NELSON (1968)
(HORS-SERIE) I think it's going to rain today
76-2.NINA SIMONE (1969)
(HORS-SERIE) I think it's going to rain today
76-1.DAVE VAN RONK (1971)
75.JIM CARROLL BAND People who died (1980)
74.THE GABBA HEYS Loosing control (2012)
73.BOB DYLAN I want you (inédit concert MTV unplugged-1994)
72.O.T.H La France dort (1984)
71.MISSISSIPPI FRED McDOWELL Good morning little school girl (1969)
70.FLYING BURRITOS BROTHERS Wild Horses (1970)
69.TEENAGE FAN CLUB The Concept (1991)
68.THE CLEFTONES See you next year (1958)
67.DUSTY SPRINGFIELD Love Power (1968)
66.CAT POWER The Greatest (Live, Boston, 2006)
65.WILLIE DIXON I ain't superstitious (1970)
64.BETTYE LAVETTE No time to live (2010)
63.GIL SCOTT-HERON The revolution will not be televised (1971)
62.JIMI HENDRIX Valleys of Neptune (1969/2010)
61.ALEX CHILTON I remember Mama (1999)
60.LES ENNUIS COMMENCENT My Radio (Hadj Benhaïmouda, 2009)
59.SPARKLEHORSE Rainmaker (1995)
58.KING SIZE: Time again (1994-enregistré et produit par Iain Burgess au Black Box)
57.CHRISTOPHE Elle dit, elle dit, elle dit... (2001)
56.PRINCE Crimson and Clover (2009)
55.THE JAYHAWKS Big Star (1997)
54.KING SIZE Mummy 2006)
53.TEN YEARS AFTER Sweet little sixteen (1970)
52.KAREN DALTON Something on your mind (1971)
51. Lightning Hopkins Happy new year (29 juillet 1953, New-York City)
50.ELVIS PRESLEY Merry Christmas baby (1971)
49.BILLIE HOLIDAY I'm a fool to want you (1958)
48.FIXED UP Who is innocent(1987)
47.FREDDY LYNXX&THE REV' Here today, gone tomorrow(Tribute Ramones)-2005
46.OASIS She's electric (1995)
45.THE MASH Suicide is painless (1970)
44.HARVEY SCALES & THE 7 SOUNDS Love-Itis (1967)
43.MINK DEVILLE Venus of avenue D (1977)
42.MATCHING MOLE O Caroline(Robert Wyatt) - 1972
41.THE UNDERTONES Here comes the summer (Juillet 1979)
40.REAL KIDS All Kindsa Girls (1976, Live version)
39.KIM FOWLEY The Trip (1965)
38.JERRY LEE LEWIS Money(Live at the Star Club, Hamburg, 5 Avril 1964)
37.NILS LOFGREN Keith don't go (1975)
36.RED MOORE « Vienne la nuit » (Ben E.King / Leiber-Stoller/ K.Glick)
35.« Poison Ivy » (Leiber - Stoller / Rolling Stones)
34.JIM BOGGIA (2008)
33. WILCO I wanna be your dog (1995)
32.ELVIS PRESLEY Any Day Now (1969)
31.CHUCK BERRY I’m a rocker (1970)
30.CRACKER I hate my generation (1996)
-
05/01/2009 - Il y a cette scène, dans « La garçonnière » (1960) de Billy Wilder,
ou l’adorable Shirley MacLaine prend la décision de sa vie aux 12 coups de Minuit du réveillon :
rejoindre tout de suite Jack Lemmon, qu’elle va définitivement préférer à ce grand con de Fred Mac Murray. (Notez bien que ce n’est pas la taille qui fait le grand con. James Stewart ou Gary Cooper par exemple, ont la tête dans les nuages du haut de leur stature, alors que MacMurray ne sait pas quoi faire de ses grosses paluches et de son immense thorax qui le cloue au sol….)
Mais revenons à Shirley : plutôt que d’être l’amante choyée de son patron (Fred), et de profiter avec lui du luxueux repas de fête qu’il lui offre, elle choisit d’aller partager des spaghettis avec le petit employé qui l’aime, et qui rince ses nouilles à travers une raquette de tennis, faute de passoire. (Jack Lemmon, donc ; un mec qui s’appelle Jean Citrron et devient malgré tout une star mérite tout mon respect.)
Les spaghettis dans la raquette de tennis, c’est un jeu, manger devient ludique, en plus d’être érotique : manger des spaghettis ensemble, c’est presque faire l’amour.
Et la chanson dans tout ça, on s’en éloigne ?
Pas tant que ça : 7 ans plus tard, en énumérant leurs résolutions de nouvelle année, Otis & Carla font l’amour par micros interposés, mais au lieu de pâtes, ce sont des câbles qui les relient.
Bonne année à tous.
29.OTIS REDDING&CARLA THOMAS « New year’s resolution »(1967)
-
10/01/2009 - Ma génération se dit que tous ces réfugiés qui arrivent ici en traversant la mer au risque d’y laisser leur peau feraient mieux de rester chez eux.
Ma génération pense que la Nouvelle Star c’était tout de même mieux que The Voice.
Ma génération estime que la gauche et la droite, ça ne veut plus rien dire lorsqu’il y a urgence pour sauver le système.
Ma génération s’accorde à trouver que Sarkozy est un dangereux mégalo, mais qu’il ne faudrait tout de même pas dénigré systématiquement tout ce qu’il a fait.
Ma génération a renoncé à : fumer dans les lieux publics, boire un verre de trop, se passer de portable, couper la radio, éteindre la télévision.
Ma génération n’a pas connu Mai 68, était trop jeune en 77, mais juge que le Grunge, c’était du réchauffé.
Ma génération est aux commandes d’un monde qui va dans le mur,
mais qui décide de rembourser ceux qui ont oubliés de vérifier le niveau du liquide de freins avant de démarrer.
Je hais ma génération.
Bonne année à tous.
28.SLADE Merry Xmas everybody (Live 1982)
-
22/12/2008 – « C’est bientôt Noël, il faudrait marquer le coup », me glisse l’Agent Secret.
Je me retiens de lui répondre que j’ai déjà assez les boules comme ça ces temps-ci,
et dans un gros effort de communication, j’émets un grognement approbateur.
« Yep, mais alors évitons les clichés du genre « Merry Christmas baby » d’Elvis ou « Santa Claus is coming to town » par Springsteen. Des pépites certes, mais des lieux communs du rocker attendri.
Non, faisons plutôt dans le prolétaire, le modeste, les joies simples "de ceux qui n’ont pas grand-chose. Les petites gens", comme les appellent notre bien-aimé président qui n’a en commun avec eux que sa taille.
Et misons sur la pinte de Guiness et le fish’n’chips au lieu du champ’ frelaté à 15 euros et du saumon fumé nourri aux farines animales.
Alors ressortons donc ce 45 tours de 1973 usé jusqu’à la corde, tout en lui préférant une version live plus récente pour apprécier la charmante voix rocailleuse de Noddy Holder entamant un refrain repris en choeur par 10 000 hooligans aux coeurs d'artichauts...
Et pour rester dans les marges, que l’image soit à la hauteur !
Alors, quoi de mieux que quatre petits prolos anglais échappés de leur banlieue grise, et se retrouvant au bord d’une piscine quelque part entre Miami et L.A…
Parce que là, à droite sur la photo, debout dans son magnifique slip bleu, campé sur ses jambes blanches, il y a Dave Hill, le guitariste.
Et les étoiles dans ses yeux semblent dire : « C’est Noël Maman ! ».
27.JIMI HENDRIX Axis:bold as love
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19/12/2008 - Merde.
Mitch Mitchell est mort.
J’apprends la nouvelle par Rock’n’Folk.
Ouais, comme au bon vieux temps, avant l’ère d’internet et de l’info en direct.
Donc ce soir, c’est la chanson de la nuit. Noire.
Si vous voulez tout comprendre à Mitch, c’est pas la peine de lire Batteur magazine. Surtout pas.
Vous avez juste à savoir qu’il a accompagné Jimi Hendrix pendant 3 ans et qu’il a joué sur trois des plus beaux albums du rock, et notamment « Axis : bold as love », et son morceau éponyme, comme on dit dans les journaux lettrés.
Accompagner, ce n’est pas seulement jouer de la batterie, c’est aussi vivre avec le groupe.
Il y a juste à écouter son drumming délicat, son sens du swing, son écoute permanente de la mélodie, et en particulier, ce break magique, à 2 minutes et quarante sept secondes.
Ce soir, je ne vous parlerais même pas de l’extraordinaire sens mélodique d’Hendrix, ni de la qualité rimbaldienne de ses paroles, écoutez juste la relance permanence de Mitch….
Rest in peace.
26.BEASTS OF BOURBON Thanks
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18/12/2008 - La fin de l’année approche, c’est le moment des bilans.L’occasion aussi de remercier le Dieu de votre choix d’être encore en vie, et la nature de vous avoir comblé de ses bienfaits. Vous avez du mal ? Alors invitez donc les Beasts of Bourbon à le faire pour vous. Les groupes australiens ont tous ce petit côté primitif qui musicalement, se traduit par des rythmes reptiliens, et spirituellement, par des textes souvent emprunts d’un lyrisme quasi-Rousseauiste (enfin pas TOUS les australiens: Kylie Minogue, par exemple, est nettement plus sophistiquée…).
Voilà donc des gens qualifiés pour exprimer leur gratitude envers les nourritures terrestres. C’est à dire, l’eau, le vin, et puis le bon temps en général. Donc, le whisky, la bière, et le mal de tête. Et puis les larmes, la marijuana, l’acide, et le reste.
Merci pour tout ça, disent-ils.
Bon, je vous colle les paroles, même les moins anglophiles d’entre vous les comprendront :
"Thanks for the water
Thanks for the wine
Thanks for showin' me a real cool time
Thanks, thanks, thanks
Thanks for the whiskey
Thanks for the beers
Thanks for the heartache
Thanks for the tears
Thanks, thanks, thanks
Thanks for the marijuana
And the hashish too
And every other thing
I ever smoked with you
Thanks, thanks, thanks, thankyou very much Thanks for the acid
And the ecstasy
And the methamphetamine, hoowhee!!!
Thanks, thanks, thanks
Thanks for the heroin
And the cocaine too
And the epidural sure got me and her through
Thanks, thanks, thanks
Thanks for the water
Thanks for the wine
Thanks for showin' me a real cool time
Thanks, thanks, thanks"
Et pour les remercier, la moindre des choses serait que vous alliez acheter leur dernier album (très belle édition vinyle, chez Bang records, pour les amateurs), histoire qu’ils puissent au moins continuer à s’acheter de quoi remercier Dieu l’année prochaine !
BEASTS OF BOURBON : www.myspace.com/beastsofbourbon
BANG RECORDS : www.bang-records.net
25.BOB DYLAN Like a Rolling Stone
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16/12/2008 - (Piano demo – 15 Juin 1965, Studio A, Columbia Records, New York City)
Parfois ça tient à presque rien, une grande chanson.
Je veux dire, ce qui fait qu’une idée brillante puisse se réaliser dans une forme quasi parfaite, absolue.
Des idées, Robert Zimmerman en a à la pelle depuis le début des années 60, et plus encore depuis qu’il utilise quelques accélérateurs de conscience sous forme de nicotine, caféïne, marijuana, et acide lysergique, enfin.
Ce qu’il récolte aussi, Bobby, depuis peu, c’est un tas d’emmerdements, envoyé par une belle bande d’emmerdeurs. Les coincés du cul, les censeurs de tout poil, les empécheurs de désirer en rond, à gauche comme à droite, il y en a un paquet.
Les pseudo progressistes et véritables intégristes qui lui reprochent de s’être électrifié, et qui l’émasculeraient bien, tel ce Pete Seeger qui tenta de couper à la hache les câbles d’alimentation de la sono à Newport pour faire cesser ce BOUCAN DU DIABLE.
Et puis évidemment les conservateurs classiques qui ne supportent pas que ce petit juif attifé comme une tantouze viennent leur faire la morale.
Alors, Dylan, est fatigué, fatigué, mais il continue, il continue.
Il creuse, il creuse, he’s a digger. Dig this, man ?
Il y a cette chanson dans sa tête depuis un moment, qui se bouscule parmi des dizaines d’autres, mais celle là est spéciale, il le sait, il le sent, celle là va tout chambouler.
Alors il cherche, dans ce grand studio. Autour de lui, les autres attendent.
Il démarre au piano, la basse essaie de suivre, puis s’arrête. Lui martèle son piano bastringue, et soudain , sa voix, fatiguée, voilée, broyée. Trop de pressions, trop d’explications à donner sans arrêt, trop de mots, trop de cigarettes.
Alors, c’est juste un couplet, à l’arrache, et le premier refrain, originel. La Genèse.
Et puis, il s’arrête. « My voice is gone », dit-il. Mais pas la chanson.
Le lendemain, la version électrique et définitive débutera par un coup de caisse claire mallarméen qui à jamais abolira le vieux monde…
24.THE STOOGES I wanna be your man
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15/12/2008 – En 2006, les 3 vieux "crétins" en embauchent un plus jeune pour remettre le couvert.
Des concerts, et puis un disque.
Ceux qui achètent la rondelle numérique vendue sous boiter plastique sont privés
de 4 morceaux supplémentaires qu’on trouve sur l’édition vinyle seulement,
Double album très beau et très sombre, black & white, rock’n’roll.
Parmi ces quatre, une reprise du « I wanna be your man », le cadeau des Beatles aux Stones, en 1964.
Le chaînon manquant, qui abolit la théorie fun mais complètement fausse des gentils Beatles et méchants Stones. En 2006, les Stooges payent leur tribut, et jouent ce morceau avec leurs souvenirs de plus de 40 années, et leurs corps marqués par autant de saisons en enfer.
Le résultat : du brut de pomme joué à 11 sur les amplis, parce que faut pas déconner, si on entend plus grand-chose, autant monter le volume, se passer de la partie de slide parce qu’on pas réussi à refoutre la main sur ce foutu bottleneck, brailler les chœurs comme on peut par dessus le boucan, et tout de même, claquer un solo minimaliste et foutraque, parce qu’on s’appelle les Stooges.
Et puis voilà.
Fuck forever.
23.KING SIZE Charlotte (1998)
05/12/2008 - "Nous avions pour les hommes une grande tendresse. Nous les regardions tourner dans la cour, à la promenade. Nous leur jetions des billets par-dessus le grillage, nous déjouions la surveillance pour échanger avec eux quelques mots. Nous les aimions. Nous le leur disions des yeux, jamais des lèvres. Cela leur aurait semblé étrange. C'aurait été leur dire que nous savions combien leur vie était fragile. Nous dissimulions nos craintes. Nous ne leur disions rien qui pût les leur révéler mais nous guettions chacune de leurs apparitions, dans un couloir ou à une fenêtre, pour leur faire sentir toujours présentes notre pensée et notre sollicitude."
Charlotte Delbo: "Une connaissance inutile" (Auschwitz et après, tome II)
22.CHET BAKER The thrill is gone (1953)
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01/12/2008 - Le 27 Octobre 1953, c’est la première fois que Chet enregistre une chanson en studio.
Mais c’est pour murmurer avec une voix d’outre-tombe, que les nuits sont froides,
l’amour est mort, et qu’il est inutile de faire semblant, parce que c’est la fin.
Réjouissant programme qu’il expérimentera lui-même en s’adonnant très tôt
au joyeux mélange héroïne / cocaïne, pour finir mystérieusement défenestrer 35 ans plus tard.
35 années qu’il aura consciencieusement consacrées à enregistrer, donner des concerts,
et détruire méthodiquement la gueule d’ange de ses débuts pour acquérir un visage
ressemblant à un vieux parchemin.
Mais quand à 24 ans, on a une telle prescience de la finitude,
on n’a plus qu’à trainer sa peine le plus longtemps possible,
sans faire trop de bruit, et si possible au volant d’une belle automobile.
Avec élégance.
21.MOTÖRHEAD "Doctor rock" (1986)
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22/11/2008 - Parfois c’est dur de se lever.
D’abord, ouvrir un œil, puis localiser l’endroit où l’on se trouve.
Ensuite, remercier Dieu ou je ne sais qui d’être encore en vie.
Dans la foulée, mettre un pied par terre, et là les ennuis commencent :
vertiges, troubles de la vision, et surtout ce putain de mal de crâne.
Il convient alors de trouver la bonne médecine, le truc qui va arrêter
l’horrible tic tac de votre horloge interne.
Dans ces cas là, une seule adresse, celle du professeur Lemmy.
Il va commencer par vous dire qu’il n’est pas un docteur en philosophie, et qu’il va falloir payer la consultation, mais ça, on l’aurait deviné.
Ensuite il vous précisera aussi qu’il n’a rien avoir avec le Docteur Spock,
et là encore vous en conviendrez.
Quand enfin il vous expliquera que votre corps est bâti comme un ampli Marshall,
il ne faudra pas le contredire, mais juste l’écouter.
Parce que Lemmy, c’est le docteur Rock.
Ecce homo! 20.PAUL Mc CARTNEY & WINGS : Mumbo (1971)
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24/11/2008 - Ces temps-ci, l’Agent Secret s’ennuie.
C’est peut-être la saison qui veut ça. Et la conjecture aussi.
Vous savez : la crise qui s’installe, Raffarin qui revient, la retraite à 70 ans…
Dans ces cas là, L’Agent sort sa botte évidemment secrète : les early seventies.
Je vous parle d’un temps ou l’an 2000 semblait encore lointain.
Le premier choc pétrolier n’avait pas eu lieu, et le rêve de tout un chacun consistait à travailler moins pour s’amuser plus.
Prenez un brave gars comme Paulo McCartney : oubliez le soixantenaire distingué et sobre d’aujourd’hui.
Imaginez vous un type d’a peine 30 ans qui vient de quitter le groupe le plus célèbre du monde et la fiancée qu’on lui avait collé dans les pattes depuis 4 ans (Jane Asher) pour vivre le véritable amour avec une américaine délurée, Linda Eastman.
Il part sur les routes avec elle en reformant un groupe comme à l’époque d’Hambourg, jouant un peu partout dans des « petites » salles (même dans le Sud de la France, c’est vous dire), fumant des joints et écrivant des chansons légères et fraîches, comme ce Mumbo, aussi excité que stupide.
Deux accords, un riff de guitare, et en guise de paroles, une suite d'onomatopées insensées et hurlées, à la manière du Awopbopaloobop Alopbamboom de Little Richard.
Basiquement rock’n’roll, quoi.
Et ça, eh bien, ça fait danser l’Agent Secret.
Par les temps qui courent, c’est déjà pas mal.
19.ROBERT JOHNSON When you got a good friend (23 Novembre 1936)
-
Pas d’amis. Pas de maison. Pas de femme attitrée, pas d’enfants reconnus. Juste sa guitare et sa voix.
Mais quand on signe un pacte avec le diable, près d’un carrefour aux alentours de minuit, il n’y a plus rien d’autre qui compte.
Et c’est la gloire plutôt que la fortune, la liberté au lieu du succès, et l’ivresse en guise de confort.
Voilà : vendre son âme à la musique du diable, c’est aussi accepter d’être toujours prêt à partir.
Même si c’est dur parfois, et qu’on a justement le talent pour mettre des mots et des notes sur cette cruauté.
Alors on chante : « When you got a good friend, have her stick right by your side » (Quand on a un(e) bon(ne) ami(e), qu’il (elle) ne te quitte pas. ).
Histoire de se donner du courage, d’y croire encore, et de continuer à tailler la route.
Seul, bien sur.
Et ce qui vous glace le sang vous réchauffe aussi le cœur.
Tout simplement, c’est le prix à payer.
18.BUZZCOCKS I hate fast cars (1978)
-
20/10/08 – Rien à foutre. Rien à branler. S’ennuyer. A mort.
20 balais, 20 printemps, tout le temps devant soi.
C’est la crise. C’est toujours la crise quelque part, pour quelqu’un.
Les jeunes, les pauvres, les moins jeunes, les moins pauvres.
Mais qu’est ce que peut faire un jeune gars sinon chanter dans un groupe de rock, hein ?
C’est la crise, c’est toujours la crise.
Pas d’argent, rien à faire, le sang qui bout, la tête de travers.
Et les gens, les autres, qui n’en ont rien à faire de tout ça.
Ceux qui travaillent avec plaisir, ceux qui gagnent leur vie comme ils disent.
Et qui roulent en voiture. Avec leurs grosses bagnoles.
Ces putains de voitures de sport, je les hais.
C’est la crise, c’est toujours la crise, mais moi je m’en fous,
de leurs grosses bagnoles : je chante dans un groupe de rock.
17.IKE&TINA TURNER Contact High (1970)
-
13/10/2008 - L’autre jour, l’Agent Secret et moi écoutions un album que je venais d’acheter.
Tout était réuni pour nous plaire : références imparables (Neil Young, Big Star), pochette soignée, production sans faille, support digipack classieux, etc…
Et cela nous plaisait, certes. Mais sans plus.
A défaut de trépigner sur place en poussant des cris d’animaux, nous nous trouvions donc réduits à disserter sur les grosses qualités et maigres défauts de la chose.
L’Agent Secret me fit remarquer que la basse était un peu au fond du mix : je répondais alors qu’il en était ainsi à cause de la profusion d’arrangements délicats (orgue, guitares, tambourin, etc…).
Et ainsi de suite, tout au long du disque.
Nous en restâmes là, satisfaits de trouver un accord sur une œuvre somme toute riche, subtile et sans faute de goût.
Après le départ de l’Agent vers une nouvelle mission, je m’apprêtais à enfoncer à nouveau la touche "play", quand j’aperçus une petite rondelle de vinyl, un 45 tours sans pochette acquis il y a peu sur une brocante pour la somme ridicule de quelques centimes d’euros-Maastricht.
J’installais le single sur la platine.
Quelques craquements familiers, une guitare qui cisaille, la basse qui remplit toute la pièce avec la batterie, et cette voix qui surgit du fin fond de la jungle.
Tout à coup la lumière m’apparut : ce morceau avait certainement été enregistré en une après-midi, avec des guitares en bois et sur du matériel à dimension humaine.
Alors soudain plus besoin d’arguties et de multiples références culturelles pour prendre en pleine poire ces 2 minutes et treize secondes de pure électricité bestiale.
Au retour de l’Agent Secret, nous rajoutâmes alors fiévreusement trois articles à notre projet de constitution rock’n’rollienne :
-Interdiction des consoles et magnétophones de plus de 24 pistes
-Suppression du support numérique (sauf pour mes chansons du jour)
-Exécution publique des ingénieurs du son trop pointilleux
Sans plus attendre, nous enfilâmes fébrilement 3 francs-Pompidou dans la fente du Juke-Box pour 5 sélections parfaitement millésimées, et commençâmes une danse tribale accompagnée de rafraîchissements adéquats (whisky-coke pour l’Agent Secret et vin de messe pour Le Rev’).
Hallelujah !
16.HUMBLE PIE Street rat (Steve Marriott 1975)
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31/09/2008 - "Le studio était booké jour et nuit et on était supposé arriver tous les soirs à sept heures. Vers neuf heures, les membres de Humble Pie débarquaient de leurs manoirs rock'n’roll dans l’Essex, mails ils ne foutaient rien tant qu’ils n’avaient pas passé commande et reçu un peu de coke trop coupée. Leur capacité d’attention était inexistante. Steve s’ennuyait dès les premières notes de chaque chanson jouée pour la première fois, boudant comme un cocker cokney coké sans son os…..Il était au sommet de sa défonce paranoïaque autodestructrice. "
C’est Andrew Loog Oldham, qui parle ainsi de l’enregistrement de l’album " Street rats " de Humble Pie, en 1974, et dont il était chargé de la « production ».
Tel quel, ça parait dur et cruel, mais c’est simplement la vérité : Steve Marriott n’avait ni l'envie, ni la force de faire cet album. Fatigué, usé, consumé. Des années de tournées infernales aux Etats-Unis, à jouer un rock de plus en plus heavy, de plus en plus dur.
Parce que c’était ça, la recette du succès : plus vite, plus fort, plus longtemps.
Et tant pis s’il faut prendre ce qu’il faut pour tenir le coup, et aussi pour redescendre, ensuite. Mais lui n’en voulait plus : il avait un projet solo déja bien entamé avec son bassiste, Greg Ridley, et c’est ça qui l’excitait.
Oldham confirme : Les sons que Steve et Greg avaient conçus pour leur projet désormais intitulé "Joint Effort " étaient plus frais, plus vivants et franchement meilleurs que tout ce qu’on a produit chez Olympic pour Humble Pie.
Les bases des morceaux qu’on a enregistrées étaient des plagiats note pour note de chansons des Beatles : " Paperback writer ", " Rain ", " We can work it out ". En gros, Steve essayait de copier John et Paul avec juste assez de variations sur la mélodie et de verbiage en patois cockney déclamé façon James Brown pour faire illusion.
La maison de disques (A&M), elle, voulait encore et toujours du Humble Pie. Et ce fut là le boulot ingrat d’Oldham : se retrouver devant un groupe qui n’existait quasiment plus, avec un leader revenu de tout obligé malgré lui d’assurer un contrat. Et il y mit toute la mauvaise volonté du monde.
L’album " Street Rats " est tout de même sorti en 1975 et n’a pas atteint le top 100, assez injustement d’ailleurs, puisque Oldham réussit tout de même à tirer quelque chose de ces séances orageuses. Dans son bouquin, il écrit : Je l’ai laissé récupérer "Paperback Writer" pour en faire "Street rat"…..
Et on se dit qu’il a bien fait.
Parce que là, effectivement, ça remue. Et pour l'heure c'est le verbe français qui me semble le mieux traduire la sensation de groove qu'évoque ce morceau. De la blue eyed soul, une dernière fois. Pour le reste, tout est dans l’arrogance du titre et la manière dont Marriott crache les paroles. La messe est dite.
Et pour finir, la parole à Mr Oldham, encore :
La dernière fois que j’ai vu Steve Marriott – avant qu’il meure dans un incendie idiot en 1993, en s’endormant sur un mégot allumé – c’était en 1988. Nous sommes descendus au club Dingwalls à l’arrière de Camden Lock pour voir un concert de Stevie avec son groupe. Il avait été star et n’en voulait plus. Il se contentait volontiers de concerts en pub et en club, et n’avait pas envie de retenter l’affaire. Il savait que ça allait le tuer. Il avait pris du poids, perdu des cheveux et avait trouver le temps de s’arrêter pour respirer et se faire du bien. Quand je l’ai pris dans mes bras, j’ai ressenti que l’homme avait du souffle et de la chair et qu’il était dans un état de santé bien meilleur que le petit flacon de coke surtendu qu’il avait été quand il y croyait encore. Il savait toujours jouer et chanter avec le don que Dieu lui avait fait, et il le faisait désormais sans souffrance.
(A lire, l'autobiographie de Andrew Loog Oldham, « Rolling Stoned » , chez Flammarion.)
15.DANIEL DARC « Psaume 23 »
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23/09/2008 – Je me souviens de ceux qui trouvaient ça choquant,
d’entendre dire, « le seigneur est mon berger », juste avant un concert de rock.
Je me souviens alors, d’avoir pensé qu’effectivement,
la foi est un scandale permanent.
Je me souviens de Daniel Darc dans une petite chapelle,
à Beauvais, avec son pianiste. Seul. Dans la lumière.
Je me souviens qu’après le concert, je l’ai vu,
et qu’il semblait plus petit que sur scène.
Je me souviens encore d’une autre fois,
où sa loge était grande ouverte à ceux qui voulaient y entrer.
Je me souviens qu’il y avait des enfants,
et qu’il les laissaient venir à lui.
Je me souviens, je me rappelle, que là encore semblant plus petit,
Il irradiait pourtant dans cette pièce, et que l’amour l’entourait.
A love supreme.
14.BRIAN WILSON « Still I dream of it » (original home demo, 1976)
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03/09/2008 – Aujourd'hui,dans ma tête, il y a deux Brian.
D’abord l'anglais, l'ange blond, tout au fond de sa piscine.
Ensuite, l’autre, l’américain, surfeur en toc qui lui aussi a failli se noyer, dans l’alcool, les drogues, la mauvaise bouffe, ou même le bac à sable qu’il avait fait installer dans son salon.
Brian, le petit génie au visage de gamin mal dégrossi, le fan transi de Phil Spector copiant, égalant, et dépassant parfois son maître, peut-être pour oublier les coups de ceinturon que lui balançait son père. Un jour, beaucoup plus tard, au détour de deux réponses dociles à des questions convenues sur le pourquoi de sa musique, il imitera soudain le bruit de ces coups.
Image perturbante de ce quinquagénaire éructant d’horribles « tchak ! tchak ! » en se tordant la bouche devant la caméra. A vous glacer le sang.
Mais Brian va mieux : il vit, il a perdu le quintal de graisse qu’il avait accumulé en s’empiffrant de sucreries et d’anxiolytiques, et il a même échappé aux griffes de son analyste.
Beaucoup mieux que sur cette démo de 1976 : la voix empâtée, la tristesse en berne sous la camisole chimique, les accords de piano stridents, et la solitude, la solitude… La vie de Brian, quoi.
(« A little while ago / My mother told me / Jesus loved the world / And if that's true then / Why hasn't he helped me to find a girl / and find my world ? »)
13.THE BEATLE-ETTES « Only seventeen » (1964)
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08/09/2008 – Moins sexe que les Ronettes, plus bêtes que les Rubettes!!!
Et pourtant je le sais, certains d’entre vous, petits pervers, ne manqueront pas de les préférer à leurs homologues et modèles masculins.
Outre le fait qu’elles nous auront bien fait rire le temps d’une chanson (qu’elles ont d'ailleurs le mérite d’interpréter complètement désaccordées), elles alimentent également une polémique de fondus depuis quelques 40 années.
Certains prétendent que les Beatle-Ettes étaient le premier groupe de Mary Weiss, la future chanteuse des mythiques Shangri-la’s. D’autres hurlent que non, c’est faux, et qu’il s’agissait d’un autre groupe, les beatleettes, sans trait d’union.
Toute cette jolie bande d’allumés continue à s’étriper sur le net à coups de photos jaunies et de reproductions de rondelles centrales de 45 tours.
Le site le plus marrant est Russe (rédigé dans la langue de Toslstoï, donc) avec des tas de photos hilarantes. C’est là : http://www.guitaristka.ru/zapad-like-a-beatles.shtml
Et c’est largement à la hauteur de la chanson que je vous fait subir aujourd’hui.
Enjoy !
PS: un jour, si vous êtes sages, je vous ferais partager des merveilles comme "We love the Beatles" par les Vernon Girls, "Ringo comes to town "par Chug & Doug, "I dreamed I was a Beatle" de la mystérieuse Murry Kellum.
Mieux encore, mais là on se lance dans le bizarre comme disait l'autre, des OVNI's comme "What's wrong with Ringo" des Bon-Bons, "I want to bite your hand" de Gene Moss", et evidemment, il en fallait un, "I hate the Beatles" de Allen Sherman !
12.LEO FERRE « Richard »
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31/08/2008 - Vous êtes où ?
Mes fantômes, mes camarades, mes amis d’un soir ?
Mon père, mon frère, vous vous cachez là, au creux d’un accord mineur, le rendez-vous des petites gens.
Pas de honte, pas de gêne, c’est l’heure blafarde où l’on se dit tout sans un mot de travers.
Je vous revois tous, l’un après l’autre, en ordre dispersé, tranquillement.
C’est l’heure où il n’y a plus d’heures.
On ne compte plus.
C’est pour rien.
Comme ça.
En vain…
11.JIMMY CASTOR BUNCH « Troglodyte (Caveman) »
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15/11/2007 – Rhâââ ! Du funk qui tâche, bien poisseux, ça sent la sueur et le sexe : le morceau idéal pour un samedi soir.
Bon, le pitch, comme disait l’autre :
nous sommes aux temps préhistoriques, l’homme des cavernes se fait un peu chier à danser tout seul avec son casque sur la tête, et il se dit que ça serait mieux avec une femme (« Gotta find a woman ! Gotta find a woman ! »). Alors, ni une ni deux, il va à l’endroit ou ça se passe, c'est-à-dire au lac, parce que c’est là que les femmes lavent leurs fringues et se baignent.
Arrivé là, il en repère une et lui dit « Come here ! Come here ! ».
Il l’attrape par les cheveux (c’est un homme un peu frustre, oui), lui dit de bouger son corps (« Move ! Move ! ») ; il a de la chance, car c’est une GRANDE femme, et elle s’appelle Berthe-au-gros-cul (Bertha Butt). Il lui dit alors : « Donne moi tout bébé ! » (« Sock it to me baby ! »). Après, ça dégénère sur fonds de gros glissés de basse à la Larry Graham, cris, râles et autres grognements.
C’est sorti en 1972 sur l’album « It just begun » sur RCA. Je n’ai pas l’album, juste le 45 tours…si quelqu’un veut m’offrir quelque chose à Noël.
Et ce sera tout pour la notice biographique aujourd’hui, si vous en voulez plus, allez sur Wikipédia comme tout le monde.
Mais comme le Rev’ ne se fout pas de votre gueule, vous avez droit à une version live très rare, sortie en 1973 sur un improbable Tribute à Martin Luther King, « Keep the dream alive » (import USA uniquement), ou entre deux bondieuseries et trois préchi-prêcha, le Jimmy Castor Bunch vient foutre son souk, ce qui de manière très audible, réveille une l’audience qui a plutôt l’air de se faire chier GRAVE jusque là.
Vous pouvez aussi écouter la version studio en cliquant sur le lien ci-dessous qui activera le clip-scopitone de l’époque, une kitscherie absolue.
http://www.youtube.com/watch?v=VlRXQEA0yj0
Et puis tiens, matez la tronche des tueurs, ça devrait vous donner envie :
10.PETER SELLERS « She loves you » (Lennon - McCartney)
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13/11/2007 – C’est en pleine gloire, après « Docteur Folamour » et « La panthére rose », et avant « The Party » que Peter Sellers se noue d’amitié avec les Beatles ; ceux ci sont trop heureux de pouvoir se lâcher un peu et oublier ainsi leurs personnages de gentil garçon, avec ce cramé de premiére qui incarne l’inspecteur Clouseau à l’écran.
Et ils l’autorisent évidemment à détourner leurs chansons, sous la forme d’un ep 4 titres qui sera même un hit en Angleterre en 1965.
Dans ce disque, Sellers s’amuse à déclamer « A hard day’s night » à la manière de Laurence Olivier récitant Richard III, ou bien revisite « Help » en lisant les paroles tel un prêtre faisant son sermon.
Mais il ne s’arréta pas là et enregistra d’autres versions dans lesquelles il emprunta différents accents (Cokney, écossais, irlandais), et enfin, culmina dans le détournement avec cette version de « She loves you », délicatement sous-titrée « Nazi version ». On ne s’étonnera pas que celle-ci ne soit pas sortie dans le commerce…mais on pouvait s’attendre à tout de la part de celui qui fut le premier homme à faire la couverture de Playboy.
Enjoy !
9.NEIL YOUNG / GRAHAM NASH « War song » (Neil Young)
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18/10/2007 – Une chanson sur la guerre, celle du Vietnam en l’occurrence, puisqu’elle date de 1972. Et que c’est Neil Young et Graham Nash qui s’y collent, sur un 45 tours jamais repris en album depuis. Alors oui, tous les clichés sont là : la chanson pacifiste lancée à la face du monde par deux représentants parfaits de ces hippies west-coast fortunés…
C’est toujours la même question, est ce qu’une chanson peut changer le monde ?
Bien sur que non, puisque d’ailleurs, Nixon fut réélu quelques mois après la parution de ce single, et qu’on vit encore pendant quelque temps des « …planes flying in the sky… » et autres « …flying bombs… » dans le ciel du Vietnam…
Mais il est d’autres guerres qui nous usent un peu tous les jours : celles qu’on mène au boulot, à la maison, en amour, ou entre amis. Ces petites batailles dérisoires aux issues incertaines sont nettement moins meurtrières que les grands spectacles pyrotechniques auxquels nous convient l’humanité régulièrement, mais elles méritent bien quelques chansons, elles…
8.DILLARD & CLARK « Don’t Let me down » (Lennon – McCartney)
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11/10/2007 - Lennon chantait ça sur le toit de l’immeuble Apple, dans Saville Row, en Janvier 1969. Il le hurlait, plutôt, en plein vent, à l’adresse de Yoko.
6 mois plus tard, de l’autre côté de l’Atlantique, Gene Clark, lui, il la pleure cette chanson.
On l’imagine, effondré sur le comptoir d’un bar, demandant sans grande conviction à une fille imaginaire de ne pas le laisser tomber. Mais lorsqu’on entend la steel guitar triste à mourir et les cordes larmoyantes on se doute bien qu’il n’y croit pas vraiment...
Gene Clark n’était pas un joyeux luron : allergique à l’avion, il quitta les Byrds parce qu’il refusait de s’envoler pour tourner. C’est en tout cas ce que raconte la légende, certainement fausse. La vraie raison est à chercher ailleurs : trop de talent pour l’ego surdimensionné de McGuinn, leader attitré des Byrds. Et puis surtout, Clark était trop sensible pour rentrer dans le rock’n’roll circus et sa compétition acharnée. Dandy timide à la voix fragile et hésitante, celui qui ne souriait jamais sur les photos fut finalement vaincu par l’alcool, la drogue, et la dépression en 1991.
"Les ailes nous manquent, mais nous avons toujours assez de force pour tomber " (Claudel)
7.TOWNES VAN ZANDT « Dead flowers » (Jagger – Richards)
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28/09/2007 - Townes Van Zandt est mort avec une flasque de vodka à la main. L’arme à la main, pourrait-on dire.
En guise d’épitaphe, sa fille dira : « Daddy had a fight with his heart ».
Combat perdu d’avance: un cœur gros comme ça, on peut lui envoyer des barriques d’alcool ou bien des kilos de poudre, rien n’y fait, il bat toujours aussi fort. C’est peut-être pour ça, alors, qu’on chante d’une voix aussi fatiguée, comme revenue de tout, des paroles que Jagger envoyait lui avec une espèce de morgue aristocratique.
Là on ne joue pas : on sait la douleur, on sait la tristesse, et c’est une connaissance inutile. On est dans un rade pourri, on fait ce qu’on sait faire et ce pourquoi on est payé, et parfois, comme ici, au début du morceau, il y a quand même un type qui manifeste pour dire qu’il l’a reconnue, la chanson. Mais on l’entend à peine, et puis à quoi bon, demain on sera ailleurs…
6.DICKIES « Communication Breakdown » (Page - Plant)
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04/10/2007 - Mon Dieu, z’avez vu ? Led Zeppelin se reforme ! Ben voyons, et John Bonham, il en pense quoi ? La question est : who gives a fuck ?
Autant, l’expérience Page – Plant (deux albums début 90) fut intéressante, réussie et plaisante, autant l’itinéraire de Plant en solo sent bon le franc-tireur (au risque , parfois, de se tirer une balle dans le pied !), autant cette histoire sent les gros sous, ou bien pire encore, la sénilité. Un autre genre d’odeur…
Bon, piqûre de rappel :ce Led Zeppelin que tout le monde aujourd’hui s’accorde à trouver tellement génial, du concepteur de pub au vendeur de DVD, du promoteur de stades aux quinquas qui veulent sentir souffler sur leurs fronts ridés le souffle de leur jeunesse (mais pas trop fort, tout de même…), c’était fin 1968, début 1969, une bande de freaks aux cheveux indécemment longs, qui faisaient peur : aux parents, à l’establishment, aux réalisateurs télés et aux programmateurs radios.
Lorsqu’ils enregistrent leur premier album, en une petite semaine, il y a une bombe à l’intérieur : « Communication Breakdown », une décharge punk de deux minutes à peine. Je doute fort qu’ils jouent ce morceau lors de leur concert de reformation, et après tout tant mieux : ils en étaient déjà incapables, en 1979, à la fin du groupe.
Les Dickies, par contre, petit groupe punk californien formé en 1977, reprenaient les choses là ou elles avaient été laissée en plan : un riff, 4 accords, un solo qui tue, et de l’énergie à en revendre. Sans oublier le mauvais goût (l’album dont est extrait cette reprise, sorti en 1983, s’appelle : « Stukas over Disneyland ») : pas besoin alors de grimper aussi haut que Plant dans les aigus, ou d’avoir la technique affolante de Page à la guitare, ni l’assise rythmique de Bonham-Jones. L’essentiel est ailleurs. La vraie vie aussi, d’ailleurs…
5.BOB DYLAN « Yesterday » (Lennon–McCartney) Bootleg « Almost went to see Elvis » 1970
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Il y a plusieurs Bob Dylan, presque autant que d’albums dans sa discographie : le folkeux pur et dur, le dandy psychédélique, le chrétien converti, la rock star de stades…
Et puis aussi, souvent, le j’men foutiste total qui confine presque au dadaïste punkoïde.
C'est son versant « Big Lebowski », celui qui fait le bonheur du « Dude » des frères Coen, en lui fournissant de quoi remplir les K7 qu’il écoute à longueur de temps sur son antique walkman.
Mai 70, en rupture de Beatles, Harrison rend visite à Dylan, qui enregistre son nouvel album après le catastrophique « Self portrait »: cette collaboration sera fructueuse, notamment sur « If not for you », un des meilleurs morceaux de « New Morning », enjolivé par la slide du fab four. Mais le Zim ne s’arrête évidemment pas là, et ne trouve rien de mieux à faire que de reprendre « Yesterday », la composition emblématique de McCartney. Imaginez Sinatra chantant « Revolution », et vous aurez une petite idée de l’absurdité de l’entreprise. Ajoutez y de multiples pains, une basse et une guitare qui jouent rarement la même chose, une harmonie vocale sortie d’on ne sait ou sur le dernier refrain, et une fin, euh, approximative…
Moment fort : à 2’05", sur la reprise du chant après le court solo, Bobby peine vraiment, et en met un sacré coup sur le « I don’t know... » .On a mal pour lui.
Selon les circonstances (mais aujourd’hui, il fait beau et c’est week-end), on peut en rire aux larmes, ou bien juste en pleurer…mais on peut aussi envier cette innocence, cette candeur, cette liberté absolue qui a été sa marque de fabrique depuis plus de 40 ans. Dylan se réinvente en permanence, et ceux qui l'entourent tentent de l'accompagner...
C'est le cas ici de l’angelo misterioso, qui devait bien regretter, à certains moments, de s’être embarqué dans une telle galère. Mais il y gagnera une belle compo de Dylan (If not for you, justement) qui se retrouvera sur son premier (triple) album solo, « All things must pass ».
4.JIMI HENDRIX « Angel » (Bootleg « Acoustic Jams »)
3.THE ROLLING STONES Under my thumb (Live in Altamont 1969)
2.THUNDERCLAP NEWMAN Something in the air
1.KEITH RICHARDS Please please me
Espace Dessinateur
Pour toutes questions contacter Philippe : emailVous devez être administrateur pour envoyer un nouveau dessin.
Dessin : Yannick Bourg
N°73: 28/11/2011 – BOB DYLAN: “I want you” (inédit concert MTV unplugged-1994)
Une des plus belles versions de "I want you", étrangement absente de l'album "Unplugged",
un outtake de ce concert MTV dont on n'attendait pas grand chose, et pourtant, là, behind the shades, la messe est dite : le faux départ, le tempo mortuaire, la voix brisée....
Ce n'est plus le désir mercurial de "Blonde on Blonde" bien sur, ni la fierté de l'amant blessé de "Blood on the tracks"....
Juste un homme à genoux, fatigué de chercher, mais entouré d'amour par un groupe suspendu à ses lèvres.
Vieux Bob, si loin si proche, la steel guitar qui coule comme on pleure dans sa bière,
et le public prêt à le prendre dans ses bras, si jamais il trébuchait...
lachansondujour73.jpg (726.22 Ko)
Créé le 11/07/2013 06:29:40
Modifié le 11/07/2013 06:29:40
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Créé le 11/07/2013 06:29:41
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Créé le 11/07/2013 06:28:25
Modifié le 11/07/2013 06:28:25
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Dessin : Christelle Wable
N°66 : 08/12/2010 – Cat Power: “ The Greatest ” - (Live, Boston, 2006)
La dernière fois que je l'ai vu conscient, à la maison, il se traînait déjà sur ses jambes violacées.
Mais il avait tenu à m'offrir quelques uns de ses disques avant que je reparte.
La musique, parmi d'autres choses, nous liait.
Et puis ce fut l'hôpital.
A ce moment là, il se trouvait en unité de soins palliatifs.
Il en était à son énième A.V.C et le diabète le rongeait de l'intérieur.
Un jour, dans un service du côté de Sarcelles, après un bon quart d'heure de délire où il s'imaginait être 40 ans plus tôt et à l'autre bout du département, il avait fini par me lancer: "Fous le camp!".
Une autre fois, j'ai vu cet homme qui avait passer sa vie à soigner les gens en tant que médecin,
tenter d’appeler une infirmière, avec une drôle de voix cassée et faible qui se voulait puissante et polie à la fois, comme un petit gars dans le besoin : « Madame ! Madame ! ».
C'était insupportable.
Trimballé de service en service, de neurologie en réanimation, il en était désormais rendu à un corps percé de tuyaux d'alimentation et d'évacuation.
L'horrible horreur.
Enfin, je l'ai vu une dernière fois, à l'hôpital.
« Comment ça va ? » lui demandais je bêtement.
« Tout doux, tout doux » me répondit il, gentiment, dans un souffle.
« Fais attention sur la route », c’est la dernière phrase qu’il m’a adressée.
Et puis, je n'attendais plus rien que l'attente de la mort.
Pour que la vie continue. Et le spectacle aussi.
C'est à dire pour moi, de la musique, des répétitions, et des concerts.
Le jour où l'on m'annonça sa mort, je voulais faire écouter un morceau dont j'étais fou à celui qui fut le pouls, le beat, et donc la vie des dernières années du groupe dont je faisais alors partie: the drummer. (En écrivant ces lignes, je pense à ce titre étrange d'un album d'Ellington: "A drum is a woman"...).
Pour le convaincre de la beauté de cette chanson, je l'entraînais dans une danse étrange, et à posteriori macabre, qui fut interrompue par la sonnerie du téléphone.
La musique toujours, résonnait dans la pièce lorsque j'appris l'issue fatale.
He was the greatest.
A mon père...
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Créé le 11/07/2013 06:29:20
Modifié le 11/07/2013 06:29:20
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Dessin : Antoine Bouvier
N°46 : 10/10/09: OASIS: "She's electric" (1995)
Ou l'on découvre avec stupeur qu'avant d'être une PME (mal)menée par deux crétins congénitaux,
Oasis fut un groupe talentueux capable de finesse, doté d'un chanteur à la fausse nonchalence séduisante et d'un compositeur inspiré sachant recycler avec bonheur 30 années de british beat pour incarner l'esprit des années 90: un pied dans la tradition et l'autre dans le modernisme, une Anello & Davide d'un côté, une Converse de l'autre.
Parce que avant de pouvoir remplir des stades, il faut savoir vider des verres dans un pub, boire de la Guiness en révant de champagne, penser aux filles qu'on a plutôt qu'à celles qu'on aura, et s'exercer à devenir un bon voleur en apprenant à connaitre ce qui vaut la peine d'être dérobé.
Ici, une mélodie empruntée aux Kinks, des licks de guitare aux Stones, et un final qui pille carrément les Beatles, mais tout ça avec grâce.
La retenue qu'il faut pour justifier l'arrogance.
Le style anglais, quoi.
lachansondujour46.jpg (90.13 Ko)
Créé le 11/07/2013 06:29:16
Modifié le 11/07/2013 06:29:16
Dernier accès le 11/07/2013 06:29:06
Dessin : Antoine Bouvier
N°25 : 16/12/2008 - BOB DYLAN : "Like a Rolling Stone" (Piano demo – 15 Juin 1965, Studio A, Columbia Records, New York City)
Parfois ça tient à presque rien, une grande chanson.
Je veux dire, ce qui fait qu’une idée brillante puisse se réaliser dans une forme quasi parfaite, absolue.
Des idées, Robert Zimmerman en a à la pelle depuis le début des années 60, et plus encore depuis qu’il utilise quelques accélérateurs de conscience sous forme de nicotine, caféïne, marijuana, et acide lysergique, enfin.
Ce qu’il récolte aussi, Bobby, depuis peu, c’est un tas d’emmerdements, envoyé par une belle bande d’emmerdeurs. Les coincés du cul, les censeurs de tout poil, les empécheurs de désirer en rond, à gauche comme à droite, il y en a un paquet.
Les pseudo progressistes et véritables intégristes qui lui reprochent de s’être électrifié, et qui l’émasculeraient bien, tel ce Pete Seeger qui tenta de couper à la hache les câbles d’alimentation de la sono à Newport pour faire cesser ce BOUCAN DU DIABLE.
Et puis évidemment les conservateurs classiques qui ne supportent pas que ce petit juif attifé comme une tantouze viennent leur faire la morale.
Alors, Dylan, est fatigué, fatigué, mais il continue, il continue.
Il creuse, il creuse, he’s a digger. Dig this, man ?
Il y a cette chanson dans sa tête depuis un moment, qui se bouscule parmi des dizaines d’autres, mais celle là est spéciale, il le sait, il le sent, celle là va tout chambouler.
Alors il cherche, dans ce grand studio. Autour de lui, les autres attendent.
Il démarre au piano, la basse essaie de suivre, puis s’arrête. Lui martèle son piano bastringue, et soudain , sa voix, fatiguée, voilée, broyée. Trop de pressions, trop d’explications à donner sans arrêt, trop de mots, trop de cigarettes.
Alors, c’est juste un couplet, à l’arrache, et le premier refrain, originel. La Genèse.
Et puis, il s’arrête. « My voice is gone », dit-il. Mais pas la chanson.
Le lendemain, la version électrique et définitive débutera par un coup de caisse claire mallarméen qui à jamais abolira le vieux monde…
lachansondujour25.jpg (82.49 Ko)
Créé le 11/07/2013 06:28:52
Modifié le 11/07/2013 06:28:52
Dernier accès le 11/07/2013 06:28:48
Dessin : Antoine Bouvier
N°10: 13/11/2007 – PETER SELLERS « She loves you » (Lennon - McCartney)
C’est en pleine gloire, après »Docteur Folamour » et « La panthére rose », et avant « The Party » que Peter Sellers se noue d’amitié avec les Beatles ; ceux ci sont trop heureux de pouvoir se lâcher un peu et oublier ainsi leurs personnages de gentil garçon, avec ce cramé de premiére qui incarne l’inspecteur Clouseau à l’écran.
Et ils l’autorisent évidemment à détourner leurs chansons, sous la forme d’un ep 4 titres qui sera même un hit en Angleterre en 1965.
Dans ce disque, Sellers s’amuse à déclamer « A hard day’s night » à la manière de Laurence Olivier récitant Richard III, ou bien revisite « Help » en lisant les paroles tel un prêtre faisant son sermon.
Mais il ne s’arréta pas là et enregistra d’autres versions dans lesquelles il emprunta différents accents (Cokney, écossais, irlandais), et enfin, culmina dans le détournement avec cette version de « She loves you », délicatement sous-titrée « Nazi version ». On ne s’étonnera pas que celle-ci ne soit pas sortie dans le commerce…mais on pouvait s’attendre à tout de la part de celui qui fut le premier homme à faire la couverture de Playboy.
lachansondujour10.jpg (199.33 Ko)
Créé le 11/07/2013 06:28:27
Modifié le 11/07/2013 06:28:27
Dernier accès le 11/07/2013 06:28:22
Dessin : Yannick G.
N°17 : 13/10/2008 - IKE & TINA TURNER: "Contact High " - 1970
L’autre jour, l’Agent Secret et moi écoutions un album que je venais d’acheter.
Tout était réuni pour nous plaire : références imparables (Neil Young, Big Star), pochette soignée, production sans faille, support digipack classieux, etc…
Et cela nous plaisait, certes. Mais sans plus.
A défaut de trépigner sur place en poussant des cris d’animaux, nous nous trouvions donc réduits à disserter sur les grosses qualités et maigres défauts de la chose.
L’Agent Secret me fit remarquer que la basse était un peu au fond du mix : je répondais alors qu’il en était ainsi à cause de la profusion d’arrangements délicats (orgue, guitares, tambourin, etc…).
Et ainsi de suite, tout au long du disque.
Nous en restâmes là, satisfaits de trouver un accord sur une œuvre somme toute riche, subtile et sans faute de goût.
Après le départ de l’Agent vers une nouvelle mission, je m’apprêtais à enfoncer à nouveau la touche "play", quand j’aperçus une petite rondelle de vinyl, un 45 tours sans pochette acquis il y a peu sur une brocante pour la somme ridicule de quelques centimes d’euros-Maastricht.
J’installais le single sur la platine.
Quelques craquements familiers, une guitare qui cisaille, la basse qui remplit toute la pièce avec la batterie, et cette voix qui surgit du fin fond de la jungle.
Tout à coup la lumière m’apparut : ce morceau avait certainement été enregistré en une après-midi, avec des guitares en bois et sur du matériel à dimension humaine.
Alors soudain plus besoin d’arguties et de multiples références culturelles pour prendre en pleine poire ces 2 minutes et treize secondes de pure électricité bestiale.
Au retour de l’Agent Secret, nous rajoutâmes alors fiévreusement trois articles à notre projet de constitution rock’n’rollienne :
-Interdiction des consoles et magnétophones de plus de 24 pistes
-Suppression du support numérique (sauf pour mes chansons du jour)
-Exécution publique des ingénieurs du son trop pointilleux
Sans plus attendre, nous enfilâmes fébrilement 3 francs-Pompidou dans la fente du Juke-Box pour 5 sélections parfaitement millésimées, et commençâmes une danse tribale accompagnée de rafraîchissements adéquats (whisky-coke pour l’Agent Secret et vin de messe pour Le Rev’).
Hallelujah !
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Créé le 11/07/2013 06:28:38
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Dessin : Antoine Bouvier
N°19: ROBERT JOHNSON : « When you got a good friend » (23 Novembre 1936)
Pas d’amis. Pas de maison. Pas de femme attitrée, pas d’enfants reconnus. Juste sa guitare et sa voix.
Mais quand on signe un pacte avec le diable, près d’un carrefour aux alentours de minuit, il n’y a plus rien d’autre qui compte.
Et c’est la gloire plutôt que la fortune, la liberté au lieu du succès, et l’ivresse en guise de confort.
Voilà : vendre son âme à la musique du diable, c’est aussi accepter d’être toujours prêt à partir.
Même si c’est dur parfois, et qu’on a justement le talent pour mettre des mots et des notes sur cette cruauté.
Alors on chante : « When you got a good friend, have her stick right by your side » (Quand on a un(e) bon(ne) ami(e), qu’il (elle) ne te quitte pas. ).
Histoire de se donner du courage, d’y croire encore, et de continuer à tailler la route.
Seul, bien sur.
Et ce qui vous glace le sang vous réchauffe aussi le cœur.
Tout simplement, c’est le prix à payer.
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Créé le 11/07/2013 06:28:46
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Dessin : Antoine Bouvier
N°62 : 25/03/2010 – Jimi HENDRIX: « Valleys of Neptune » (1969/2010)
Allons y pour les chanteurs morts, me dis je.
Et de prendre la route Pompidou pour m'en aller chez mon disquaire.
La route Pompidou, que je vous explique: petite départementale hors du temps que personne ne semble plus emprunter à part quelques agriculteurs déprimés par les derniers décrets de Bruxelles, parfois aussi de rares retraités encore capables de conduire, et puis moi.
Ma route Pompidou, non répertoriée sur les GPS, toute droit sortie de 1973, idéale pour aller acheter des disques de chanteurs morts, donc.
J'arrive à la boutique (on est sous Pompidou, oui ou non?), et demande, fier de mon coup:
"Des nouvelles de la morgue, patron?"
Mister MAD (c'est le surnom que ce cinglé de boutiquier s'est donné, mais ça reste entre nous) me fait un grand sourire et me dit:
"Ben, le dernier Hendrix vient d'arriver, là. Un double album, tout chaud, si je puis dire".
Voyons voir, James Marshall Hendrix, décédé en septembre 70, quatre albums de son vivant, et un cinquième inachevé balancé sur le marché par sa maison de disques juste après sa mort.
Et puis ensuite, des dizaines de compilations, concerts, jams en studio, du sublime et du n'importe quoi, comme cet album d'inédits , "Crash landing", en 1975, mais là, on était déjà sous Giscard, on s'aventurait vers le bizarre.
Quelques dizaines de remasterisations et beaucoup de pognon plus tard, rien de nouveau sous le linceul.
Mais la demie-soeur adoptive ( !?!) de Jimi, en a décidé autrement, et voilà donc le "nouveau" Hendrix: 12 chansons, une seule totalement inédite, "Valleys of Neptune" qui donne son titre à l'album.
Bien sur, ça sent l'arnaque, et surtout le sapin, mais j'ai décidé de ne plus tuer personne, alors je repars avec le nouveau double album vinyle de Jimi Hendrix sous le bras.
Presque comme en 1973, sauf que je ne roule plus sur une Motobécane orange.
Et puis, nous sommes en 2010, il ne risque plus de mourir maintenant....
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Créé le 11/07/2013 06:29:21
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Dessin : Antoine Bouvier
N°32 : 21/01/2009 - ELVIS PRESLEY : « Any Day Now » (1969)
« Alors comme ça maintenant, c’est 5 fruits et légumes par jour, pas trop de sucres ni de sel, éviter les aliments gras, et pour votre santé, bougez ?!? », me dit l’Agent Secret. « A ce régime là, ce sera bientôt gymnastique obligatoire tous les matins dans la rue, jus de poireaux au petit déjeuner, prise de tension au saut du lit, et puis quoi encore ? Ska festif toute la journée à la radio pour garder le rythme ? »
Hum, l’Agent à ses sources, probablement.
Et ses opinions aussi.
Mao...mais tendance Nino Ferrer: « Le quart de rouge c’est la boisson du Garde Rouge »…
OK, allumons une cigarette, décapsulons une bière, et posons nous la seule question qui vaille : qu’aurait fait Elvis dans ce monde là ?
« Une dépression… », grommelle l’Agent, en écrasant sa Lucky sans filtre.
Mais non, il commanderait des loukoums, du miel, des douceurs, et puis une chanson, bien sur ! Signée Burt Bacharach, un nom cristallin. Ensuite, il l'assaisonnerait comme chez lui, à la mode soul, avec cascades de violons, cuivres rutilants, et roucoulades de grasses walkyries épousant les ondulations d’une basse rondelette sur une rythmique sautillante. Enfin, il poserait sa voix chaude et sucrée, sans effort. Jamais trop d’effort, pour le jeune et riche mâle américain.
Trop riche, bien trop riche ?
« Non, jamais assez ! », hurle l’Agent, « A bas la pauvreté ! Chassons le révisionisme, battons les pauvres, volons les riches, et du rab’ de frites pour tout le monde ! »
Ça y est, la révolution culturelle est en marche…
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Créé le 11/07/2013 06:28:57
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Dessin : Christine Brignon
N°49 : 01/12/09: Billie HOLIDAY: "I'm a fool to want you" (1958)
Tout ce qu'il faut savoir sur Billie est contenu dans la fêlure de sa voix.
Jeune, c'est un je ne sais quoi de fragile caché derrière l'apparente facilité à swinguer, qui trahit les violences dont elle fut victime pendant l'enfance.
Plus tard, vers la fin, c'est le gin, l'héroïne, et tout le mal que les hommes lui auront fait.
Ses amants qui la rendaient folle, les patrons de cabarets la faisant rentrer par la porte de service (ségrégation oblige), et jusqu'à certains spectateurs mécréants pratiquant l'insulte raciste.
Ce à quoi elle répondit un jour en se retournant pour leur montrer son cul. Tout simplement.
On n'impose rien à miss Holiday qu'elle ne désire d'abord, même les paroles de ses chansons, qu'elles oublient volontiers, ou modifient au gré de ses humeurs.
A la fin de la deuxième prise de ce crépusculaire "I'm a fool to want you", elle part en roue libre, psalmodiant quelques phrases, comme voulant se convaincre qu'elle est la plus forte : " Time and time again, Yes I'll leave you, Time and Time again, I'll run away...".
Mais juste après, dans la troisième prise, elle modifie radicalement le troisième couplet qui devient alors une supplique : " Take me back, I Love you, Pity me, I need you".
Le tout et son contraire, comme l'illustre si bien le titre d'une autre chanson du même album, la bien nommée "Glad to be unhappy".
Une femme libre: la fierté, le charme, l'arrogance, mais aussi la connaissance intime de la douleur, des amours déçus qui la laisseront inconsolable. Et surtout une lucidité épuisante, pourtant noyée dans un brouillard cotonneux d'alcools et de drogues qui vont lui façonner ce chant d'outre-tombe.
Juste de quoi murmurer encore quelques mélodies, du bout des lèvres, et du fond du ventre...
Et puis aussi ces derniers mots chuchotés à l'oreille de Sagan venue la voir un soir d'Octobre 1958 à l'Olympia: "...Darling you know, I am going to die very soon in New York between two cops".
Moins d'un an après, elle sera morte.
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Créé le 11/07/2013 06:29:10
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Dessin : Christine Brignon
N°35 : 08/02/2009 – « Poison Ivy » (Leiber - Stoller / Rolling Stones)
Lux Interior est mort. A priori, pas d'un excés de strychnine, ni d'un accés de fièvre.
Le primitif, l'homme des cavernes qui portait des lunettes de soleil la nuit n'a jamais montré ce qu'il y avait derrière son masque. Il à pris son TV Set sous le bras et traversé la porte verte pour aller rejoindre les jardins magnifiques.
Là-bas, il continue à agiter ses rockin' bones pour faire la mouche humaine sur la Zombie Dance en concourant avec le God Monster.
Sur qu'il sera pour toujours un loup garou adolescent, et qu'il rocke sur la Lune en faisant le Jungle Hop.
Mais ce qui va lui manquer, c'est son idôle vaudou.
Celle pour qui et avec qui il à tout fait par amour.
Poison Ivy, seule, toute seule...
(Dédié à Alain Feydri, auteur de "Les Cramps - Pour l'amour d'Ivy").
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Créé le 11/07/2013 06:29:05
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Dessin : Antoine Bouvier
N°63 : 30/04/2010 – Gil SCOTT-HERON: « The revolution will not be televised » (1971)
En 1970, du fond de son manoir anglais, John Lennon chante que le rêve est fini.
Un an plus tard, Gil Scott Heron prévient l'AmériKKKe blanche que la révolution ne sera pas télévisée.
En même temps, Lennon et Yoko se rasent la tête et rentrent dans leur période "Mao", balançant des titres comme "Power to the people", "Woman is the nigger of the world", ou "John Sinclair".
En 1975, on arrête de jouer: Lennon rentre à la maison, c'est à dire au Dakota building, fait un enfant à Yoko (Sean), puis prépare les biberons et même du pain bio. Evolution.
1980: Lennon enregistre à nouveau, le monde de la pop frémit, mais un inconnu nommé Mark Chapman
devient célèbre en collant quatre balles dans le buffet du Liverpudlian exilé. Les télés du monde entier diffusent l'info.The dream is over.
2010: Gil Scott-Heron, toujours debout après une arrestation en 2001 pour possession de drogues, sort un nouvel album, "I'm new here".
La révolution ne se fera pas sur You Tube...
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Créé le 11/07/2013 06:29:18
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Dessins : Christine Brignon / Antoine Bouvier
N°16: 31/09/2008 - HUMBLE PIE "Street rat " (Steve Marriott) - 1975
"Le studio était booké jour et nuit et on était supposé arriver tous les soirs à sept heures. Vers neuf heures, les membres de Humble Pie débarquaient de leurs manoirs rock'n’roll dans l’Essex, mails ils ne foutaient rien tant qu’ils n’avaient pas passé commande et reçu un peu de coke trop coupée. Leur capacité d’attention était inexistante. Steve s’ennuyait dès les premières notes de chaque chanson jouée pour la première fois, boudant comme un cocker cokney coké sans son os…..Il était au sommet de sa défonce paranoïaque autodestructrice. "
C’est Andrew Loog Oldham, qui parle ainsi de l’enregistrement de l’album " Street rats " de Humble Pie, en 1974, et dont il était chargé de la « production ».
Tel quel, ça parait dur et cruel, mais c’est simplement la vérité : Steve Marriott n’avait ni l'envie, ni la force de faire cet album. Fatigué, usé, consumé. Des années de tournées infernales aux Etats-Unis, à jouer un rock de plus en plus heavy, de plus en plus dur.
Parce que c’était ça, la recette du succès : plus vite, plus fort, plus longtemps.
Et tant pis s’il faut prendre ce qu’il faut pour tenir le coup, et aussi pour redescendre, ensuite. Mais lui n’en voulait plus : il avait un projet solo déja bien entamé avec son bassiste, Greg Ridley, et c’est ça qui l’excitait.
Oldham confirme : Les sons que Steve et Greg avaient conçus pour leur projet désormais intitulé "Joint Effort " étaient plus frais, plus vivants et franchement meilleurs que tout ce qu’on a produit chez Olympic pour Humble Pie.
Les bases des morceaux qu’on a enregistrées étaient des plagiats note pour note de chansons des Beatles : " Paperback writer ", " Rain ", " We can work it out ". En gros, Steve essayait de copier John et Paul avec juste assez de variations sur la mélodie et de verbiage en patois cockney déclamé façon James Brown pour faire illusion.
La maison de disques (A&M), elle, voulait encore et toujours du Humble Pie. Et ce fut là le boulot ingrat d’Oldham : se retrouver devant un groupe qui n’existait quasiment plus, avec un leader revenu de tout obligé malgré lui d’assurer un contrat. Et il y mit toute la mauvaise volonté du monde.
L’album " Street Rats " est tout de même sorti en 1975 et n’a pas atteint le top 100, assez injustement d’ailleurs, puisque Oldham réussit tout de même à tirer quelque chose de ces séances orageuses. Dans son bouquin, il écrit : Je l’ai laissé récupérer "Paperback Writer" pour en faire "Street rat"…..
Et on se dit qu’il a bien fait.
Parce que là, effectivement, ça remue. Et pour l'heure c'est le verbe français qui me semble le mieux traduire la sensation de groove qu'évoque ce morceau. De la blue eyed soul, une dernière fois. Pour le reste, tout est dans l’arrogance du titre et la manière dont Marriott crache les paroles. La messe est dite.
Et pour finir, la parole à Mr Oldham, encore :
La dernière fois que j’ai vu Steve Marriott – avant qu’il meure dans un incendie idiot en 1993, en s’endormant sur un mégot allumé – c’était en 1988. Nous sommes descendus au club Dingwalls à l’arrière de Camden Lock pour voir un concert de Stevie avec son groupe. Il avait été star et n’en voulait plus. Il se contentait volontiers de concerts en pub et en club, et n’avait pas envie de retenter l’affaire. Il savait que ça allait le tuer. Il avait pris du poids, perdu des cheveux et avait trouver le temps de s’arrêter pour respirer et se faire du bien. Quand je l’ai pris dans mes bras, j’ai ressenti que l’homme avait du souffle et de la chair et qu’il était dans un état de santé bien meilleur que le petit flacon de coke surtendu qu’il avait été quand il y croyait encore. Il savait toujours jouer et chanter avec le don que Dieu lui avait fait, et il le faisait désormais sans souffrance.
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Créé le 11/07/2013 06:28:36
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Dessin : Antoine Bouvier
N°11: 15/11/2007 – JIMMY CASTOR BUNCH « Troglodyte (Caveman) »
Rhâââ ! Du funk qui tâche, bien poisseux, ça sent la sueur et le sexe : le morceau idéal pour un samedi soir.
Bon, le pitch, comme disait l’autre :
nous sommes aux temps préhistoriques, l’homme des cavernes se fait un peu chier à danser tout seul avec son casque sur la tête, et il se dit que ça serait mieux avec une femme (« Gotta find a woman ! Gotta find a woman ! »). Alors, ni une ni deux, il va à l’endroit ou ça se passe, c'est-à-dire au lac, parce que c’est là que les femmes lavent leurs fringues et se baignent.
Arrivé là, il en repère une et lui dit « Come here ! Come here ! ».
Il l’attrape par les cheveux (c’est un homme un peu frustre, oui), lui dit de bouger son corps (« Move ! Move ! ») ; il a de la chance, car c’est une GRANDE femme, et elle s’appelle Berthe-au-gros-cul (Bertha Butt). Il lui dit alors : « Donne moi tout bébé ! » (« Sock it to me baby ! »). Après, ça dégénère sur fonds de gros glissés de basse à la Larry Graham, cris, râles et autres grognements.
C’est sorti en 1972 sur l’album « It just begun » sur RCA. Je n’ai pas l’album, juste le 45 tours…si quelqu’un veut m’offrir quelque chose à Noël.
Et ce sera tout pour la notice biographique aujourd’hui, si vous en voulez plus, allez sur Wikipédia comme tout le monde.
Mais comme le Rev’ ne se fout pas de votre gueule, vous avez droit à une version live très rare, sortie en 1973 sur un improbable Tribute à Martin Luther King, « Keep the dream alive » (import USA uniquement), ou entre deux bondieuseries et trois préchi-prêcha, le Jimmy Castor Bunch vient foutre son souk, ce qui de manière très audible, réveille une l’audience qui a plutôt l’air de se faire chier GRAVE jusque là.
Vous pouvez aussi écouter la version studio en cliquant sur le lien ci-dessous qui activera le clip-scopitone de l’époque, une kitscherie absolue.
http://www.youtube.com/watch?v=VlRXQEA0yj0
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Créé le 11/07/2013 06:28:29
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Dessin : Christine Brignon
N°24 : 15/12/2008 – THE STOOGES « I wanna be your man »
En 2006, les 3 vieux "crétins" en embauchent un plus jeune pour remettre le couvert.
Des concerts, et puis un disque.
Ceux qui achètent la rondelle numérique vendue sous boiter plastique sont privés
de 4 morceaux supplémentaires qu’on trouve sur l’édition vinyle seulement,
Double album très beau et très sombre, black & white, rock’n’roll.
Parmi ces quatre, une reprise du « I wanna be your man », le cadeau des Beatles aux Stones, en 1964.
Le chaînon manquant, qui abolit la théorie fun mais complètement fausse des gentils Beatles et méchants Stones. En 2006, les Stooges payent leur tribut, et jouent ce morceau avec leurs souvenirs de plus de 40 années, et leurs corps marqués par autant de saisons en enfer.
Le résultat : du brut de pomme joué à 11 sur les amplis, parce que faut pas déconner, si on entend plus grand-chose, autant monter le volume, se passer de la partie de slide parce qu’on pas réussi à refoutre la main sur ce foutu bottleneck, brailler les chœurs comme on peut par dessus le boucan, et tout de même, claquer un solo minimaliste et foutraque, parce qu’on s’appelle les Stooges.
Et puis voilà.
Fuck forever.
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Créé le 11/07/2013 06:28:52
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Dessin : Christelle Wable
N°23 : 05/12/2008 - KING SIZE : "Charlotte" (1998)
"Nous avions pour les hommes une grande tendresse. Nous les regardions tourner dans la cour, à la promenade. Nous leur jetions des billets par-dessus le grillage, nous déjouions la surveillance pour échanger avec eux quelques mots. Nous les aimions. Nous le leur disions des yeux, jamais des lèvres. Cela leur aurait semblé étrange. C'aurait été leur dire que nous savions combien leur vie était fragile. Nous dissimulions nos craintes. Nous ne leur disions rien qui pût les leur révéler mais nous guettions chacune de leurs apparitions, dans un couloir ou à une fenêtre, pour leur faire sentir toujours présentes notre pensée et notre sollicitude."
Charlotte Delbo: "Une connaissance inutile" (Auschwitz et après, tome II)
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Dessin : Christine Brignon
N°76, part 9 : 08/05/12: Françoise Hardy : "I think it's going to rain today" (1972)
C'était pas Sylvie la plus belle, mais carrément Françoise, à tel point qu'on n'imaginait même pas aller danser avec elle...Et puis, elle a chanté en anglais, et avec un accent pareil, pas étonnant qu'il se mette à pleuvoir !
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Dessin : Antoine Bouvier
N°12: 31/08/2008 - LEO FERRE « Richard »
Vous êtes où ?
Mes fantômes, mes camarades, mes amis d’un soir ?
Mon père, mon frère, vous vous cachez là, au creux d’un accord mineur, le rendez-vous des petites gens.
Pas de honte, pas de gêne, c’est l’heure blafarde où l’on se dit tout sans un mot de travers.
Je vous revois tous, l’un après l’autre, en ordre dispersé, tranquillement.
C’est l’heure où il n’y a plus d’heures.
On ne compte plus.
C’est pour rien.
Comme ça.
En vain…
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Créé le 11/07/2013 06:28:31
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Dessin : Yannick Bourg
N°15: 23/09/2008 – DANIEL DARC « Psaume 23 »
Je me souviens de ceux qui trouvaient ça choquant,
d’entendre dire, « le seigneur est mon berger », juste avant un concert de rock.
Je me souviens alors, d’avoir pensé qu’effectivement,
la foi est un scandale permanent.
Je me souviens de Daniel Darc dans une petite chapelle,
à Beauvais, avec son pianiste. Seul. Dans la lumière.
Je me souviens qu’après le concert, je l’ai vu,
et qu’il semblait plus petit que sur scène.
Je me souviens encore d’une autre fois,
où sa loge était grande ouverte à ceux qui voulaient y entrer.
Je me souviens qu’il y avait des enfants,
et qu’il les laissaient venir à lui.
Je me souviens, je me rappelle, que là encore semblant plus petit,
Il irradiait pourtant dans cette pièce, et que l’amour l’entourait.
A love supreme.
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Dessin : Yannick G.
N°51 : 03/01/10: Lightning Hopkins: "Happy new year" (29 juillet 1953, New-York City)
"This is Happy New Year, ain't gonna worry me to death
This is Happy New Year, ain't gonna worry me to death !"
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Dessin : Antoine Bouvier
N°29 : 05/01/2009 - OTIS REDDING & CARLA THOMAS : « New year’s resolution » (1967)
Il y a cette scène, dans « La garçonnière » (1960) de Billy Wilder,
ou l’adorable Shirley MacLaine prend la décision de sa vie aux 12 coups de Minuit du réveillon :
rejoindre tout de suite Jack Lemmon, qu’elle va définitivement préférer à ce grand con de Fred Mac Murray.
(Notez bien que ce n’est pas la taille qui fait le grand con. James Stewart ou Gary Cooper par exemple, ont la tête dans les nuages du haut de leur stature, alors que MacMurray ne sait pas quoi faire de ses grosses paluches et de son immense thorax qui le cloue au sol….)
Mais revenons à Shirley : plutôt que d’être l’amante choyée de son patron (Fred), et de profiter avec lui du luxueux repas de fête qu’il lui offre, elle choisit d’aller partager des spaghettis avec le petit employé qui l’aime, et qui rince ses nouilles à travers une raquette de tennis, faute de passoire. (Jack Lemmon, donc ; un mec qui s’appelle Jean Citrron et devient malgré tout une star mérite tout mon respect.)
Les spaghettis dans la raquette de tennis, c’est un jeu, manger devient ludique, en plus d’être érotique : manger des spaghettis ensemble, c’est presque faire l’amour.
Et la chanson dans tout ça, on s’en éloigne ?
Pas tant que ça : 7 ans plus tard, en énumérant leurs résolutions de nouvelle année, Otis & Carla font l’amour par micros interposés, mais au lieu de pâtes, ce sont des câbles qui les relient.
Bonne année à tous.
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Dessin : Antoine Bouvier
N°52: 10/01/2010 – KAREN DALTON « Something on your mind » (1971)
Il aurait fallut que je te dise toutes ces choses qu’on ne dit pas,
mais tu m’en aurais méchamment voulu, alors.
Peut-être aussi t’aurais je montré ce qui doit rester caché,
et tu en serais devenue aveugle.
Je t’aurais ensuite prise par la main,
pour te faire goûter ce que tu convoitais le plus.
Enfin, nous aurions pu commencer.
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Créé le 11/07/2013 06:29:12
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Dessin : Antoine Bouvier
N°76, part 9: 08/05/12: Françoise Hardy : "I think it's going to rain today" (1972)
C'était pas Sylvie la plus belle, mais carrément Françoise, à tel point qu'on n'imaginait même pas aller danser avec elle...Et puis, elle a chanté en anglais, et avec un accent pareil, pas étonnant qu'il se mette à pleuvoir !
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Dessin : Jean-Marie Arnon
N°35 : 08/02/2009 – « Poison Ivy » (Leiber - Stoller / Rolling Stones)
Lux Interior est mort. A priori, pas d'un excés de strychnine, ni d'un accés de fièvre.
Le primitif, l'homme des cavernes qui portait des lunettes de soleil la nuit n'a jamais montré ce qu'il y avait derrière son masque. Il à pris son TV Set sous le bras et traversé la porte verte pour aller rejoindre les jardins magnifiques.
Là-bas, il continue à agiter ses rockin' bones pour faire la mouche humaine sur la Zombie Dance en concourant avec le God Monster.
Sur qu'il sera pour toujours un loup garou adolescent, et qu'il rocke sur la Lune en faisant le Jungle Hop.
Mais ce qui va lui manquer, c'est son idôle vaudou.
Celle pour qui et avec qui il à tout fait par amour.
Poison Ivy, seule, toute seule...
(Dédié à Alain Feydri, auteur de "Les Cramps - Pour l'amour d'Ivy").
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Dessin : Antoine Bouvier
N°61: 24/03/2010 – ALEX CHILTON: « I remember Mama » (1999)
Voilà comment ça se passe: j'achète il y a quinze jours un album de Chilton, "Loose shoes ans tight pussy", dans lequel il s'amuse à reprendre des standards de soul et de jazz.
La petite histoire dit que la douzaine de chansons a été enregistrée en une nuit à New-York. Et puis, mixée aux studios Ardent, à Memphis, Tennessee. A l'ancienne, quoi.
On est assez loin du Chilton de Big Star, mais on se rapproche du gamin de 16 ans qui chantait "The letter" en 1967.
Et voilà comment ça se termine: Alex Chilton meurt d'une crise cardiaque, à 59 ans, la semaine dernière.
Alors, c'est décidé, je n'achèterais plus que des disques de chanteur mort, comme ça pas de danger qu'ils me claquent dans les doigts et disparaissent dans les étoiles les jours qui suivent..
Même si on ne risque pas d'oublier un type qui chante avec une voix de prêcheur le souvenir heureux de sa maman.
Quand à moi, c'est dit: "I remember Alex Chilton in a happy way".
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Dessin : Antoine Bouvier
N°66 : 08/12/2010 – Cat Power: “ The Greatest ” - (Live, Boston, 2006)
La dernière fois que je l'ai vu conscient, à la maison, il se traînait déjà sur ses jambes violacées.
Mais il avait tenu à m'offrir quelques uns de ses disques avant que je reparte.
La musique, parmi d'autres choses, nous liait.
Et puis ce fut l'hôpital.
A ce moment là, il se trouvait en unité de soins palliatifs.
Il en était à son énième A.V.C et le diabète le rongeait de l'intérieur.
Un jour, dans un service du côté de Sarcelles, après un bon quart d'heure de délire où il s'imaginait être 40 ans plus tôt et à l'autre bout du département, il avait fini par me lancer: "Fous le camp!".
Une autre fois, j'ai vu cet homme qui avait passer sa vie à soigner les gens en tant que médecin,
tenter d’appeler une infirmière, avec une drôle de voix cassée et faible qui se voulait puissante et polie à la fois, comme un petit gars dans le besoin : « Madame ! Madame ! ».
C'était insupportable.
Trimballé de service en service, de neurologie en réanimation, il en était désormais rendu à un corps percé de tuyaux d'alimentation et d'évacuation.
L'horrible horreur.
Enfin, je l'ai vu une dernière fois, à l'hôpital.
« Comment ça va ? » lui demandais je bêtement.
« Tout doux, tout doux » me répondit il, gentiment, dans un souffle.
« Fais attention sur la route », c’est la dernière phrase qu’il m’a adressée.
Et puis, je n'attendais plus rien que l'attente de la mort.
Pour que la vie continue. Et le spectacle aussi.
C'est à dire pour moi, de la musique, des répétitions, et des concerts.
Le jour où l'on m'annonça sa mort, je voulais faire écouter un morceau dont j'étais fou à celui qui fut le pouls, le beat, et donc la vie des dernières années du groupe dont je faisais alors partie: the drummer. (En écrivant ces lignes, je pense à ce titre étrange d'un album d'Ellington: "A drum is a woman"...).
Pour le convaincre de la beauté de cette chanson, je l'entraînais dans une danse étrange, et à posteriori macabre, qui fut interrompue par la sonnerie du téléphone.
La musique toujours, résonnait dans la pièce lorsque j'appris l'issue fatale.
He was the greatest.
A mon père...
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Créé le 11/07/2013 06:29:22
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Dessin : Antoine Bouvier
N°35 : 08/02/2009 – « Poison Ivy » (Leiber - Stoller / Rolling Stones)
Lux Interior est mort. A priori, pas d'un excés de strychnine, ni d'un accés de fièvre.
Le primitif, l'homme des cavernes qui portait des lunettes de soleil la nuit n'a jamais montré ce qu'il y avait derrière son masque. Il à pris son TV Set sous le bras et traversé la porte verte pour aller rejoindre les jardins magnifiques.
Là-bas, il continue à agiter ses rockin' bones pour faire la mouche humaine sur la Zombie Dance en concourant avec le God Monster.
Sur qu'il sera pour toujours un loup garou adolescent, et qu'il rocke sur la Lune en faisant le Jungle Hop.
Mais ce qui va lui manquer, c'est son idôle vaudou.
Celle pour qui et avec qui il à tout fait par amour.
Poison Ivy, seule, toute seule...
(Dédié à Alain Feydri, auteur de "Les Cramps - Pour l'amour d'Ivy").
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Créé le 11/07/2013 06:28:59
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Dessin : Antoine Bouvier
N°70 : 01/07/2011 - FLYING BURRITOS BROTHERS : « Wild Horses » (1970)
Et voilà juillet à nouveau:
"...la froideur du carrelage sur les pieds nus au petit matin, lorsqu'on se levait cet été là, et qu'on mettait sur l'électrophone la galette de vinyle noire, pour faire résonner jusque dans la cuisine l'intro de "Can't you hear me knocking". Les chocos BN trempés dans le café au lait et cette drôle de voix qui chante des histoires de fleurs mortes, de sucre marron et de chevaux sauvages."
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Dessin : Christelle Wable
N°30 : 10/01/2009 - CRACKER : « I hate my generation » (1996)
Ma génération se dit que tous ces réfugiés qui arrivent ici en traversant la mer au risque d’y laisser leur peau feraient mieux de rester chez eux.
Ma génération pense que la Nouvelle Star c’était tout de même mieux que The Voice.
Ma génération estime que la gauche et la droite, ça ne veut plus rien dire lorsqu’il y a urgence pour sauver le système.
Ma génération s’accorde à trouver que Sarkozy est un dangereux mégalo, mais qu’il ne faudrait tout de même pas dénigré systématiquement tout ce qu’il a fait.
Ma génération a renoncé à : fumer dans les lieux publics, boire un verre de trop, se passer de portable, couper la radio, éteindre la télévision.
Ma génération n’a pas connu Mai 68, était trop jeune en 77, mais juge que le Grunge, c’était du réchauffé.
Ma génération est aux commandes d’un monde qui va dans le mur,
mais qui décide de rembourser ceux qui ont oubliés de vérifier le niveau du liquide de freins avant de démarrer.
Je hais ma génération.
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Créé le 11/07/2013 06:28:54
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Dessin : Antoine Bouvier
N°39 : 01/06/09 – KIM FOWLEY: “ The Trip ” - 1965
J’étais à l’autre bout du monde quand tu m’as appelé.
Le soleil ruisselait et pour un peu j’en aurais pleuré, juste une larme, pour passer du Paradis à l’Enfer. J’avais des doutes sur tout et rien ne m’autorisait à penser qu’une fois mort je n’essaierais pas encore de m’enfuir. Le Paysage défilait devant mes yeux et mes pieds s’activaient tout seuls, comme deux petites pieuvres animés. Je me voyais parler et n’entendait rien d'autre que ma respiration. Autour de moi, des hommes tombaient en produisant un bruit mou, et ma montre pendait doucement le long de mon bras.
J’ai frappé à une porte et on m’a répondu quelque chose dans une langue inconnue. J’ai pensé qu’il était bien tard, mais alors un type de la météo m’a dit de ne pas m’en faire, et de ne surtout jamais suivre les consignes.
Alors j’ai balancé la clé et je me suis réveillé.
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Dessin : Jean-Jacques Tachdjian
N°42: 07/09/09 – MATCHING MOLE: “ O Caroline ” (Robert Wyatt)- 1972
Quand j'aurais bu toutes les liqueurs et les vins les plus fins,
fumé tout l'opium de la terre à m'en rouler par terre,
il me faudra encore autre chose.
Je commanderais alors des plats exotiques aux saveurs étranges,
et m'en gaverais jusqu'à n'en plus pouvoir.
Rassasié de graisse et de sucre, j'irais ensuite dans quelque bordel interlope
choisir des femmes aux formes voluptueuses afin de me vautrer sur leurs peaux huilées.
Alors, seulement,
le corps rempli et le coeur sec,
je penserais à toi mon amour.
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Créé le 11/07/2013 06:29:07
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10. Tom Petty and The Heartbreakers "American Girl"(1977) à propos de "Le silence des agneaux" de Jonathan Demme (1990)
21/06/10 - Où est passée Jodie Foster, uh ?
En 1990, avant la première guerre du Golfe, au vingtième siècle donc, elle était l’agent Clarice Sterling, pauvre petite fille abandonnée à la recherche de son père et à la poursuite du crime. Woaw ! Comme ce film nous faisait peur à l’époque, avec son serial killer de la mort, et le Dr Lecter, monstre d’inhumanité qui mangeait ses proies.
Que reste-t-il de toute cette horreur 15 ans après ? Pas grand chose à vrai dire, puisque depuis, le moindre épisode de X files, par exemple, est bien plus trash ou gore que ce film finalement hyper-classique, et c’est tant mieux. Si, tiens, Scully a complètement pompé le look de l’agent Sterling, tout de même...
Ce qui subsiste, en dehors du script original, version édulcorée du roman de Thomas Harris, c’est la caméra de Jonathan Demme qui nous le livre : le regard de Jodie Foster, son accent « plouc » du Sud, l’amour pour son père de substitution, Scott Glenn. On ne voit plus que ça en fait, ce désir qui circule entre elle et lui, cet amour impossible conclu par une érotique et chaste poignée de main.
Depuis, Jodie Foster a tourné dans quelques films (Contact, Maverick, Panic room), en a réalisé au moins un, et puis plus rien. A-t-elle trouvé la paix, ou bien est-elle retournée au silence ?
9. T-Bone Walker "Party Girl"(1952) à propos de "Traquenard" (Party Girl) de Nicholas Ray (1958)
13/06/10 - A première vue, on pourrait sous-titrer l’histoire d’amour entre Robert Taylor et Cyd Charisse « La tête et les jambes ». Une danseuse de cabaret et un brillant avocat, la dialectique parait simple.
Seulement voilà, on est au cinéma, le vieux Nick est à la barre de ce film de commande, et on peut compter sur lui pour brouiller les cartes. Puisqu’il dispose des plus belles jambes d’Hollywood, il va leur opposer celles de Robert Taylor, qu’il va astucieusement affliger d’une patte folle. La belle et la bête, alors ?
Plutôt deux corps qui s’exposent : l’un en dansant sous le nez des hommes, l’autre en affichant son infirmité. Elle gagne sa vie en faisant raquer les mâles, il gagne ses procès en apitoyant les jurés.
Deux corps fatigués aussi. Robert Taylor joue là un de ses derniers rôles, engoncé dans de somptueux costumes sombres, des valises sous les yeux, et de la teinture plein les cheveux. Cyd, elle, est parfaitement conservée, presque momifiée : ses jambes ont l’air d’avoir 20 ans, mais le cœur n’y est plus, et la caméra n’évite pas les rides de son visage.
Film crépusculaire, donc. 1958, c’est la fin de l’âge d’or, la télé qui s’installe, les stars qui déménagent, le cinéma qui perd son temps à courir après.
Nicholas Ray, lui, sait qu’il n’en a plus beaucoup, de temps, et en attendant de jouer plus tard les Fritz Lang de pacotille pour Wim Wenders, il profite encore un peu de ce que le système hollywoodien lui laisse : des miettes.
8. The Jekylls "There's no one around you" (1994) à propos de "Dr.Jekyll and Mr.Hyde" de Rouben Mamoulian (1932)
07/06/10 - C’est quoi l’amour ? Du sperme ou des larmes ? Les deux, bien sûr, dit ce film.
Jekyll est en quête de beauté et d’harmonie, mais Hyde se vautre dans le foutre et le sang, et les deux sont une même personne. En 1932, l’industrie cinématographique laisse encore la bride sur le cou à ses employés : ici, le contremaître Rouben Mamoulian nous parle de schizophrénie, de refoulement, de frustration sexuelle, de pénitence et de rédemption, et ses employeurs (la Paramount) lui foutent une paix royale sur son chantier, tant qu’il ne dépasse pas le budget, et qu’on voit bien les stars.
Fredric March, justement, bellâtre emplâtré semblant tout droit sorti d’un film muet, incarne pourtant parfaitement l’ambiguïté de Jekyll , pétri de bons sentiments, mais pourri d’ambition, gardien des convenances et brûlant de désir pour sa fiancée. C’est le même, méconnaissable, qui joue un Hyde de plus en plus ravagé et monstrueux au fil des transformations , terrorisant littéralement Miriam Hopkins, la tentatrice, d’un simple regard, et finissant par l’étrangler dans un râle quasi sexuel. Ensuite, Jekyll ne retrouvera son visage lisse et lunaire que lorsqu’il sera mort, abattu par la police, et ce, sans une once de morale, sans une quelconque sentence bienséante.
Dix ans plus tard, ce sera une autre histoire. Victor Fleming, empêtré dans le code Hayes et sa censure imbécile, et malgré l’apport de Spencer Tracy et d’Ingrid Bergman, ne pourra éviter l’académisme et l’édulcoration.
The Jekylls: Peter Night s'y cachait....
7. Johnny Cash "Memories are made of this"(1996) à propos de "Comme un torrent" (Some came running) de Vincente Minnelli (1958)
01/06/10 - Il y a des films qui se méritent : celui ci en est un.
Oh je sais bien qu’aujourd’hui, pour autant qu’on bénéficie d'un salaire décent, on est abonné au câble et l’on reçoit tous les classiques du monde sur sa 16/9°, et dans son salon.
Mais, - et c’est là que les clichés ont du bon parfois -, l’argent n’achète pas tout. Pas l’amour, l’amour fou pour la musique, ou le cinéma, ou la littérature, la danse, enfin pour n’importe quelle passion valable. Cette passion qui vous pousse dans les marges, qui vous oblige à chercher, à explorer dans les recoins de la culture officielle, bref à partir en quête. De vous même, la plupart du temps, mais ça, on ne l’apprend que plus tard.
Il y aura toujours, espérons le, des amoureux fous qui parcourront les marges à la recherche de leur passion, quelle qu’elle soit.
Il se trouve que si l’on évoque la cinéphilie, ou la musicomanie (y’a un mot pour le rock ?), on passe très vite pour un vieux con, alors qu’il s’agit de passions adolescentes ou post-adolescentes, et que ce n’est pas parce qu’on peut trouver à peu prés n’importe quel film en DVd que la cinéphilie est morte.
Non, elle le sera le jour ou le dernier cinéphile sera mort, nuance.
« Comme un torrent », donc.
Pff, comment dire ? C’est l’œuvre d’un maître au sommet de sa forme, en pleine maîtrise de son art, sachant suffisamment ruser avec l’industrie du cinéma pour qu’elle soit à son service, et non le contraire.
Comment vous dire que Frank Sinatra est ici comme il n’a jamais été au cinéma : fragile, viril, tendre et violent. Tout ce qu’il y a dans sa voix d’habitude est ici sur l’écran.
Comment vous dire que Shirley Mc Laine trouve là le rôle de sa vie (juste derrière celui de « La Garçonnière » de Billy Wilder), bouleversante, filmée avec tant d’amour, tant d’amour...
Comment vous dire que Minnelli arrive à évoquer la frigidité féminine sans être vulgaire et l’air de rien, en signant au passage une des plus belles scènes de baiser au cinéma (pour sûr, Frank Sinatra sait embrasser)…
Comment vous dire que l’expression « Beautiful loser » a l’air d’avoir été inventée rien que pour Dean Martin dans ce film…
Comment dire toutes ces choses que Minnelli s’évertue à nous montrer ?
Peut-être en se taisant (« He’s full of talk » , dit à un moment Dean le magnifique d’un personnage méprisable), et en se découvrant, comme Dino, encore lui, le fait dans la dernière scène, au cimetière (oui, ce film finit mal) : pour la première fois, il enlève volontairement son chapeau, qu’il ne quitte jamais, même pas pour dormir, même pas pour faire sa toilette.
Et c’est comme s’il offrait tout son respect, comme s’il se mettait à nu après ces deux heures et vingt minutes d’émotion et de beauté pure. Et alors, comme lui, nous avons envie de nous découvrir devant ce chef-d’oeuvre.
Et plus question de gladiateurs, soudain....
PS : « Memories are made of this» fut popularisée par Dean Martin en 1956. Mais on lui préférera la version crépusculaire de Johnny Cash, tirée des sessions American Recordings, dirigées par Rick Rubin. Curieusement, ce qui s’en dégage correspond mieux au personnage joué par Dino dans le film….
Cash, center, in the studio with Tom Petty, left, and Rubin, 1996.
6. Cassius Clay "Stand by me"(1966) à propos de "Gentleman Jim" de Raoul Walsh (1941)
25/05/10 - Gentleman Jim est un film épatant parce qu’il est exactement ce qu’on attend du cinéma : raconter d’une manière vraisemblable une histoire invraisemblable.
Qu’on en juge : à travers son personnage, celui d’un simple employé de banque, Erroll Flynn, (75 kilos tout habillé), va devenir champion du monde de boxe, catégorie poids lourds, face à un colosse de presque deux fois sa taille, dont l’entraînement consiste à tailler des troncs de séquoia à la hache tout en se nourrissant principalement de bière.
Erroll, lui, ne s’entraîne apparemment jamais. Il a beaucoup trop de classe pour ça, et la sueur ne lui sied guère.
Malgré cela, Gentleman Jim battra aisément son adversaire, en quelques 61 rounds, je crois, et épousera ensuite dans la foulée la fille d’un milliardaire de Frisco.
Tout cela est complètement con et parfaitement réjouissant, filmé à toute berzingue et en état de grâce par un des quatre borgnes d’Hollywood, dont la principale tâche consiste ici à s’en tenir au script et à tenir en laisse des acteurs qui ne demandent qu’à en faire de trop.
Et ce qui achève de nous convaincre, c’est la manière dont Erroll Flynn traverse ce film, exactement comme il a conduit sa vie ; dans le rouge.
« Dans le whisky, plutôt », me soufflent les biographes officiels. Mais ces gens-là nous emmerdent.
PS: C’est aussi ce que devait se dire Cassius Clay à propos des journalistes sportifs et des medias américains en général.
Ce qui l'empêchera pas de se convertir à l’Islam, devenir Mohamed Ali, refuser de partir se battre au Vietnam,(« Aucun vietcong ne m’a jamais traité de nègre. »), proclamer à tout bout de champ qu’il est le meilleur, boxer les Beatles et enregistrer sa propre version de « Stand by me ».
Les doigts dans le nez.
Et aussi invraisemblable que cela paraisse, il fut toujours crédible…
5. James Brown "Prisoner of love"(1963) à propos de "La femme modèle" (Designing woman) de Vincente Minnelli (1957)
15/05/10 - Bingo ! C’est ce cher Patrick Brion, la voix du "Cinéma de Minuit", qui me confirme ce que je devinais, dans son gros bouquin consacré à Minnelli : à l’origine, c’est James Stewart qui devait jouer le rôle de Gregory Peck.
Jamais trop aimé l’homme au nom de lessive, espèce de grand échalas qui n’a jamais eu la gaucherie poétique de Gary Cooper ( « …l’homme le plus beau du monde…personne n’osait aborder l’homme le plus beau et le plus célèbre du monde, la vraie bête qui, en ouvrant une porte, paraissait toujours vouloir la dégonder. » J-B POUY in « Je hais le cinéma »), et qui a réussi à plomber un film de Hitchcock (Spellbound) par son jeu empesé et emprunt de psychologie.
Un démocrate bon teint, quoi, une espèce de socialiste, un Yves Montand sans les claquettes.
Mais, bon, il est honorable dans ce film, et après tout, sa balourdise sert bien le propos minellien du moment, à savoir que les hommes sont seulement des marionnettes entre les mains des femmes.
Et autour d’elles, ça défile : journaliste sportif célèbre, producteur de revues, rédac-chef, boxeur sonné, tout ce beau monde s’agite vainement et parle pour rien, tandis que les femmes attendent la fin de l’histoire, c'est-à-dire le pugilat terminal, remporté gracieusement et sans équivoque par le chorégraphe soupçonné (évidemment) d’homosexualité, et qui s’avère être le personnage qui relie ces deux mondes : il sait parler aux femmes et peut aussi clouer le bec aux hommes.
Mais trêve d’analyse (?), il y a des stars (Lauren Bacall, et son maillot de bain jaune, la couleur préférée de Minnelli), des dialogues brillants, du comique de situation (Maxie Stulz, boxeur demeuré qui irradie le film de sa gentille bêtise), un Gregory Peck presque brillant, et le tout en Cinémascope.
Alors finalement ça vaut bien un film de gladiateurs, non ?
PS: « Body and soul » eut été certes un titre parfait pour illustrer ce film.
Mais, au final, on lui préférera le traitement qu’inflige James Brown au sirupeux « Prisoner of love » de Perry Como, transformant un caramel mou en un sucre d’orge enivrant.
Ce qui ressemble fort au bouleversement des valeurs qu’opère Minnelli : désir, amour, sexe et fantasmes chamboulent les règles du monde des hommes.
4. The Morlocks "Teenage head"(2008) à propos de "La machine à explorer le temps", de George Pal (1960)
04/05/10 - Georges est un savant, et il est donc un peu con, comme tous les savants.
Sa névrose obsessionnelle à lui, c’est le temps, et en particulier, le voyage dans le temps.
En dehors de ça, rien ne compte vraiment pour lui, et il est un peu lent à la détente, question sexe et aventures.
Mais bon, le metteur en scène est un pro, sans génie mais efficace, et lui a oublié d’être con.
Par exemple, son héros niaiseux (Rod Taylor, parfait dans le rôle. Souvenez vous, une des rares erreurs de casting de Hitchcock, dans « Les oiseaux »...) étant obsédé par le temps (je vous l’ai déjà dit, je crois), le bon George Pal (c’est son nom, au director) se débrouille pour remplir la baraque du savant de pendules de toutes les tailles, et qui font un boucan d’enfer.
Voilà une belle idée de cinéma !
A part ça, c’est donc très bien filmé, très bien éclairé, avec tout le système de production hollywoodien qui sera bientôt mis au rancart, mais encore tout à fait opérationnel ici.
C’est dire qu’on ne s’ennuie pas une seconde, même avec la face de crétin inexpressive de Rod Taylor, qui a au moins le mérite de ne pas être bourrée des tics de l’actor’s studio.
En guest, la starlette française du moment, j’ai nommé Yvette Mimieux (!) qui joue sans trop se forcer une attardée mentale. Blonde , donc...
Voilà à coup sûr une version nettement plus excitante que le remake récent de Simon West, que je n’ai même pas vu, c’est vous dire...
En plus, les méchants monstres s’appellent les Morlocks, un super nom de groupe, à bien y réfléchir...
...et ils suppléent avantageusement à l’absence de gladiateurs.
Un savant...
Une blonde...
Deux acteurs d'exception !
Une affiche prestigieuse...
Des Morlocks...
DES MORLOCKS!!!
Tiens, d'autres Morlocks...
Des Morlocks musiciens ?
Le chef des Morlocks musiciens...
3. Phil Phillips & The Twilights: "Sea of love" (1959) à propos de "20 000 lieues sous les mers" de Richard Fleischer (1954)
26/04/10 - Autant vous prévenir tout de suite : c’est un film de mecs.
En effet, hormis les deux charmantes femmes de petite vertu aperçues dans la première minute du récit, accrochées au bras de Kirk Douglas, la seule présence féminine du film sera celle d’une otarie élégamment baptisée Esmeralda par notre homme à la fossette qui tue.
Donc, de l’action encore de l’action, et point de grande histoire d’amour en vue, à moins qu’on considère comme telle les relations du grand Kirk avec le pinnipède des mers du Sud, pour le moins équivoques.
Mais qui va s’en plaindre ? Pas nous, d’autant plus que c’est Richard Fleischer qui s’y colle pour la réalisation, et qui tempère drôlement les tentatives lénifiantes de la production disneyenne (l’otarie déjà évoquée), nous montrant clairement sa sympathie avouée pour le diabolique Nemo, magnifiquement interprété par James Mason, beau et dangereux comme un Dieu, face à un professeur Arronnax (Paul Lukas), aussi chiant qu’un instituteur de la troisième République.
En face, il y a donc Douglas père, une espèce de Dionysos lunaire, passant son temps à chanter des rengaines insupportables sur une guitare de fortune, et à picoler de l’alcool à 90° avec son otarie préférée.
Et puis Peter Lorre, au jeu improbable et à l’accent indéfinissable, jamais complètement remis de son interprétation de M le maudit, et qui passera ses 20 années d’exil hollywoodien à endosser des rôles impossibles.
Mais il y a aussi des cannibales, une pieuvre géante, des batailles navales, et le polo marin à rayures rouges hyper sexy de Kirk, le tout filmé en Cinemascope et technicolor.
Un parfait repoussoir pour ceux qui pensent que le cinéma doit absolument véhiculer du vécu, du vraisemblable, du réaliste, bref, que c’est un peu débile d’imaginer un grand singe tomber amoureux d’une poupée blonde, ou bien de voir un clochard prendre la place d’un dictateur .
Conséquemment, deux heures de bonheur pour les autres qui, comme moi, placent « Les Vikings » du même Fleischer au rang de chef-d’œuvre absolu.
Ah ! S’il avait pu réaliser un film de gladiateurs...
2. Little Richard "Tutti Frutti"(1955) à propos de "Predator" de John McTiernan (1987)
20/04/10 - Pendant les trois minutes du générique, Big John passe en revue tous les clichés du film de guerre gros bras-gueules burinées, histoire de bien brouiller les pistes, jusqu’au gros plan sur Schwarzie et au bras de fer ridicule qu’il entame avec un primate de ses amis. On se dit alors qu’on est partis pour une énième connerie guerrière quand soudain Little Richard en pousse un vrai, de cri de guerre, et voilà nos amis les bêtes en train de se maquiller comme des folles excitées dans l’hélico qui les conduit vers la party du soir. Léger décalage. C’est quoi ce bordel, uh ?
A partir de là, c’est la dégringolade pour cette jolie bande de patriotes en goguette, et plus rien ne sera comme avant. Maman, c’est donc ça la guerre ? C’est vraiment dégueulasse, dis donc...
Nous étions partants pour un truc bien codifié comme il faut et voilà que les forces armées occidentales s’en prennent plein la gueule et commencent à douter de tout. Y’a guère que l‘Indien du lot qui flaire quelque chose de pas catholique (hé, hé), et qui va bientôt donner le LA à toute la troupe : retour aux instincts primaires, à la bestialité, et , yes sir, we’re gonna have some fun tonight !
Tant et si bien qu’à la fin, lorsque le bel Arnold se retrouve seul, couvert de boue, partie intégrante de la végétation, et qu’il se colle des peintures de guerre sur la tronche, ce n’est plus du tout pour aller faire la fête aux crypto-communistes, mais pour sauver son cul de petit blanc en allant exploser la tête de l’alien qui commence à sérieusement faire chier son monde, là.
Bon, mise en scène sublime, maîtrise du cadre, sans parler de l’utilisation parfaite du corps de Schwarzie. Il n’est que ça, d’ailleurs, un corps, et il le dit lui même : un objet que l’on jettera lorsqu’il ne sera plus utile.
Voila du cinéma, et voilà un metteur un scène : donnez lui un crétin autrichien musculeux avec deux expressions à son jeu d’acteur (colère, pas colère) et il vous en fait un prédateur ultime, un sauvage magnifique.
Sans être anglophile, on peut tenter l’expérience de la VO sans sous-titres, et ça marche, parce que Mc Tiernan est grand !
Sa mise en scène est tellement parlante, pleine de sens, que les dialogues ont presque inutiles. La scène grandiose à la sortie de la chute d’eau, lorsque Arnold couvert de vase se planque dans les racines et DEVIENT racine à son tour, se passe sans un seul mot, et l’on comprend uniquement grâce aux images que c’est la boue qui le cache au regard du Predator. Et Mc Tiernan autorise Schwarzie à prononcer cette phrase à la fin de la scène, d’une voix complètement atonale, pas jouée du tout : « C’est la boue qui l’empêche de me voir », exactement comme, au temps du muet, on aurait intercalé un carton explicatif
C’est toujours la même histoire, Ford avait su tirer parti de John Wayne, en son temps. Bon, c’est vrai , l’Irlandais savait AUSSI sourire, ce n’est pas négligeable, et il n’a JAMAIS été gouverneur de Californie, c’est appréciable.
Mais bon sang, Mc Tiernan filme le Vietnam, là, carrément, et sa jungle est dix fois plus hostile et inquiétante que celle de « Platoon », tout simplement parce qu’il ne fait jamais appel à la fameuse psychologie (« La psychologie est la mère de tous les vices » Nietzche) qui gangrène ces soi-disant films de guerre réalistes. Et qu’est ce que le réalisme viendrait donc foutre dans le cinéma, dites moi ?
Et en particulier dans un film de gladiateurs...
1. Neil Young & Crazy Horse "Fuckin'up"Bootleg 25 juin 1996 Stockholm à propos de "Year of the Horse de Jim Jarmusch (1997)
06/01/10 - D’abord, il y a ce fantastique fondu enchaîné qu’opère Jim Jarmusch entre deux versions de « Like a hurricane », distantes de 20 ans.
Le message est simple : en dehors des cheveux qui ont raccourci et des corps qui ont grossi, l’intensité est la même, le son est plus puissant, et, miracle, l’énergie est toujours au rendez-vous !
Dés le début, le générique met les choses au clair :
ce film est « fièrement » filmé en super 8, et il est fortement recommandé de « monter le son » !
Alors l’image est granuleuse et la bande son craque, comme un vieux vinyle, mais on se dit bien vite que c’est toujours ainsi que les concerts devraient être filmés, parce que le rock digne de ce nom est une chose rare et précieuse, pas un simple objet de consommation, et que Jarmusch, tel un explorateur ayant découvert l’Eldorado, nous ramène quelques pépites dérobées, des images volées, et des sons oubliés.
Faut-il rappeler les titres de gloire de Big Jim, du rustique « Down by law » à l’élégante épure de « Ghost dog », en passant évidemment par ce « Dead man » qui marqua sa rencontre avec Neil Young, celui-ci signant la musique du film qui allait offrir son dernier rôle à un Robert Mitchum impérial ?
Alors, oubliez tous vos préjugés sur Jarmusch (« le plus européen des cinéastes américains ») et Neil Young (« le plus américain des chanteurs canadiens ») : ici il s’agit d’un groupe de rock filmé par un fan.
Pour s’en convaincre, il suffit de regarder les cinq premières minutes du film : après un simulacre d’interview, les choses sérieuses commencent avec une version hallucinée de « Fuckin’ up », où le vieux Neil, évoluant en bermuda grunge, est enfoncé sur son aile droite par son guitariste rythmique, Frank Sampedro, qui, véritablement déchaîné, lance à plusieurs reprises un majeur bien tendu au public , histoire d’illustrer clairement le propos de la chanson !
Tout le reste est à l’avenant, alternant images d’archives et concerts récents, dans un jeu de ping pong incessant entre le passé et le présent, sorte d’éternel retour électrique et ludique.
Décidément, ce n’est pas l’âge qui compte, mais la rage qui nous dévore encore. Et voir des cinquantenaires faire les cons dans une station service après avoir traité Jarmusch (40 ans passés) de gamin est tout à fait réjouissant.
It’s better to burn out than to fade away….
Plus que jamais, oui.
LES PERSUADEURS 37 4 decembre 2013.mp3
LES PERSUADEURS sur BRAM FM, Èmission n° 37 du 4 dcembre 2013
1- CREEDENCE CLEARWATER REVIVAL: Run through the jungle
2- KID CONGO & THE PINK MONKEY BIRDS: History of the French cuisine
3- THE CRAMPS: Caveman
4- THE GUN CLUB: Bo Diddleys gunslinger
5- WEIRD OMEN: Old car
6- JAMES CHANCE & TERMINAL CITY: The fix is in
7- NICK CAVE & THE BAD SEEDS: Deana
8- THE GUN CLUB: Crabdance
9- JIMI HENDRIX: Little wing
10- KID CONGO & THE PINK MONKEY BIRDS: I dont like
11- THE GUN CLUB: Sex Beat
12- THE CRAMPS: The Crusher
13- DONOVAN: Season of the witch
LES PERSUADEURS 31 11 septembre 2013.mp3
LES PERSUADEURS sur BRAM FM, émission N° 31 du 11 septembre 2013
1- THE DRONES : A moat you can stand in
2- THE ADVERTS : Gary Gilmore’s eyes
3- HANNI EL KHATIB : Family
4- BASS DRUM OF DEATH : Crawling after you
5- THE BAPTIST GENERALS : Dog that bit you
6- DANIEL JOHNSTON : Mountain
7- THE STRYPES : Blue collar Jane
8- BARRENCE WHITFIELD & THE SAVAGES : Oscar Levant
9- HARVAY SCALES : Love it-is
10- JOEY RAMONE : Party line
11- AVONDALE AIRFORCE : Five seconds
12- ALLAH LAS : Long journey
LES PERSUADEURS 30 24 juillet 2013.mp3
LES PERSUADEURS sur BRAM FM, émission N° 30 du 24 juillet 2013
1- LES PATTOS : Family tonight
2- BARE WIRES : School days are over
3- SCOTT MORGAN : Let’s walk together
4- LEE BAINS III & THE GLORY FYRES : Ain’t no stranger
5- POCKEY LAFARGE : Central Time
6- THE STRYPES : Blue collar jane
7- FIDLAR : Max can’t surf
8- MAVIS STAPLES : I like the things about me
9- QUEENS OF THE STONE AGE : I sat by the ocean
10- STAPLE SINGERS : Respect yourself
11- KAP BAMBINO : Batcave
12- BASS DRUM OF DEATH : High school rosches
13- MAVIS STAPLE : Wrote a song for everyone
LES PERSUADEURS 29 10 juillet 2013.mp3
LES PERSUADEURS sur BRAM FM, émission N° 29 du 10 juillet 2013
1 -THE IRRITONES : La France du rock’n’roll est une charogne
2 -EL BARRAW (François Lebas) : As it stands
3 -HOLY CURSE : Died Ugly
4 -NASTY WEREWOLVES : I will
5 -THE PAYBACKS : Just you wait
6 -CORTONA : The Beat ist billig
7 -THE BIRDS : Granny rides again
8 -THE BASICS : So hard for you
9 -GLUECIFER : Black book lodge
10 -J.J JACKSON : Come see me
11 -MARTHA & THE VANDELLAS : Dancing in the streets
12 -BOBBY WHITLOCK : When there’s a will There’s a way
13 -THE OBLIVIANS : Call the police
14 -MUDHONEY : Touch me I’m sick
15 -THE FRENCH FRIES : Danse a la musique
LES PERSUADEURS 28 12 Juin 2013.mp3
LES PERSUADEURS sur BRAM FM, émission N° 28 du 12 juin 2013
1- IGGY & THE STOOGES : Gun
2- IGGY & THE STOOGES : Sex and money
3- THE STOOGES : I wanna be your man
4- THE STOOGES : Little electric chair
5- THE BLACK KEYS : No fun
6- JACK MEATBEAT & THE UNDERGROUND SOCIETY : Hotel Escobar
7- IGGY & THE STOOGES : Job
8- SISTERS OF MERCY : 1969
9- IGGY & THE STOOGES : Ready to die
10- IGGY & THE STOOGES : Search and destroy
11- IGGY POP & JAMES WILLIAMSON : Kill city
12- IGGY & THE STOOGES : DD’s
13- IGGY & THE STOOGES : Unfriendly world
LES PERSUADEURS 27 15 mai 2013.mp3
LES PERSUADEURS sur BRAM FM, émission N° 27 du 15 mai 2013
1- SCOTT MORGAN : Come on baby
2- STEPPENWOLF : Born to be wild
3- DAU AL SET : Autonomy
4- SLAUGHTER AND THE DOGS : Whera have all the good boys gone
5- STARETZ: Duties of love
6- SALLIE FORD: Party kid
7- THE ZODIAC: The fury of Katrina
8- GUERILLA POUBELLE: Demain il pleut
9- OBITS: One cross apiece
10- CLASH: bank robber
11- THE SAD KNIGHTS: Holidays
12- BRAKMARKET: Visible cow
13- BRUCE JOYNER: Invisible smile
14- BLACK JOE LEWIS: Booty city
LES PERSUADEURS 26 01 mai 2013.mp3
-LES PERSUADEURS N° 26 : 01 mai 2013
1- LES OLIVENSTEINS : Fier de ne rien faire
2- RAMONES : It’s not my place (in the 9 to 5 world)
3- BLACK ANGELS : Don’t play with guns
4- BOBBY FULLER FOUR : I fought the law
5- JOHN THE CONQUEROR : I just wanna
6- SAM COOKE : Chain gang
7- ALAN LOMAX’s library : Early in the morning
8- ADRIAN LLOYD : Lorna
9- LEE DORSEY : Workin’ in the coalmine
10- REPLACEMENTS : God damn job
11- VALERIE JUNE : You can’t be told
12- THE SILHOUETTES : Get a job
13- BIG SEXY NOISE : Devil’s working overtime
14- ROLLING STONES : Salt of the earth
LESPERSUADEURS25-03Avril2013.mp3
Èmission n° 25 du 3 avril 2013
La play-list :
1. DAVID BOWIE : Life on Mars
2. DON CAVALLI : Temperamental
3. DANKO JONES : Get up
4. FOXYGEN : We are the 21st century ambassadors of peace & magic
5. THE HANGMEN : Russian roulette
6. PALM : Jerome A.Z
7. BOX TOPS : Soul deep
8. RAY SHARPE : Mary Jeanne
9. TIMMY’S ORGANISM : Cuts on the moon
10. CHICKEN DIAMOND : Country song
11. DEAD HORSE PROBLEM : 21th century sucks
12. LA POSITION DU TIREUR COUCHE : Sinatra
13. GODFATHERS : How does it feel to feel
14. NICK CAVE : Water’s edge
LESPERSUADEURS24-20mars2013.mp3
Èmission n°24 du 20 mars 2013
La play-list :
1. THE MOVE: I can hear the grass grow
2. JACK WHITE: Trash tongue talker
3. MARK LANEGAN & THE BOOTLEGGERS: White light White heat
4. LES THUGS: Waiting
5. RALPH STANLEY: White light White heat
6. PRIMALSCREAM: Nitty Gritty
7. LAUREL AITKEN: Skinhead train
8. RAGGA SONIC: Aiguisé comme une lame
9. NAT KENDRICKS: Do the mashed potatoes
10. WARM SODA: Reaction
11. NICK CAVE & THE BAD SEEDS: Jubilee street
12. MONN DUO: Circles
13. CHRIS ROBINSON BAND: That's how strong my love is
LESPERSUADEURS23-06mars2013.mp3
Èmission n°23 du 6 mars 2013
La play-list :
1-KEVIN AYERS : Don’t let it get you down
2-NADJ : Blade Wedding
3- DEAD HORSE ONE : Cruel water
4- LONDON COWBOYS : Design for living
5-ALAIN CHAMFORT : A droite de Dior
6- DANIEL JOHNSTON : Fish
7-WILKO JOHNSON : Ice on motorway
8- DO THE BLACKOUT : Speedball baby
9-NEIL YOUNG : Cocaïne eyes
10-THE DT’s : Got this thing
11-ROCKET FROM THE CRYPT : Break it up
12-THE REPEATERS : Twilight Bitch
13-DANIEL DARC : ça ne sert à rien
LESPERSUADEURS22-06fevrier2013.mp3
Èmission n°22 du 6 février 2013
La play-list :
1. ROBERT JOHNSON: Come on in my kitchen
2. KITCHENMEN: Thru with you
3. ROADRUNNERS: Behind the door
4. BELLY BUTTON: Chicanos
5. DETROIT COBRAS: Hot Dog (Watch me eat)
6. KING KHAN & HIS SHRINES : Land of the freak
7. CHARLIE MINGUS: Eat that chicken
8. PLASTIC INVADERS: Girl in funville
9. KITCHENMEN: Pheromones
10. KING SIZE: I’m a mover
11. THE BEATLES: Hey Bulldog
12. KID PHARAON & MERRY GO ROUND: Never is never
13. THE SADIES ( + Gary Louris): Lucifer Sam
14. KITCHENMEN: Another Bite
LESPERSUADEURS21-23janvier2013.mp3
Èmission n°21 du 23 janvier 2013
La play-list :
1. Celibate Rifles: Kent’s Theme
2. Bruce & Terry: Summer means fun
3. Stems: Sad Girl
4. Allah La’s: Catamaran
5. Ty Segall: The Drag
6. John the Conqueror: Southern boy
7. Chrome Cranks: Rubber rat
8. H.Burns: Melting Point
9. Buttshakers: feel Good
10. Little Feat: Cold Cold Cold
11. Dr John: I walk on guilded splinters
12. Rolling Stones: Winter
13. D.O.A: War Hero
14. Les Thugs: Stop the War
LESPERSUADEURS20-09janvier2013.mp3
Èmission n°20 du 9 janvier 2013
La play-list :
1. Franck Black: Headache
2. Crocodiles: Electric Death Song
3. Living Things: Bombs below
4. Queen Of The Stone Age: Go with the flow
5. Soundtrack Lawless: Fire and Brinstone
6. Dick Rivers: Attache moi
7. John The Conqueror: Lucille
8. Jack White: I’m shakin’
9. Dandy Warhols: Solid
10. R.E.M: Pop song
11. Sparklehorse: Rainmaker
12. Lime Spiders: Beyond the Fridge
13. Miners of Muzo: The beauty queen of beach rock city
14. Jesus and Mary Chain: My Girl
LESPERSUADEURS19-26Decembre2012.mp3
Èmission n°19 du 26 décembre 2012
La play-list :
1. Cruzaders of Love: I wish Christmas never ends
2. Elvis Costello: Waiting for the end of the world
3. Keith Richards: Run Rudolph Run
4. Thunder Express: Republic Disgrace
5. Dogmatics: Xmas time
6. Ramones: Merry Christmas (I don’t want to fight tonight)
7. The Night marchers: You’ve got nerve
8. Elvis Presley: Santa Bring my bay back to me
9. Beast of Bourbons: Thank
10. Rolling Stones: Everybody needs somebody to love
11. Wings: Mumbo
12. Neil Young & Crazy Horse: Piece of Crap
13. Nino Ferrer: Blues en fin du monde
14. Mick Taylor & Carla Olson: Silver Train
15. Parabellum: Joyeux Noel
16. Against me: Born on the Fm heart
17. Screamin’ Jay Hawkins: It’s Xmas
18. NTM: J’appuie sur la gachette
LESPERSUADEURS18-12decembre2012 .mp3
Èmission n°18 du 12 décembre 2012
La play-list :
1. THE HOP LA: Boum !
2. NEIL YOUNG & CRAZY HORSE: Psychedelic Pill
3. JOHN SPENCER Bsx: Wail
4. BETTY LAVETTE: Thankful n'thoughtful
5. FLAMIN GROOVIES: You tore me down
6. Alejandro Escovedo: Faith
7. Thee Oh Sees: Block of Ice
8. I AM A BAND: The end of a day
9. ROBERT JOHNSON: They’re Red Hot
10. LITTLE BOB STORY: Come see me
11. CUTE LEPPERS: Tribute to Charlie
12. IAN HUNTER: When I’m President
13. BEASTIE BOYS: An open letter to NYC
14. NOIR DESIR: I want You
15. DUNG: Me Wolkswagen is Kuput
16. THE NIGHT MARCHERS: Jump in the Fire
17. CAGE THE ELEPHANT: Aberdeen
18. BIG STAR: Femme Fatale
Èmission n°17 du 21 novembre 2012
La play-list :
1. Action Now: When my Wednesday comes
2. The Hives: Go right ahead
3. The Lyres: She pays the rent
4. Kid Congo: Bo Bo Boogaloo
5. Electro Bamako: The Great Curve
6. N.W.A: Express yourself
7. Neil Young & Crazy Horse: Piece of crap
8. Jim Jones Revue : 7 times around the sun
9. Thee Hypnotics: Tie it Up
10. Diéval: Back to the Graveyard
11. The Cab: Nobody’s fault
12. Easybeats: Good times
13. The Vaccines: I wish I was a girl
14. Band of Horses – Lay Down
15. The Nomads: You won’t break my heart
16. The Out: Who is innocent
17. The Drones: I drink
18. Graham Parker: Everyday I have to cry
19. Thee Oh sees: Block of ice
20. Shirelles Dedicated to the one I love
LESPERSUADEURS12-17septembre2012.mp3
Èmission n°12, du 17 septembre 2012
La play-list :
1. GERARD SOTTO & ORCHESTRE SAMY CATES: Satisfaction
2. NADJ: Da dis drunk
3. JAMES LEG: Drinking too much
4. CHICKEN SNAKE: Back Stabbin’ blues
5. THE MOTHER HIPS: Jess OxOx
6. ROLLING STONES: All down the line
7. DT’S: What’s next to the moon
8. RIVAL SONS: Pressure & time
9. AVENGERS: We are the one
10. JIM JONES REVUE: Get back
11. SIOUXSIE & THE BANSHEES: Christine
12. DISTILLERS: Die on the rope
13. BLACK ANGELS: Watch out boy
14. PJ HARVEY: Rid of me
LESPERSUADEURS16-07Novembre2012.mp3
Èmission n°16 du 7 novembre 2012
La play-list :
1. Drive by truckers: Wednesday
2. Lime Spiders: Weirdo libido
3. Elvis Costello: Sally Sue Brown
4. Betty Lavette: I'm tired
5. Captain Beefheart: Too much time
6. Bjorn Berg: In and out
7. Dimi Dero: Bored
8. I am a Band: Jackson
9. Nino Ferrer: Je veux être noir
10. Red Eye Ball: Gamer rider
11. Magnetix: Drogue électrique
12. Thee Hypnotics: Shakedown
13. Nomads: The bells
14. ChesterfieldKings: Can't believe it (inédit de 1966, aka Get Yourself together)
15. Hangmen: Homesick blues
16. Mott the Hoople: One of the boys
17. Adjusters: Wrong place Wrong time
18. Spiritualized: Hey Jane
19. Bauhaus: Ziggy Stardust
20. Lee Hazzlewood: These boots are made for walking
LESPERSUADEURS14-15Octobre2012Chuck.mp3
Èmission n°14, du 15 octobre 2012
La play-list :
1. LEFT LANE CRUISER: Ramblin’ on my mind
2. L’ORCHESTRE TOUT PUISSANT MARCEL DUCHAMP:
3. JIM JONES REVUE Where da money go?
4. WEIRD OMEN : Lumber Jack
5. BO DIDDLEY : Bo Diddley
6. DUSTAPHONICS: When you gonna learn
7. GIZELE SMITH:
8. LAETITIA SADIER:
9. EDDIE & THE HOT RODS: teenage depression
10. THE EX:
11. DEER HUNTER:
12. PIXIES: Winterlong
13. THE SOUNDTRACK OF OUR LIVES: Throw it to the universe
14. MERRY CLAYTON: Gimme shelter
15. DANIEL DARC: Psaume 23
LESPERSUADEURS15-24octobre2012.mp3
Èmission n° 15 du 24 octobre 2012
La play-list :
1. Strawberry Alarm Clock : Ashburry Wednesday
2. The Soundtracks of our lives: Lost prophets in vain
3. Black Moses: Better Believe
4. Jim Jones Revue: Never Let you go
5. Detroit Cobras: My baby loves Secret Agent
6. Fleshtones: Todos queremos A lupe
7. Nomads : twenty thousand miles
9. Motorhead: Ace of spade
10. Ray Charles: I don’t need no doctor
11. Parabellum: Stand by your man
12. Eddie & The Hot rods: Gloria/ Satisfaction
13. Muddy Waters: Champagne & reefer
14. Movie Star Junkies: Requiem pour un con
15. Mountebank: Rarest
16. Drive Blind:
17. Daria: You are a man
18. Daniel Darc: Les Remords
19. Ray Davis: I’m a lover not a fighter
20. Cage the elephant: In one ear
21. Kenny Price – The shortest song in the world (18 secondes!)
22. Ty Segall: Who are you
23. Undertones: Wednesday week
LESPERSUADEURS13-01octobre2012.mp3
Èmission n°13, du 1er octobre 2012
La play-list :
1. JOHNNY KIDD & THE PIRATES: Shakin' all over
2. DAN BRODIE & THE GRIEVING WIDOWS: Over & over
3. TEENAGE FAN CLUB: Dumb dumb dumb
4. BITTER SWEET KICKS: Bitter sweet
5. MARK LANEGAN: Quiver syndrome
6. LITTLE BOB & THE BLUES BASTARDS: Break down the walls
7. CHICKEN DIAMOND: Teenage werewolf
8. DEITY GUNS: Curious here today
9. BLACK REBEL MORORCYCLE CLUB: Six barrel shotgun
10. TOXIC KISS: Today
11. LYDIA LUNCH: When I get my Cadillac
12. ALEJANDRO ESCOVEDO: This bed is getting crowded
13. BOB DYLAN: Long and wasted years
LESPERSUADEURS11-03septembre2012.mp3
Èmission n°11 du 3 septembree 2012
La play-list :
1. BOB DYLAN : It’s allright Ma
2. BECK : I just started hating some people today
3. CUTE LEPERS : 77
4. MICK MEDEW : Spinning wheel
5. ONLY ONES : Another girl, another planet
6. TRIGGERFINGER: Cherry
7. THE MEMBERS : The sound of the suburbs
8. LES THUGS : As happy as possible
9. HANGMEN: Homesick blues
10. FIXED UP: Who is innocent
11. SONIC YOUTH: ça plane pour moi
12. JON SPENCER BLUES EXPLOSION : Gadzooks
13. STEVE EARLE : Way down in the hole
LESPERSUADEURS10-2juillet2012.mp3
Èmission n°10 du 2 juillet 2012
La play-list :
1. RICHARD THOMPSON: Danny Boy
2. DIGGER & THE PUSSYCATS: Thanks a lot
3. LESLEY GORE: Danny
4. SCREAMING TRIBESMEN: Ice
5. GENE VINCENT: Rolling Danny
6. FLASH EXPRESS: Bam bam monster Jam
7. RAMONES: Danny says (demo)
8. JJ BURNEL: Un jour parfait
9. TURTLES: Surfer Dan
10. ADOLESCENTS: NO way
11. FLEETWOOD MAC: Danny’s chant
12. HITS: Sometimes…
13. THEE MICHELLE GUN ELEPHANT: Danny Go
14. JOHNNY CASH: Danny Boy
LESPERSUADEURS09-18Juin2012.mp3
Èmission n°9 du 18 juin 2012
La play-list :
1. PRATT & McLAIN – Happy Days
2. JOHN DOE – Never Enough
3. BABY WOODROSE – Cherry Bomb
4. DR JOHN – Eleggua
5. HENRI ROLLINS & HARD-ONS – Let there be rock
6. ALABAMA SHAKES – Heavy Chevy
7. RED EYE BALL – A prix discount
8. TOM JONES – Evil
9. KITCHENMEN – Another Bite
10. DARIA – Bridges
11. LEAVING TRAINS – Favorite Bar
12. GALLON DRUNK – You made me
13. JOHAN ASHERTON – Famous last words
LESPERSUADEURS08-4juin2012.mp3
Èmission n°8 du 4 juin 2012
La play-list :
1 DICK RIVERS : Maman n’aime pas ma musique
2. ROLLING STONES: Mother’s little helpers
3. MARTHA VELEZ: Tell Mama
4. Mr ROUX: Ma mère la pute
5. FOUNTAINS OF WAYNE: Stacy’s Mom
6. KING SIZE: Mummy
7. WILSON PICKETT: Mama told me not to come
8. STRANGLERS: Homework
9. BERURIER NOIR: La mère Noël
10 NEIL YOUNG & CRAZY HORSE: Wellfare mothers
11. BEASTS OF BOURBON: Psycho
12. MOTHERS OF INVENTION: Motherly love
13. ARNO: Les yeux de ma mère
14. FOXBORD HOT TUBBS: Mother Mary
LESPERSUADEURS07-28Mai2012.mp3
Èmission n°7 du 28 mai 2012
La play-list :
1. JEAN YANNE: Coït
2. MUDDY WATERS: I just want to make love to you
3. HANK BALLARD: Work with me Annie
4. THE WHO: Pictures of Lily
5. ANDRE WILLIAMS: You got it, I want it
6. THE TROGGS: I want you
7. THE BEATLES: Why don’t we do it in the road?
8. DAVID BOWIE: Let’s spend the night together
9. IGGY & THE STOOGES: Penetration
10. THE CRAMPS: Journey to the center of a girl
11. BUZZCOCKS: Orgasm addict
12. O.T.H: Le sexe prime
13. TURBONEGRO: I got Erection
14. NTM: Ma benz
15. NADJ: Là
16. JOHN LENNON: Real love (demo)
LESPERSUADEURS06-07Mai2012.mp3
Èmission n°6 du 7 mai 2012
La play-list :
1. Alice Cooper : Elected
2. Fugazi : Merchandise
3. Devo : Satisfaction
4. Lea Roberts : Allright now
5. Social Distortion : Hard times and Nursery Rhymes
6. Arthur Conley: Funky street
7. Pixies: Gauge away
8. Paul McCartney: Smile away
9. Beast of Bourbons: I told you so
10. Bare Wires: Don’t ever change
11. I am a band: The end of the day
12. Beastie Boys: Time for living
13. Andre Williams: It’s a long way to the top
14. Nick Cave & Shane McGowann : What a wonderful world
LESPERSUADEURS05-23Avril2012.mp3
Èmission n°5 du 23 avril 2012
La play-list :
1. THE RAMONES : Do you remember rock'n'roll radio
2. GODFATHERS: Unreal world
3. CAGE THE ELEPHANT : 2024
4. BLACK DIAMOND HEAVIES : Take a ride
5. PRIMA DONNA: Maxine
6. HOODOO GURUS: Miss free love '69
7. STRANGLERS : London lady
8. HELLACOPTERS : Gimme shelter
9. KEVIN K : She is no fun
10. DESMOND DEKKER : israelites
11. FRANDOL : A la masse
12. METAL URBAIN : 50/50
13. THE DECLINE : Always fun
14. NEIL YOUNG : Rockin’ in the free world
LESPERSUADEURS04-9Avril2012.mp3
Èmission n°4 du 9 avril 2012
La play-list :
1. BARRACUDAS : Summer Fun
2. JESSE MALIN : Don't let them take you down
3. CORLEONE : King Size
4- KING SIZE: Another World
5. SPARKLEHORSE: Rainmaker
6. TOM ROBINSON BAND : Ain't gonna take it
7. PARABELLUM: le Coeur à gauche, la main à droite
8. ETTA JAMES : Security
9. 101ers: Keys to your heart
10. STRANGLERS: Duchess
11. CHUCK PROPHET: Castro halloween
12. JULIEN COVEY: A Little Bit Hurt
13. ANGRY DEAD PIRATES: Happiness
14. SUPERGRASS: The Loner
15. NICK CAVE: Death is not the end
LESPERSUADEURS03-26Mars2012.mp3
Èmission n°3 du 26 Mars 2012
La play-list :
1. CURTIS KNIGHT & JIMI HENDRIX : Gloomy Monday
2. JOAN JETT : Don’t Abuse me
3. LES VINCENTS : J’ai préféré boire
4. MOJO NIXON : Don’t ask me why I drink
5. PORTOBELLO BONES : Dad my teacher ( Le choix de Fulton !)
6. J.GEILS BAND : Funky Judge
7. SPITZ : All I want
8. BELL RAYS : Black Lightning
9. CHUCK PROPHET : Play that song again
10. SEX PISTOLS : Did you no wrong
11. SEXAREENOS : Everybody Sexareenos
12. NADA SURF : Clear eye Cluded mind
13. SHANGRI LAS : Remember (Walking in the sand)
14. STARSHOOTER : Quelle crise baby !
LESPERSUADEURS02-12Mars2012.mp3
Émission n°2 du 12 Mars 2012
La Play-List :
1. ROCK'N'ROLL SOLDIERS - Anthem
2. WILCO : Monday
3. REIGNING SOUND - Lyin'girl
4. ROLLING STONES : Tallahassee Lassie
5. ELECTRIC EEL SHOCK: Rock'n'roll can rescue the world
6. WARLOCKS : Shake the dope out
7. DRIVE BLIND : Wrecking
8. ASPHALT TUAREGS : The worst is to come
9. IKE & TINA TURNER : Contact High
10. BIONIC : Nobody to blame
11. KING CURTIS : Do the monkey (Fais le singe !)
12. DECLINE OF THE REPTILES : Where the action is
13. GUN CLUB - Sex beat – (Special remix Danny Wild !)
LESPERSUADEURS01 27Fevrier2012.mp3
LES PERSUADEURS sur BRAM FM, émission N° 1 du 27 février 2012
1- THE DOORS : « The changeling »
2- RONNIE SPECTOR : « You can’t put your harms around a memory »
3- BARRENCE WHITFLELD & THE SAVAGES: “ Ramblin’ rose”
4- BLACK KEYS : “ Gold on the ceiling”
5- GABBA HEYS : “ Loosing control”
6- SALUT LES ANGES : “ Salut les anges”
7- SLOW JOE & THE GINGER ACCIDENT : « Money mama »
8- THE NOMADS : “ Holy head”
9- DIEVAL & THE PROPULTIONS : “ Double chocolate”
10- DETROIT COBRAS : “ Cha Cha twist”
11- CHIS BAILEY & H.BURNS : « Visions of Madonna »
12- PHOEBE KILLDEER : “ Scholar”
13- SCUBA DRIVERS : “ Sweet Nuthin’”
Je me suis réveillé avec un goût de cendre dans la bouche.
Peut-être les abus de la veille, du rhum arrangé, ou bien la goutte locale, ou bien les deux...
L'alcool vous prend exactement autant qu'il vous donne. Du commerce équitable, en somme. L'élastique du temps qu'il contribue à détendre agréablement le soir vous revient le lendemain matin en pleine poire (non, c'était de la pomme); ça picote les yeux. Et la tête. Alouette.
Bon, ça commence mal: un goût de cendre dans la bouche, et j'apprends que le véritable nom de Barrence Whitfield s'avère être Barry White. Mal barré pour le rock'n'roll, avec un blaze pareil...
Mais pour l'heure, un gant de toilette sur la langue et "You're the first, the last, my everything" dans la tête, je me traîne jusqu'à la boutique.
Là-bas, dans ma caverne, mon colis de nouveautés n'est pas arrivé, le coca light est tiède, et à côté de la cafetière je découvre une pomme à moitié rongée par ce qui semble être une souris.
Au moins, l'angoisse du rongeur souterrain me tient à demi éveillé...
Le rock'n'roll est un sacerdoce, il y a des jours de doute et de quasi renoncement: c'en est un, l'après-midi va être longue, me dis-je. Une crise de foi.
Est ce que Bernadette avait autant picolé que moi la veille de l'apparition de la vierge à Lourdes? Je sais pas, mais dans ma grotte, je vois soudain débarquer Barrence et ses Sauvages, mené par le disciple Tom, leur road manager. Et en plus, Barry White est black.
Je lape une lampée de Cola chaud, je me pince, et je sers des louches: mince, ils sont bien réels, les américains sont à Tulle, venus tout exprès libérer mon cerveau des brumes de l'oppression cafardeuse et éthylique!
Et Barrence cherche un disque, ça tombe bien, il est au bon endroit.
De Johnny Hallyday.
Jean-Philippe Smet, le belge franco-suisse?
Oui, mais l'album où figurent Steve Marriott et Ronnie Lane, en rupture de Small Faces....
Ah, d'accord, je comprends mieux, celui avec "Je suis né dans la rue" et "Voyage au pays des vivants",
et la photo intérieure ou le chanteur pas encore abandonné et son groupe posent, peinturlurés et hagards, complètement défoncés. Pas vraiment l' ambiance Optic 2000, quoi, plutôt le rock'n'roll circus.
"It's hard to find in America" me glisse Barrence.
Tu m'étonnes...
Oui, mais ici c'est la France Libre, et tout est possible, même de voir un noir américain hocher de la tête sur des vers comme "Le jour de ma naissance, un scarabée est mort, je le porte autour de mon cou!", et crier immédiatement: " I buy it !!!"
Pour le reste, c'est plus prévisible: Tom Quartulli enrichit son jeu de sax avec un DVD live de John Coltrane, Peter Greenberg, guitariste et producteur du dernier album, rafle deux singles des Kinks et un autre de Slade, et Phil Lenker le bassiste, un Ten Years After et un Troggs.
Andy le batteur, lui, prend une bière. Normal.
Je l'avais vu il y a quelque mois accompagner le Révérend (un collègue) James Legg dans un petit bar de Brive. il ne se souvient pas de moi, mais parfaitement de la soirée qui doit rentrer dans un de ses records éthyliques, et surtout, surtout, il se rappelle très bien de l'Agent Secret qui déboule pour les mitrailler devant la vitrine, à sa grande joie. Cruelle injustice exercée par l'attirance entre les sexes opposés...Curieux de voir comme soudain tout le monde prend la pose avec beaucoup d'enthousiasme: le rocker est vénal et parfaitement stupide, deux qualités intrinsèques à son artisanat primitif, et c'est exactement ce qu'il me faut aujourd'hui. De voir cette bande de quadras exilés faire gentiment les cons comme à 16 ans me redonne immédiatement le supplément d'âme qu'il me fallait pour tenir jusqu'au soir.
En mission pour le seigneur, à nouveau!
L'après-midi passe donc comme dans un Rev', un long tunnel de musique électrique menant jusqu'à la salle ou le groupe entame une version rampante de "Rambling Rose", calquée sur celle de Jerry Lee, bien sur.
Une heure et dix huit morceaux plus tard, le set s'achève sur "Walking with Barrence" et on ne demande que ça, de le suivre.
Ce que l'on fait, jusqu'au bar, où je retrouve Peter Greenberg qui cherche désespérément un bon whisky pur malt et trouvera à la place une bouteille de Médoc. Bonne pioche.
Je lui confie que j'ai adoré son son de guitare, rêche comme une bûche de bois sec. Le son d'une vie.
Et que j'aime son style, dépouillé et sobre.
"My style is sloppy", me répond il. Et il m'explique qu'il fait exprès d'entretenir ce jeu "relâché", parce que ce qu'il aime dans le rock, c'est l'imprévisible. Provoquer l'accident, ne jamais savoir à l'avance ce qui va se passer....
Ah, le saint homme! Qui a poussé le vice jusqu'à arrêter de jouer pendant 20 ans pour conserver ce jeu balbutiant....
Mais bon, assez causé musicologie, ce soir c'est la fin de leur tournée européenne, Tom danse sur le bar, les organisateurs sortent le plateau de fromage et de charcuterie, et le mot de la fin revient à Andy le batteur qui lorsque je lui dit au revoir en lui souhaitant bon voyage me dit d'un air abattu:
"I don't want to go home.....I hate America!"
Photos: Secret Agent
AVANT :
Barence Whitfield
Peter Greenberg
Phil Lenker
Andy Jody
Tom Quartulli
Peter Greenberg
Barrence Whitfield & The Savages
PENDANT :
APRES :
Ça fait drôle de retrouver Jim Jones Revue à Beauvais, prés de chez soi.
On s’est tellement habitués à faire en moyenne 500 bornes pour aller les voir que c’est presque gênant de les savoir si près. De ne pas devoir payer le prix suffisant, le rituel, le sacerdoce.
S’enfiler des bornes sur des autoroutes hors de prix, se taper des festivals à la programmation consensuelle et chiante, subir des premières parties hors de propos.
Celle de ce soir là ne l’est pas dans la forme, mais dans le fonds, si. Un duo guitare-batterie codifié bien comme il faut avec la référence grosse comme une montagne aux Black Keys. Mais, comme on dit, c’est une montagne qui accouche d’une souris.
C’est juste qu’on est pas venus pour ça, on est venus voir la messe, nous. L’Agent secret est déjà dans la place depuis l’après-midi; soundcheck avec la Revue donc, et repas aussi.
Scoop : pendant les balances, les J J sont habillés à peu près comme tout le monde, sauf Jim qui arbore tout de même un joli foulard au dessus de son pull.
Confirmation : comme tous les groupes qui tournent beaucoup, ils supervisent tout et se prennent la tête avec les techniciens locaux qui tiennent absolument à mettre des compresseurs partout et à bien faire fonctionner leur limiteur à 105db.
Vive la France.
Résultat, le son du concert sera très pénible, le sonorisateur essayant vainement de faire sortir la voix, un solo de guitare ou de piano, à travers un système de son carrément bridé.
D’où des crêtes brutales qui auront fait fuir une partie du public, celle là même qui dira ensuite que c’est la faute du groupe.
Que nenni : si l’on se colle à la scène, là ou ça se passe, le son est correct, bien fort comme il faut. Manque juste la voix, puisque le technicien retour ne veut absolument pas monter le potentiomètre du volume.
Vive la Picardie.
On rentre donc frustrés, mais toujours confiants.
Le lendemain, c’est la Champagne, à Reims, et on retrouve nos rituels chéris.
Faire un aller-retour de 400 bornes dans la même soirée, voilà, c’est comme poser un cierge à l’église et réciter 15 pater à genoux.
Et puis, est ce le champagne offert par le président Jack ou le concert en demi-teinte de la veille, mais toujours est-il que ce soir, Jim Jones tient sa revanche et ne la lâche pas, sortant le grand jeu, et laissant la salle à genoux.
L’Agent Secret félicite ses protégés, la sœur du Mécontent danse le stroll, et le Président Jack arrose tout le monde.
Pénitence et rédemption, doute et confirmation, crainte et tremblement, c’est beau comme du Kierkegaard.
Vive le rock’n’roll.
Photos : Secret Agent
Il fait chaud comme en enfer.
Il n'est pas venu seul.
Ses frères l'accompagnent.
Une drôle de gargouille se contorsionne sur un instrument bizarre.
Et ça valdingue dans tous les sens.
Et ça balance dans tous les coins.
Puis vient le diacre. Bloodshot Bill, qu'il s'appelle.
Sa voix se tord, il est possédé, sa bouche crache des crapauds.
Mais l'homme en noir revient, plus grave encore.
Il a quelque chose d'important à nous dire.
Il invoque, il sermonne, il prêche, il convoque les anges.
Il ne nous voit plus, il communie, seul.
On est bien.
On attend.
Le feu de Dieu se déchaine, alors.
Et soudain, l'homme en noir reçoit la lumière...
..et puis il nous laisse là....so loveless!
"They call me the loveless,
I'm a mean son of a bitch!"
'"They call me the heartless,
Baby I don't really give a shit!"
Photos: Secret Agent
Guide spirituel: President Jack
Le concert du mois
A Périgueux (Dordogne), précisément. Hier, c’était Rennes, demain, ce sera Bilbao. A Hard working band, comme on dit.
L’Agent Secret, qui les a déjà repéré à Tulle (Corrèze), m’intime donc l’ordre de faire les 600 kms de déplacement, une broutille par rapport à leur infernale tournée européenne.
L’équation est simple : 7h00 de route pour un shot de rock’n’roll pas plus long qu’une mi-temps de football, mais nettement plus intense que l’intégralité de la tournée mondiale de U2 en cours.
On arrive donc juste à temps pour la première partie, un quarteron de suédois qui enfile péniblement les recettes éculées d’un hard rock seventies à la Humble Pie, mais sans le talent et la dimension tragique d’un Steve Marriott. Et ce n’est pas les imitations à répétition de Wayne Kramer par le second guitariste qui y changeront quelque chose…
On s’ennuie, mais ça fait monter l’excitation. Mi-temps, pause bière au bar.
Retour dans la salle. « You-ou, Rupert ! ».
C’est l’Agent Secret qui s’adresse ainsi au guitariste de Jim Jones en train d’installer son matos.
Ah, Rupert ! Vous voyez Fonzy dans Happy days ?
Eh bien, c’est le même, mais avec 30 cm en plus (non, pas là ou vous le pensez…).
Rupert est bien élevé, il dit bonjour.
Le pianiste arrive lui aussi. Elliot, qu’il s’appelle. Incorruptible donc, mais pas jusqu’au point de boire de l’eau. Lui passera le set entier debout devant son piano, sans pour autant évoquer un quart de seconde Michel Berger.
Tiens, voilà le bassiste. Ce cher Gavin s’est manifestement fait une couleur : noir corbeau. En plus, il s’est collé du rimmel autour des yeux. Très gothique, ce soir. Une sorte d’Elvis, sans le beurre de cacahouète sur les hanches. Nettement plus sulfureux que le couineur de Placebo, aussi. Les quelques gamines présentes ne s’y trompent pas, et n’auront d’yeux que pour lui.
Mais c’est vrai que les autres font un peu plus peur.
A commencer par Jim Jones himself, qui en guise de bonjour, pousse un hurlement dans le micro.
Signal du départ pour trois quarts d’heure d’électricité sensuelle, de rythmes vaudou, et de transe-sexuelle.
Ça commence par le bien nommé « Rock’n’roll psychosis », et ça finit en rappel par une reprise du « New Orleans » de Wilson Pickett.
Entre temps Jim Jones (méfiant ce type : il a collé son frangin Nick à la batterie, comme ça il n’a pas à surveiller ses arrières..) aura demandé vainement plusieurs fois de monter la guitare en retour, pour finalement planter son micro chant dans l’ampli de Rupert.
Comme ça, on l’entend, la guitare.
Backstage, il nous dira qu’il n’était pas très en forme ce soir.
Mince, alors.
Note technique : le bassiste joue sur une demi-caisse qui ressemble à une Epiphone mais bon le principal c’est :
-qu’elle est belle
-qu’il la porte bien
-qu’il sait la maltraiter avec douceur.
Allez en paix.
Photos: Secret Agent
Le concert du mois
« Evreux, c’est la porte à coté », me dit l’Agent Secret qui les a déjà shooté avec son objectif à Périgueux en 2007.
A l’Abordage, donc !
C’est le nom de la salle, mais surprise, ils jouent dans le club, sorte de café concert cosy.
Ça vaut mieux d’ailleurs vu la petite assemblée qui attend devant la porte. Une bonne cinquantaine de personnes, voilà ce que peut ramener un groupe fabuleux mais sans concession, un samedi soir dans la préfecture de l'Eure. Et encore je compte parmi eux l’équipe de la salle et 3 membres des Drones qui sirotent leur bière et fument leur clope dehors. Manque le chanteur, qui parait-il est malade.
C’est peut-être pour ça qu’on a du mal à entendre sa voix quand le concert démarre. Mais c’est aussi parce que ça joue fort, très fort. Ça crache.
Le chanteur aussi d’ailleurs, qui balance régulièrement de jolis glaires, manquant de peu d’en faire profiter le public, voir aussi son propre batteur. Un de ses glaviots va finalement s’accrocher au plafond, pour ensuite s’étirer en un joli filet de bave qui va descendre jusqu’ aux pieds de la bassiste un quart d’heure plus tard.
Il s’en passe des choses.
Malgré son état, Gareth chante comme un possédé et se soigne à grands coups de whisky, discrètement dissimulé dans un gobelet à bière. Depuis 2 ans, tous paraissent maigris, sauf lui qui aurait du mal à être plus mince.Ça ne les empêche d’être beaux comme des Christ et de produire une musique à la croisée du Crazy Horse, de Nick Cave et parfois de Quicksilver.
Le batteur a un jeu absolument étonnant, toujours à l’écoute des autres, jouant d’une main, balançant des pêches là ou on ne les attends pas, et surveillant du regard un type qui a ramassé une de ses baguette envolée, jusqu’à ce qu’il la lui ramène. La bassiste, Fiona, porte une robe qu’elle semble avoir emprunté à Laura Ingals, joue pieds nus, et tourne systématiquement le dos au public. Le second guitariste lui, ne va rien trouver de mieux que de s’ouvrir la main en plaquant l’accord de fin du troisième morceau, histoire d’ajouter un peu de sang à la sueur, et d’être en symbiose avec son chanteur, Gareth, dressé vers son micro, tétanisé, éructant des chansons aux textes les plus sombres les uns que les autres.
Mais Les Drones ont un plan : éradiquer l’humanité par la propagation de la grippe A. Ils sillonnent donc le monde pour faire circuler le virus à coups de crachats anodins.
Hier l’Angleterre, demain l’Allemagne, personne ne sera épargné.
D’abord la surdité, ensuite la contamination.
Peut-être pour ça qu’ils chantent des trucs aussi triste que « Your acting is like the end of the world », et qu’ils s’en vont tout de suite après le dernier morceau, sans un mot.
Ce qui n’empêche pas l’Agent Secret d’aller se faire dédicacer son disque et d’envoyer même Michael, le batteur, à la recherche de Gareth, certainement effondré quelque part, afin que lui aussi appose sa griffe.
Mission accomplie. « C'était bien, hein ! », hurle l’Agent Secret entre deux quintes de toux dans mon oreille droite, celle qui saigne. Pour sur : tant qu’on est malades, c’est qu’on est pas encore mort.
Photos: Secret Agent
(qui a fait tout ce qui était en son pouvoir malgré l'éclairage défaillant...)
Le concert du mois
Oui, trois fois oui.
Mais, face à la défection de l'Agent Secret, il me faut au moins la compagnie du président Jack pour affronter ça.
Ça : une fin de dimanche pluvieux à Chaulnes (Somme), dans une salle des fêtes à l'esthétique soviétique ou va venir s'échouer un ange déchu.
Président Jack : veste de velours rouge, chemise blanche cintrée, foulard de soie, pantalon noir étroit, boots de rigueur. Et puis, les hommes du président: musiciens de contrebande, flibustiers de la brocante, pirates collectionneurs, corsaires sans foi ni loi en quête éternelle de leur jeunesse. Ils sont venus, ils sont tous là, tels des gamins dans une cour de récré, des enfants de 40 ans et plus, définitivement passés dans le camp des indiens ou des voleurs....Et ça cause trésors de guerres: les disques rares, les trophées arrachés au passé, les concerts de légendes, les cicatrices au coeur.
On ne réalise pas encore qu'on va voir tout à l'heure un bout de légende, un Rolling Stone, et pas n'importe lequel, celui qui illumine "Get yer ya ya's out", transcende "Sticky fingers", soutient "Exile on main street", sauve "Goat's head soup" et conclut la face 1 de "It's only rock'n'roll" par ce "Time waits for no one" dont les Glimmer Twins lui voleront la paternité. Une petite escroquerie de plus à leur tableau de chasse...
Mais, ce soir il n'y a pas de place pour les intrigues d'adultes: on est là, entre nous, à vouloir juste conserver le goût de l'enfance, la froideur du carrelage sur les pieds nus au petit matin, lorsqu'on se levait cet été là, et qu'on mettait sur l'électrophone la galette de vinyle noire, pour faire résonner jusque dans la cuisine l'intro de "Can't you hear me knocking". Les chocos BN trempés dans le café au lait et cette drôle de voix qui chante des histoires de fleurs mortes, de sucre marron et de chevaux sauvages.
C'est pour tout ça qu'on est venus, alors, on n'a pas trop le coeur à supporter la première partie, un autre revenant, Joël Dayde. Oui, celui là même qui beuglait "Mamy Blue" et se fit coiffer sur le poteau par Nicoletta dans sa course au hit.
La totale, donc; Joël Dayde à l'heure de l'apéro joue "Rock me baby", et de loin, il ressemble même vaguement à B.B King. Mais derriere le bar la friteuse s'est mise en route, alors difficile dans ces conditions de s'émerveiller devant quelqu'un qui essaie juste de faire correctement son boulot.
Les odeurs de fritures et la variété française, c'est bien, mais ça nous éloigne un peu de l'arome de café et du rock'n'roll, de ces petits matins ou l'on apprenait le monde, les aurores boréales et le gai savoir.
Et c'est ça qu'on veut revivre, indéfiniment. L'éternel retour, oui. Celui du Nietzsche qui veut inventer sa vie, devenir italien parce que ça lui chante et dire merde à Wagner parce que ça l'emmerde.
Nous aussi, il y a longtemps, avions choisit une autre vie, et depuis, nous sommes comme en exil dans notre propre pays. Ce soir, on rentre à la maison, et on vient voir un de ceux qui nous a appris à dire oui à la vie et non à la mort. Jusqu'à en crever, s'il le faut.
Mick Taylor, l'angelot blond des Stones, il est où ?
Non, c'est pas lui là, si ? Ce type bedonnant, pataud, bouffi? Où est passé l'angelot ? Il est toujours là, quelque part. Dans sa tête, dans ses doigts.
On ferme les yeux, et le miracle opère, on entends les guitares de Sticky Fingers, alors on rouvre les yeux et, au bout d'un moment, c'est comme si on voyait l'être: Mick Taylor, c'est être-ange, me soufflera quelqu'un.
Et puis en rappel, après une bonne heure d'un concert parfois longuet mais avec des fulgurances inouïes, voilà le cadeau, voilà la source, voilà la clé: il fait "No expectations", et c'est aussi inattendu que magique. Là, pendant cinq minutes, on touche du doigt l'esprit des Stones, ce qu'on n'aura jamais en allant voir les autres capitaines d'industrie jouer au Stade de France.
D'un seul coup, nous, la tribu, la bande, sans se concerter, on se rapproche, on se retrouve côte à côte, on se regarde, et on sourit bêtement.
Et puis c'est fini.
On est bien.
On attend.
Il arrive, et la grappe humaine l'entoure, pour lui faire signer des disques, des tickets, des K7, un paquet de tabac à rouler (!), des guitares...
Et puis il s'en va, comme il est venu.
Une apparition.
Alors on se dit bonsoir, mais juste avant de se quitter, Président Jack et moi,
on se dit comme ça que décidément, oui, My Taylor is rich !
La Chanson du jour
Mark E.Smith, l'homme qui a baptisé son groupe " La chute", gueule cassée et diction pateuse, marmonne qu'il entend l'herbe pousser et ça semble le déranger tout ce boucan printanier, au fond du cerceuil dans lequel il aime à se reposer.
Le post-punk, c'est mortel.
Les votres, les miens, ceux des autres....et pourquoi pas un canasson, tiens ?
Une introduction à la basse, une voix de spectre et des souvenirs à la pelle :
rien de mieux pour attendre le glorieux été....
il emporte enfin tous les nuages avec lui.
Ici les anglais de Manfred Mann sonnent bizarrement comme les canadiens du Band reprenant Dylan, et on croirait presque entendre Richard Manuel nous décliner la météo, de sa voix d'outre-tombe....
Hé, Richard, un dernier, pour la route ?
Il y pleut environ 154 jours par an....
Tout ce qui l'intéresse, c'est d'arriver à ses fins, par tous les moyens.
Faire du chiffre, augmenter le rendement, économiser sur la main d'oeuvre, réduire les frais généraux, délocaliser à outrance, uniformiser la production, tout cela est mortellement prévisible.
La Mort doit sûrement avoir le visage de Jean-Marc Sylvestre, ou pire, celui d'Alain Minc.
No fun.
C'est une salope ultra-libérale qui manque désespérément d'imagination: quand on le lui fait remarquer, elle monte sur ses grands chevaux apocalyptiques en ramenant tout au principe de réalité.
Mais elle oublie une chose : elle n'est rien sans nous.
Fell from the roof on East Two-nine
Cathy was 11 when she pulled the plug
On 26 reds and a bottle of wine
Bobby got leukemia, 14 years old
He looked like 65 when he died
He was a friend of mine
Those are people who died, died
They were all my friends, and they died
G-berg and Georgie let their gimmicks go rotten
So they died of hepatitis in upper Manhattan
Sly in Vietnam took a bullet in the head
Bobby OD'd on Drano on the night that he was wed
They were two more friends of mine
Two more friends that died
Those are people who died, died
They were all my friends, and they died
Mary took a dry dive from a hotel room
Bobby hung himself from a cell in the tombs
Judy jumped in front of a subway train
Eddie got slit in the jugular vein
And Eddie, I miss you more than all the others
And I salute you brother
Those are people who died, died
They were all my friends, and they died
Herbie pushed Tony from the Boys' Club roof
Tony thought that his rage was just some goof
But Herbie sure gave Tony some bitchen proof
"Hey," Herbie said, "Tony, can you fly?"
But Tony couldn't fly, Tony died
Those are people who died, died
They were all my friends, and they died
Brian got busted on a narco rap
He beat the rap by rattin' on some bikers
He said, "Hey, I know it's dangerous, but it sure beats Riker's"
But the next day he got offed by the very same bikers
Those are people who died, died
They were all my friends, and they died
Teddy sniffing glue, he was 12 years old
Fell from the roof on East Two-nine
Cathy was 11 when she pulled the plug
On 26 reds and a bottle of wine
Bobby got leukemia, 14 years old
He looked like 65 when he died
He was a friend of mine
Those are people who died, died
They were all my friends, and they died
G-berg and Georgie let their gimmicks go rotten
So they died of hepatitis in upper Manhattan
Sly in Vietnam took a bullet in the head
Bobby OD'd on Drano on the night that he was wed
They were two more friends of mine
Two more friends that died
Those are people who died, died
They were all my friends, and they died
Mary took a dry dive from a hotel room
Bobby hung himself from a cell in the tombs
Judy jumped in front of a subway train
Eddie got slit in the jugular vein
And Eddie, I miss you more than all the others
And I salute you brother
Those are people who died, died
They were all my friends, and they died
(Jim Carroll, "People who died")
"De quel bruit parlez vous?" lui rétorque son confrère.
"Des grondements, ça venait des profondeurs..."
C'est exactement ce que je me suis dit juste après avoir posé le bras de la platine sur le sillon de la face A du premier 45 tours des Gabba Heys. "Loosing control" que ça s'appelle, et en effet , on imagine bien qu'ils ont été jusqu'à égarer les potards de volume, bloqués à 11, comme ils se doit.
Les Gabba Heys sont de sympathiques primates limougeauds, fidèlement croqués sur la pochette par le talentueux dessinateur néanderthalien Jean-Marie Arnon.
Pour le reste, après une entrée en matière quasi tribale lancée par Gabba Thierry (basse) et Gabba Didz (tambours), on pensera d'abord aux Fleshtones sur le thème d'harmo soufflé par Gabba Alain, puis aux Damned sur le couplet poussé au cul par la guitare de Gabba Pierre, et enfin aux Bishops (l'équivalent anglais de Little Bob Story en 1977...) sur le refrain fédérateur .
"Même en reculant, on avance" me souffle l'Agent Secret, mais on le savait déjà depuis l'invention de la chambre d'écho et de la guitare à 5 cordes. C'est amplement satisfaisant pour nos cerveaux reptiliens, et l'on se dit que ces gars là auraient aussi bien pu s'appeler les Morlocks .
J'ajoute que le disque contient 3 autres hymnes (dont un furieux "CBGB"), que son tirage est limité à 518 exemplaires, les pochettes étant toutes sérigraphiées et les vinyles noirs comme la jungle.
Quand à la qualité du pressage, je laisse conclure le professeur Carlson: " Quoique ça puisse être, ça a coupé le courant!"
un outtake de ce concert MTV dont on n'attendait pas grand chose,
et pourtant, là, behind the shades, la messe est dite :
le faux départ, le tempo mortuaire, la voix brisée....
Ce n'est plus le désir mercurial de "Blonde on Blonde" bien sur,
ni la fierté de l'amant blessé de "Blood on the tracks"....
Juste un homme à genoux, fatigué de chercher,
mais entouré d'amour par un groupe suspendu à ses lèvres.
Vieux Bob, si loin si proche, la steel guitar qui coule comme on pleure dans sa bière,
et le public prêt à le prendre dans ses bras, si jamais il trébuchait...
Par contre, il se rappelle toujours avec plaisir des écolières, et ça fait longtemps, trés longtemps, qu'il chante ce "Good morning little school girl", bien avant qu'Alan Lomax le découvre et ne lui en fasse enregistrer une première version acoustique, en 1959. 10 ans plus tard, Vieux Fred se laisse tenter par l'électricité, mais ne manque pas de préciser en guise de titre d'album, " I do not play no rock'n'roll" !
En réalité, Vieux Fred n'en a pas grand chose à battre, du rock'n'roll en particulier et de l'industrie musicale en général, car comme il le chante ici, : " I don't know hardly... what's in this world to do".
En dehors de mater les lycéennes, bien sur.
La Chanson du jour
"...la froideur du carrelage sur les pieds nus au petit matin, lorsqu'on se levait cet été là, et qu'on mettait sur l'électrophone la galette de vinyle noire, pour faire résonner jusque dans la cuisine l'intro de "Can't you hear me knocking". Les chocos BN trempés dans le café au lait et cette drôle de voix qui chante des histoires de fleurs mortes, de sucre marron et de chevaux sauvages."
Keith Richards et Gram Parsons à la villa Nellcote, été 1971
Seize ans, c'est pour demain. Sweet little sixteen, carrément.
Soudain, on a envie de chansons adolescentes, et d'écouter ces voix blanches égréner des chapelets de " I didn't want to hurt you", litanie sans fin d'amours brisés et éternels.
Des remords, des regrets.
Et déja, la nostalgie de cet été qui vient à peine de commencer...
c'est de se dire qu'on va revoir ceux qu'on aime l'année prochaine...
See you next year!
Des cloches ?
-Y' en a.
De la joie ?
-Aussi.
De l'âme ?
-Plein.
De l'amour ?
-Ben, ça s'appelle le pouvoir de l'amour....
Il manque quelque chose ?
-Ah oui, une belle image....
Bon, et bien, dansez maintenant !
Mais il avait tenu à m'offrir quelques uns de ses disques avant que je reparte.
La musique, parmi d'autres choses, nous liait.
Et puis ce fut l'hôpital.
A ce moment là, il se trouvait en unité de soins palliatifs.
Il en était à son énième A.V.C et le diabète le rongeait de l'intérieur.
Un jour, dans un service du côté de Sarcelles, après un bon quart d'heure de délire où il s'imaginait être 40 ans plus tôt et à l'autre bout du département, il avait fini par me lancer: "Fous le camp!".
Une autre fois, j'ai vu cet homme qui avait passer sa vie à soigner les gens en tant que médecin,
tenter d’appeler une infirmière, avec une drôle de voix cassée et faible qui se voulait puissante et polie à la fois, comme un petit gars dans le besoin : « Madame ! Madame ! ».
C'était insupportable.
Trimballé de service en service, de neurologie en réanimation, il en était désormais rendu à un corps percé de tuyaux d'alimentation et d'évacuation.
L'horrible horreur.
Enfin, je l'ai vu une dernière fois, à l'hôpital.
« Comment ça va ? » lui demandais je bêtement.
« Tout doux, tout doux » me répondit il, gentiment, dans un souffle.
« Fais attention sur la route », c’est la dernière phrase qu’il m’a adressée.
Et puis, je n'attendais plus rien que l'attente de la mort.
Pour que la vie continue. Et le spectacle aussi.
C'est à dire pour moi, de la musique, des répétitions, et des concerts.
Le jour où l'on m'annonça sa mort, je voulais faire écouter un morceau dont j'étais fou à celui qui fut le pouls, le beat, et donc la vie des dernières années du groupe dont je faisais alors partie: the drummer. (En écrivant ces lignes, je pense à ce titre étrange d'un album d'Ellington: "A drum is a woman"...).
Pour le convaincre de la beauté de cette chanson, je l'entraînais dans une danse étrange, et à posteriori macabre, qui fut interrompue par la sonnerie du téléphone.
La musique toujours, résonnait dans la pièce lorsque j'appris l'issue fatale.
He was the greatest.
A mon père...
Willie Dixon ?
Willie Dixon !
Le type qui tient la contrebasse sur la moitié des standards enregistrés chez Chess ?
Celui qu'ont pillé les deux gus de Led Zeppelin pour composer "Whole lotta love" ?
Lui même.
Rendez-vous compte, grâce à un simple réseau social, j'ai la chance de recevoir un message de ce gars.
J'vous jure, c'est écrit dans ma boite Outlook :
"Willie Dixon t'a envoyé un message" (Ouais, parceque dans le réseau social on se tutoie, c'est plus cool, pis sinon, ça serait pas social, tu vois)
Donc, Willie Dixon m'écrit, et en plus vous savez quoi ?
Il m'invite au lancement de son site web !
Vachement sympa, je trouve.
Le plus fort, c'est qu'il est mort, Willie.
Dead, trépassé, bouffé par les vers depuis un bout de temps.
Mais le réseau social repousse la mort.
Le réseau social relie les morts aux vivants.
Le réseau social, c'est mortel.
Un an plus tard, Gil Scott Heron prévient l'AmériKKKe blanche que la révolution ne sera pas télévisée.
En même temps, Lennon et Yoko se rasent la tête et rentrent dans leur période "Mao", balançant des titres comme "Power to the people", "Woman is the nigger of the world", ou "John Sinclair".
En 1975, on arrête de jouer: Lennon rentre à la maison, c'est à dire au Dakota building, fait un enfant à Yoko (Sean), puis prépare les biberons et même du pain bio. Evolution.
1980: Lennon enregistre à nouveau, le monde de la pop frémit, mais un inconnu nommé Mark Chapman
devient célèbre en collant quatre balles dans le buffet du Liverpudlian exilé. Les télés du monde entier diffusent l'info.The dream is over.
2010: Gil Scott-Heron, toujours debout après une arrestation en 2001 pour possession de drogues, sort un nouvel album, "I'm new here".
La révolution ne se fera pas sur You Tube...
Et de prendre la route Pompidou pour m'en aller chez mon disquaire.
La route Pompidou, que je vous explique: petite départementale hors du temps que personne ne semble plus emprunter à part quelques agriculteurs déprimés par les derniers décrets de Bruxelles, parfois aussi de rares retraités encore capables de conduire, et puis moi.
Ma route Pompidou, non répertoriée sur les GPS, toute droit sortie de 1973, idéale pour aller acheter des disques de chanteurs morts, donc.
J'arrive à la boutique (on est sous Pompidou, oui ou non?), et demande, fier de mon coup:
"Des nouvelles de la morgue, patron?"
Mister MAD (c'est le surnom que ce cinglé de boutiquier s'est donné, mais ça reste entre nous) me fait un grand sourire et me dit:
"Ben, le dernier Hendrix vient d'arriver, là. Un double album, tout chaud, si je puis dire".
Voyons voir, James Marshall Hendrix, décédé en septembre 70, quatre albums de son vivant, et un cinquième inachevé balancé sur le marché par sa maison de disques juste après sa mort.
Et puis ensuite, des dizaines de compilations, concerts, jams en studio, du sublime et du n'importe quoi, comme cet album d'inédits , "Crash landing", en 1975, mais là, on était déjà sous Giscard, on s'aventurait vers le bizarre.
Quelques dizaines de remasterisations et beaucoup de pognon plus tard, rien de nouveau sous le linceul.
Mais la demie-soeur adoptive ( !?!) de Jimi, en a décidé autrement, et voilà donc le "nouveau" Hendrix: 12 chansons, une seule totalement inédite, "Valleys of Neptune" qui donne son titre à l'album.
Bien sur, ça sent l'arnaque, et surtout le sapin, mais j'ai décidé de ne plus tuer personne, alors je repars avec le nouveau double album vinyle de Jimi Hendrix sous le bras.
Presque comme en 1973, sauf que je ne roule plus sur une Motobécane orange.
Et puis, nous sommes en 2010, il ne risque plus de mourir maintenant....
La petite histoire dit que la douzaine de chansons a été enregistrée en une nuit à New-York. Et puis, mixée aux studios Ardent, à Memphis, Tennessee. A l'ancienne, quoi.
On est assez loin du Chilton de Big Star, mais on se rapproche du gamin de 16 ans qui chantait "The letter" en 1967.
Et voilà comment ça se termine: Alex Chilton meurt d'une crise cardiaque, à 59 ans, la semaine dernière.
Alors, c'est décidé, je n'achèterais plus que des disques de chanteur mort, comme ça pas de danger qu'ils me claquent dans les doigts et disparaissent dans les étoiles les jours qui suivent..
Même si on ne risque pas d'oublier un type qui chante avec une voix de prêcheur le souvenir heureux de sa maman.
Quand à moi, c'est dit: "I remember Alex Chilton in a happy way".
La Chanson du jour
" She started dancin' to that fine fine music, You know her life was saved by rock'n'roll ".
Plus de 40 ans qu’on se dit que la chanson définitive sur le rock’n’roll, la radio, l’adolescence et l’ennui a été écrite. Par un américain, évidemment.
Même si, de temps en temps, se produisent encore des miracles, comme « Capitol radio » des Clash, par exemple, ou "Roadrunner" des Modern Lovers.
Mais on se dit aussi parfois qu’on aimerait bien avoir la version française de cette histoire.
Alors, la voilà, "My radio", et même si elle est chantée en anglais, c’est avec les accents d'un Dominique Laboubée s'appropriant fièrement une chanson des Animals.
Parce que ça commence comme ça:
« I was a long time ago, when I was young…
…It was 1977, I was ten, I was alone »
Le clin d'oeil à Eric Burdon et les accords mineurs, tout ce folklore américain vu d'ici, pas de doute on est en France, et si le Loulou new-yorkais décrivait l’impact de la musique du diable sur une fille de cinq ans, Hadj Banhaïmouda, chanteur des Ennuis Commencent, lui, écrit cette phrase lapidaire :
« The radio was white,
And I was brown »
Là, on est en territoire connu : France, pays des droits de l’homme et des Lumières, mais aussi, accessoirement, de la collaboration Vichyste et de la torture en Algérie.
Vieux pays de la vieille Europe, qui passera très longtemps à côté du rock’n’roll,
et qui, plutôt que d’en faire, se contentera d’en parler, longtemps et fort bien, comme toujours.
So french….
Des heures entières à théoriser sur tel mouvement, et des années à essayer de capter Radio Luxembourg, maladroitement.
Des jours à s'échiner sur une mauvaise guitare et des mois pour se la payer, un prof d'anglais qui n'a pas du tout le même accent que sur nos disques, et ce pays dans lequel on se sent comme un étranger.
Les Ennuis commencent eux, sont de Decazeville, ancienne cité minière, toujours rebelle.
Et du rock’n’roll, ils en jouent .
« My only friend was
My radio oh oh… »
LES ENNUIS COMMENCENT - Nouvel album: "Superfriends"
www.lesennuiscommencent.com
C'est en tout cas le titre d'une nouvelle de James Crumley, qui met en scène un chanteur de country sillonnant le Midwest.
Des chansons tristes, Marl Linkous n'a écrit que ça durant toute sa vie, même quand il ne voulait pas.
J'ai une dette envers lui: un jour, pour écrire ma Sad song * à moi, je lui ai piqué 6 mesures et une ligne mélodique (j'ai aussi emprunté une phrase à Lennon, mais ça, Yoko n'en a rien su...).
Mark Linkous chanteur-guitariste-compositeur-producteur du groupe Sparklehorse (je n'ose pas dire leader pour un homme si fragile), s'est donc " donné la mort". C'est ce qu'on lit dans les journaux, qui ne sont pas à un lieu commun prés: comment peut-on s'octroyer ce qui n'existe pas?
Mark Linkous a porter la main sur lui, donc. Ce n'est pas la première fois, mais là, c'était la bonne.
Moi, j'aurais aimé lui poser une question: était ce sa mélancolie qui déteignait sur ses chansons ou bien le contraire?
Parce que d'accord, tout le monde peut écrire des chansons tristes, mais certains en meurent.
Et nous, finalement, on se retrouve tout seul.
Et nous cheminons, entourés de fantômes.
On les entend parfois, au creux d'un accord de guitare qui n'en finit plus de mourir.
Ils se rappellent à notre bon souvenir....
Nous qui avons joué avec la vie et fait parfois semblant de mourir, nous qui avons connu la gloire d'être jeunes, nous voilà confrontés à ce rien qu'est la mort. Pour de vrai.
In memorian, Iain Burgess (1953-2010)
Peter Deimel, cofondateur du Black Box a ouvert une page Facebook consacrée à la mémoire de Iain Burgess, décédé dans la nuit du 10 au 11 Février 2010 des suites d'un double cancer :
www.facebook.com/pages/Iain-Burgess/305975717855
De penser qu’il y à d’un côté la variété, et de l’autre le rock.
Et il faut bien que la pensée réponde à une nécessité, sinon à quoi bon ?
Le combat des rebelles contre les bien-pensants est devenue celui des branchés sur les ringards
Les bons et les méchants, les jeunes contre les vieux, au moment ou le rock à plus de 50 ans, qu’est ce que ça veut dire ?
Aujourd’hui, la marge s’affiche partout, les niches se multiplient sur le net, et plus que jamais, on souffre de la solitude.
La différence à tout prix, c’est le nouveau conformisme : les mots d’ordre se sont transformés en slogans, pour échouer lamentablement en messages publicitaires.
Des messages de mort : achetez, consommez, jusqu’à l’épuisement.
Ne rêvez plus, on s’en charge pour vous.
Et d’ailleurs, ça ne sert plus à rien.
Christophe Bevilacqua, chanteur de variétés, donc ?
C’est ce qu’on disait, dans le temps….
c’est qu’il nous parle.
Comme à l’ancien temps, quand un groupe ou un artiste enregistrait un album, rien que pour nous.
C’était une lettre à la poste, l’état des choses à ce moment là.…
On avait le temps d’écouter les deux faces d’un 33 tours, comme on prends le temps de lire, et relire une lettre.
Aujourd’hui, Roger Nelson aka Prince, fait de même avec ses disques :
des correspondances avec ses proches, ceux qui l’aiment.
Alors, il se raconte, doucement, et on reconnaît celui qui nous est cher .
à travers un son de guitare, un bout de mélodie, un riff, une envolée…
C’est pour nous, rien que pour nous, les vieux amis.
A l’heure de la génération Internet ou tout va plus vite que notre ombre,
rien que pour ça, ce type mérite notre respect.
Bien sur, Roger, à son avenir derrière lui, mais c’est toujours mieux que de l’avoir tellement devant soi qu’il nous bouche l’horizon….
Bloqué entre 1967 et quelquepart vers la fin des années 80, il nous fait le coup du « Crimson and Clover » du roublard Tommy James (et ses Shondells) déjà repris avec succès par Joan Jett, mais il le chante de manière encore plus féminine, androgyne, presque asexuée…une voix d’ange, qui ne résiste pas tout de même à la tentation d’intégrer un petit morceau de « Wild thing », histoire de justifier le « presque », justement.
Certains trouveront ça vulgaire, tout comme la pochette de son dernier album, mais c’est pourtant là sa grandeur, savoir jongler avec le racoleur et le sublime. L’art du swing.
Et, putain, ça fait tellement de bien d'entendre un noir américain jouer du rock , à l’heure du communautarisme ambiant…après Hendrix et d’autres…ou en est-on ? A quel stade de régression et de repli sur soi?
Dites moi….
Je monterais sur scène, et je chanterais mes chansons après avoir appris celles des autres, patiemment.
Je rencontrerais des types qui voudront bien monter un groupe avec moi, et on jouera partout où on voudra de nous, pour rien d'abord, pas grand chose ensuite, mais qu'importe, un jour, je serais une star, c'est sur.
J'irais frapper aux portes des maisons de disques jusqu'à ce que l'une d'entres elles me permette de rentrer en studio pour enregistrer mon premier album, et ce sera le plus beau jour de ma vie.
Je repartirais en tournée, et je sillonnerais le pays dans un camion pourri qui nous servira à la fois de salle de bains et de chambre à coucher, ce sera dur, mais je prendrais ce qu'il faut pour tenir le coup.
Plus tard, je traverserais l'océan pour aller voir le monde, et il ne sera même plus question de dormir.
Parce qu'un jour, c'est sur, je serais une star.
Où plutôt, elle sanglote, convulsivement.
L’instant d’avant, elle lui a presque hurlé dessus de la laisser là;
elle voulait descendre de la voiture, comme ça, en pleine nature.
Il a bloqué les portes, par précaution.
Elle lui dit, « Tu as tout raté, tu avais toutes les possibilités, tu les a gâchées. Même ton père avait honte de toi ! ».
Il se tait, il encaisse, il a l’habitude.
« Je suis heureux comme ça », lui lâche t’il quand même.
Il croit que c’est fini, il en assez des larmes et des cris. Il voudrait rentrer, et dormir un peu, mais il faut qu’elle termine :
« Je voudrais mourir, j’ai tout ce qu’il me faut, mais j’ai peur de me rater…Tu viendras peut-être à mon enterrement ? »
« Oui, Maman… »
La filiale française de Decca ne se donne même pas la peine d’attendre les épreuves définitives de la pochette et sort le disque sous un artwork improvisé, une photo de scène en noir en blanc, avec un tampon proclamant pompeusement: « pochette avant-première » !
La France de Pompidou n’en a pas grand-chose à carré, de l’esthétique du rock.
Ni du rock, d’ailleurs.
Et c’est bien comme ça.
Un an plus tard, j’achète l’album au magasin d’éléctro-ménager de mon village (!), avec la bonne pochette, celle aux couleurs étrangement solarisées, et surtout, la reprise décoiffante de « Sweet little sixteen » glissée en fin de face 2, enregistrée à l'île de Wight en été 70.
Un boucan d’enfer, un magma sonore, tout ce qu’il faut pour trépigner et rêver.
J'ai 12 ans, le rock'n'roll entre dans ma chambre, et dans ma vie.
Ce soir, un jeudi de janvier 2010, je vais voir Jim Jones Revue en concert.
On sera quelques dizaines à trépigner sur leur version de « Good Golly Miss Molly »,
et à admirer leur élégance de bandits déglingués.
La France de Sarkozy n’en a rien a carré de l’esthétique du rock.
Ni du rock, d’ailleurs.
Et c’est bien comme ça.
L’Aventure continue….
mais tu m’en aurais méchamment voulu, alors.
Peut-être aussi t’aurais je montré ce qui doit rester caché,
et tu en serais devenue aveugle.
Je t’aurais ensuite prise par la main,
pour te faire goûter ce que tu convoitais le plus.
Enfin, nous aurions pu commencer.
This is Happy New Year, ain't gonna worry me to death !"
La Chanson du jour
Chez nous, le père Noël est une ordure, mais à Memphis, il est noir et il chante le blues.
C'est toujours ça de pris, et ça aide à faire passer la buche surgelée, le saumon trafiqué, les cadeaux convenues et les familles repues.
De quoi survivre jusqu'au nouvel an...et rendre grâce à Dieu.
Jeune, c'est un je ne sais quoi de fragile caché derrière l'apparente facilité à swinguer, qui trahit les violences dont elle fut victime pendant l'enfance.
Plus tard, vers la fin, c'est le gin, l'héroïne, et tout le mal que les hommes lui auront fait.
Ses amants qui la rendaient folle, les patrons de cabarets la faisant rentrer par la porte de service (ségrégation oblige), et jusqu'à certains spectateurs mécréants pratiquant l'insulte raciste.
Ce à quoi elle répondit un jour en se retournant pour leur montrer son cul. Tout simplement.
On n'impose rien à miss Holiday qu'elle ne désire d'abord, même les paroles de ses chansons, qu'elles oublient volontiers, ou modifient au gré de ses humeurs.
A la fin de la deuxième prise de ce crépusculaire "I'm a fool to want you", elle part en roue libre, psalmodiant quelques phrases, comme voulant se convaincre qu'elle est la plus forte : " Time and time again, Yes I'll leave you, Time and Time again, I'll run away...".
Mais juste après, dans la troisième prise, elle modifie radicalement le troisième couplet qui devient alors une supplique : " Take me back, I Love you, Pity me, I need you".
Le tout et son contraire, comme l'illustre si bien le titre d'une autre chanson du même album, la bien nommée "Glad to be unhappy".
Une femme libre: la fierté, le charme, l'arrogance, mais aussi la connaissance intime de la douleur, des amours déçus qui la laisseront inconsolable. Et surtout une lucidité épuisante, pourtant noyée dans un brouillard cotonneux d'alcools et de drogues qui vont lui façonner ce chant d'outre-tombe.
Juste de quoi murmurer encore quelques mélodies, du bout des lèvres, et du fond du ventre...
Et puis aussi ces derniers mots chuchotés à l'oreille de Sagan venue la voir un soir d'Octobre 1958 à l'Olympia: "...Darling you know, I am going to die very soon in New York between two cops".
Moins d'un an après, elle sera morte.
Elle l'a écrit sur la porte de ses toilettes. Rouge, la porte, bien sur...
Elle arrête pas de fredonner cette phrase dans sa tête, comme un mantra, une formule magique.
Conjurer le sort, traverser le miroir... aller vers la vraie vie.
Ce soir est ce soir: un concert de plus, pour repousser le sommeil et la nuit.
Ce soir, au Havre, il y a ce trio magique qui revient tout juste d'Australie où il a enregistré son second album.
Aux antipodes, le rock est encore plus fort, mais ces trois là connaissent les règles du jeu. Pas de quartier.
Pas de prisonniers, et on tuera tous les affreux...
Ce soir encore, le monde va s'inverser, le rêve devenir réalité, on va marcher sur la tête et danser sur le bar.
Alors elle claque la porte et s'enfonce dans la rue, princesse solitaire....
"No colors anymore I want them to turn black"
(Dédié à Giuglietta, et son livre "Sextet".
Un entretien ici : www.siroublog.com/index.php?sextet
Son Facebook là : www.facebook.com/inbox/readmessage.php
Photo: Roger Legrand
"J'voudrais avoir les mains d'la mort
Et puis les yeux et puis le cœur
Et m'en venir coucher chez toi
Ça chang'rait rien à mon décor
On couch' toujours avec des morts
On couch' toujours avec des morts
On couch' toujours avec des morts"
Léo Ferré
Photo: Secret Agent
Oasis fut un groupe talentueux capable de finesse, doté d'un chanteur à la fausse nonchalence séduisante et d'un compositeur inspiré sachant recycler avec bonheur 30 années de british beat pour incarner l'esprit des années 90: un pied dans la tradition et l'autre dans le modernisme, une Anello & Davide d'un côté, une Converse de l'autre.
Parce que avant de pouvoir remplir des stades, il faut savoir vider des verres dans un pub, boire de la Guiness en révant de champagne, penser aux filles qu'on a plutôt qu'à celles qu'on aura, et s'exercer à devenir un bon voleur en apprenant à connaitre ce qui vaut la peine d'être dérobé.
Ici, une mélodie empruntée aux Kinks, des licks de guitare aux Stones, et un final qui pille carrément les Beatles, mais tout ça avec grâce.
La retenue qu'il faut pour justifier l'arrogance.
Le style anglais, quoi.
Maurice Papon, secrétaire général de la préfecture de Gironde, 1943
"Il faut mettre un point d’arrêt à cette mode de ne pas répondre aux questions..."
Klaus Barbie, chef de la Gestapo de la région Lyonnaise, 1943
"Il faut mettre un point d’arrêt à cette mode de la résistance..."
René Bousquet, secrétaire général de la police de Vichy, 1942
"Il faut mettre un point d’arrêt à cette mode de vouloir s’évader..."
Theodor Eicke, chef du camp de concentration de Dachau, 1940
"Il faut mettre un point d’arrêt à cette mode de mourir de faim..."
Hans Frank, gouverneur général des provinces polonaises, 1941
'Il faut mettre un point d'arrêt à cette mode du suicide..."
Didier Lombard, PDG de France Telecom, Septembre 2009
-C’est la grippe A, hein, docteur ? Dites le moi que je suis foutu !
-La grippe A ! Mais c’est juste un coup des labos pharmaceutiques pour écouler le stock monstrueusement inutile de Tamiflu qui sera périmé en 2010 ! Laissez tomber ces conneries…
-Alors quoi ?
-Non, vous avez un truc plus rare, un de ces machins en « ite », mais c’est pas une bronchite, ni de l’arthrite, pas d’hépatite et encore moins de méningite…attendez je cherche…ce serait plutôt du côté du cœur…
-Ah, ça y est l'infarctus alors…
-Attendez, attendez, les anglais utilisent le suffixe "itis" pour ce type d’inflammation. lls parlent d’Arthtitis, d’Hepatitis, et vu vos symptomes, je parierais pour le Love-itis : vous êtes probablement tombé sous le charme d’une femme,et vous ne pourrez vous en sortir qu’en l’oubliant ou en la possédant.
-Ah bon et comment faire ?
-Eh bien, matin midi et soir, vous chanterez 3 fois cette formule magique en sautant sur place :
« Love-itis, got a hold on me
Love-itis, got control on me
Love itis, my fever gets higher
Love-itis, you’re my desire »
Normalement, les sueurs devraient évacuer le mal. Mais surtout, il faut beaucoup boire.
-Une bouteille d’eau minérale par jour ?
-Surtout pas d’eau, malheureux ! Pour vous aider, vous accompagnerez vos danses de libations à base de vin de messe. Allez en paix, mon fils.
Vous avez votre carte vitale ?
martelant le bitume à coups de talons, comme autant de claquements de doigts,
ceux là mêmes qui ponctuent les chansons qu'il égrène de sa voix de chat blessé.
Willy: des chaussures italienne, une coupe Pompadour, du coeur plutôt que de la technique,
la connaissance de la rue et ses codes, et puis surtout, du goût, beaucoup de goût.
Il a 24 ans et vient de rencontrer un de ses héros, le vieux Jack Nitzsche, l'homme derrière Phil Spector,
celui qui sait si bien doser les castagnettes, tambourins et autres cordes cristallines.
Mais pour les violons, on attendra le second album.
Celui ci doit être brutal et cru. C'est le mot d'ordre de cette année 77, parait-il.
En tout cas, c'est ce que la maison de disques lui dit.
Il s'en fout un peu, Willy, l'important, c'est cet album qui va enfin sortir.
Naan, le seul truc qui ne passe pas c'est ce sticker "punk" qu'ils ont collé sur la pochette.
De là où il vient, Willy, le mot punk est une insulte, un genre de branleur, de bon a rien.
Néanmoins, il a en commun une chose avec ces gens qui constituent d'ailleurs l'essentiel des groupes et du public du CBGB's, l'endroit qu'il a investit à New-York depuis presque 3 ans: la même haine de l'esthétique hippie décadente (...“electric this and strawberry that"..., dit-il).
Mais pas les épingles à nourrice ou la musique blanche, tellement blanche.
Ni le misérabilisme ambiant ou l'esthétique du clochard urbain.
Pourtant, plus tard, il y aura l'aiguille et la poudre...
...mais là, Willy Deville, 24 ans, la vie et la gloire devant lui,
a rendez-vous au coin de la rue avec sa Venus,
la reine de l'Avenue D.
In memorian, Willy DeVille: 1953 - 2009
fumé tout l'opium de la terre à m'en rouler par terre,
il me faudra encore autre chose.
Je commanderais alors des plats exotiques aux saveurs étranges,
et m'en gaverais jusqu'à n'en plus pouvoir.
Rassasié de graisse et de sucre, j'irais ensuite dans quelque bordel interlope
choisir des femmes aux formes voluptueuses afin de me vautrer sur leurs peaux huilées.
Alors, seulement,
le corps rempli et le coeur sec,
je penserais à toi mon amour.
Avec leurs mollets de poulets et leur teint d’olives, on imagine bien leur impatience à goûter d’un peu de soleil. Mais ce dont ils rêvent par dessus tout, ce sont de jolies filles étalées sur la plage qui prennent du bon temps, leurs longues jambes bronzées recouvertes de sable.
Et c’est vrai que sur les côtes de l’Atlantique Nord, ça ne doit pas être si fréquent...
...alors bon été à tous, les "Chansons du jour" partent en vacances.
Here comes the summer! Have fun!
La Chanson du jour
Ce qui semble plutôt lui réussir, au regard de la jauge des stades qu’il remplit allègrement de fans fanées et néanmoins hystériques.
Pas comme ces frimeurs flamboyants de Real Kids, emmenés par le riant John Felice qui hurle entre deux pintes de bière que ce qu’il lui faut, c’est toutes les filles, n’importe quelle sorte de filles. On voit ou ça même : faire le CBGB’s ad vitam æternam, devenir l’objet d’un mini-culte en Europe, prendre 20 kilos en 30 ans, et se produire de reformations douteuses en commémorations poussives pour payer sa came, n'importe quelle sorte de came.
lors que l'insubmersible Frank, lui, reste svelte et bronzé et reçoit beaucoup d’amour et d’argent. Celui des retraités, principalement. Qui de plus, lui mâchent la moitié du boulot en reprenant tous les refrains en chœur. Pendant ce temps, John Felice se demande ce qu’il a fait au bon dieu pour mériter de devoir encore et encore rejouer ce même morceau sur des scènes pourries devant des types de son âge à moitié bourrés: alors il se rappelle peut-être de ces concerts dans la France post-giscardienne, il y a bien longtemps, où les filles se pressaient au premier rang, et n’auraient pas hésité une seconde à laisser leurs mecs en plan pour finir la nuit avec lui.
Et rien que pour ça, il doit se dire que ça en valait la peine…
Le soleil ruisselait et pour un peu j’en aurais pleuré, juste une larme, pour passer du Paradis à l’Enfer. J’avais des doutes sur tout et rien ne m’autorisait à penser qu’une fois mort je n’essaierais pas encore de m’enfuir. Le Paysage défilait devant mes yeux et mes pieds s’activaient tout seuls, comme deux petites pieuvres animés. Je me voyais parler et n’entendait rien d'autre que ma respiration. Autour de moi, des hommes tombaient en produisant un bruit mou, et ma montre pendait doucement le long de mon bras.
J’ai frappé à une porte et on m’a répondu quelque chose dans une langue inconnue. J’ai pensé qu’il était bien tard, mais alors un type de la météo m’a dit de ne pas m’en faire, et de ne surtout jamais suivre les consignes.
Alors j’ai balancé la clé et je me suis réveillé.
« Jerry ! Jerry ! Jerry ! », beugle une cohorte houblonisée de teutons en goguette...
Pourtant, on se dit que le sudiste hystérique à déjà son avenir derrière lui, en 1964.
Depuis ses hits magiques de chez Sun, il y a eu son mariage scandaleux avec sa cousine de 13 ans, la relégation au circuit des bars et honky tonks, la concurrence déloyale du gros Elvis qui lui, a mis beaucoup d’eau dans son vin (et des pilules dans ses tisanes), et puis, cerise sur le gâteau, la nouvelle vague anglaise, le british beat, qui déferle sur le monde, Beatles en tête.
C’est précisément sur les lieux mythiques de la genèse beatlesienne, au Star Club de Hambourg, que Jerry Lee décide d’enregistrer un album live, histoire de remettre les compteurs à zéro.
Et de laver l’affront, aussi.
Parce que ces jeunes rosbeefs prétendent faire du rock’n’roll!
Oh, sans oublier certes, de rendre hommage à leurs aînés, à travers des reprises bien senties de classiques américains.
OK, se dit Jerry. Je vais les jouer ces standards de chez moi, mais à 200 à l’heure, en hurlant au dessus du boucan de la salle, et en martelant mon piano de manière à ce qu’il couvre le reste du groupe (les Nashville Teens en l'occurence, fraîchement débauchés d'Angleterre justement, et qui allaient ensuite connaître leur quart d’heure de gloire avec la reprise de « Tobacco road ». Mais là, ils peinent un peu à suivre le tempo d’enfer insufflé par leur leader, qui carbure certainement au mélange bourbon-amphétamines…)
Et tout y passe: "Mean woman blues", "Hound dog", "What'd I say", son propre "High School confidential" ou il entraîne littéralement le batteur, et puis un "Good golly miss Molly" d'anthologie qui renvoie les Sonics dans leurs couches.
Et puis, et puis, voilà "Money", le premier hit de Barrett Strong pour la Motown, dans une version qui va laisser celle de Lennon, pourtant bien vicieuse, au placard.
Quand le Liverpoolien hurlait "I want Money!", il donnait l’impression d’avoir plus besoin d'amour que de cash, terminant d'ailleurs la chanson sur des "I wanna be free!" désespérés.
Jerry lui, c’est autre chose :
ce qu’il veut, c’est la puissance et la gloire, l’argent et le sexe.
Et s’il éructe « Your lovin’ don’t pay my bills ! », c’est vraiment qu’il s’en contrefout, de l’amour du public.
Il veut juste le bouffer.
Parce que Jerry, c’est le Killer.
A lire : « Hellfire », la biographie ultime du killer par Nick Toshes aux éditions Allia.
Autre chose qu’une simple ligne dans le Guinness book des records (« le plus grand groupe de rock du monde »).
Autre chose encore que des records d’entrée ou de longévité.
Autre chose enfin, qu’une valeur marchande.
Il suffit de revoir ce journaliste demander à Keith Richards s’il connaît le top ten des personnes célèbres susceptibles de mourir dans l’année (on doit être en 1972), l’informer ensuite qu’il est en haut de cette liste, pour finalement goûter la réaction tranchante de l’intéressé : « I’ll let you know » (Je vous tiens au courant !).
Du coup, le cri du coeur du petit Nils (1 métre 58 avec des talonnettes ) se comprend mieux : en 1975, Keith est encore le rebelle idéal, se mettant constamment en danger, risquant le peu de peau intacte qui lui reste sur le os. Mais c’est surtout le le créateur du riff absolu, celui de « Satisfaction ». Le rock’n’roll incarné sur terre, en quelque sorte. Une icône sacrée pour qui on va bruler des cierges.
A peine deux ans plus tard, ce seront à ces idoles elles mêmes que les punks mettront salutairement le feu, après leur avoir copieusement craché dessus.
Il n’empêche : pour le meilleur ou pour le pire, Kiff the Riff est toujours en vie, et Nils Lofgren chante encore régulièrement « Keith Don’t Go », mais en version acoustique…
Admettons.
L'essence même du punk résiderait alors dans l'approximation et l'amateurisme.
La punkitude absolue, ce serait donc le non respect des règles, le mauvais goût revendiqué,
et la transgression permanente.
A ce compte là, oubliez Damned et leur reprise délirante de "Help", les Pistols réussissant à merveille à détruire "Johnny B.goode", ou la version "massacre à la tronçonneuse" de "Slow Down" par The Jam.
Il y a mieux, beaucoup mieux.
Un type qui surpasse Ben E.King, John Lennon et Willy Deville en s'accaparant "Stand by me".
Cet oiseau rare, c'est Red Moore.
Ne me demandez pas qui il est, ni d'ou il vient: je n'en sais rien.
Armé de sa flûte magique, il interprète un grand classique de la soul qu'il rebaptise fièrement "Vienne la nuit" et ce, sans aucun sens du ridicule.
A ce niveau de témérité, je ne sais pas s'il mérite le titre de Roi des punks, ou des cons, qui, comme on le sait, osent tout.
Ce qui est sur, c'est qu'il est beaucoup plus drôle que Ian Anderson, le leader de Jethro Tull, qui dansait la bourrée sur une guibole en postillonnant dans son flûtiau.
C'est toujours ça de gagner.
Vive les punks!
Le primitif, l'homme des cavernes qui portait des lunettes de soleil la nuit n'a jamais montré ce qu'il y avait derrière son masque. Il à pris son TV Set sous le bras et traversé la porte verte pour aller rejoindre les jardins magnifiques.
Là-bas, il continue à agiter ses rockin' bones pour faire la mouche humaine sur la Zombie Dance en concourant avec le God Monster.
Sur qu'il sera pour toujours un loup garou adolescent, et qu'il rocke sur la Lune en faisant le Jungle Hop.
Mais ce qui va lui manquer, c'est son idôle vaudou.
Celle pour qui et avec qui il à tout fait par amour.
Poison Ivy, seule, toute seule...
(Dédié à Alain Feydri, auteur de "Les Cramps - Pour l'amour d'Ivy").
Et pourtant ce type existe, il fait des disques depuis 10 ans.
Le dernier en date s’appelle « Misadventures In Stereo »,
et il y a un label assez barjo pour sortir une édition vinyle en plus du cd, et en Mono!
Ce qui ne manque pas d’audace, quand on aura lu le titre de l’album, déjà mentionné.
Il y a aussi quelques rares disquaires en France tout aussi barjos qui continuent à faire correctement leur métier, lisent la presse étrangère afin de savoir ce qui se fait de bien ailleurs, et font venir ces disques en import chez eux.
Tout ça pour qu'enfin au bout de la chaine d'autres barjos, les camés de la musique, se ravitaillent en produit frais et non frelatés.
Parce que ne comptez pas sur la presse rock « officielle » française (je ne parle pas des fanzines qui font leur job) pour vous informer, ni sur la Fnac ou pire encore Amazone pour trouver ce disque. Non, ces gens là sont plus occupés à vous refourguer le dernier Franz Ferdinand (« L’album de la maturité…. », beurk !) par palettes entières.
Laissez leur ces parts de marché, et reprenez plutôt une portion du gâteau que nous a cuisiné amoureusement le petit Jim, ça ne vaut pas plus cher et c’est bien meilleur !
En plus, vous aurez le plaisir de déguster des notes de pochette délicieuses, du genre : « Ceci est un album. La face 1 est terminée ? Prenez une pause. Rassemblez vos pensées. Fumez une clope si vous en avez une sous la main ».
Passer son temps à réfléchir en se droguant ?
Un truc de barjo, quoi.
...on débranche la guitare.
Ron Asheton 1948-2009
"May Ron Asheton's sweet, kind soul rest in peace."
Sue Rynski, photographe.
Hum, l’Agent à ses sources, probablement.
Et ses opinions aussi.
Mao...mais tendance Nino Ferrer: « Le quart de rouge c’est la boisson du Garde Rouge »…
OK, allumons une cigarette, décapsulons une bière, et posons nous la seule question qui vaille : qu’aurait fait Elvis dans ce monde là ?
« Une dépression… », grommelle l’Agent, en écrasant sa Lucky sans filtre.
Mais non, il commanderait des loukoums, du miel, des douceurs, et puis une chanson, bien sur ! Signée Burt Bacharach, un nom cristallin. Ensuite, il l'assaisonnerait comme chez lui, à la mode soul, avec cascades de violons, cuivres rutilants, et roucoulades de grasses walkyries épousant les ondulations d’une basse rondelette sur une rythmique sautillante. Enfin, il poserait sa voix chaude et sucrée, sans effort. Jamais trop d’effort, pour le jeune et riche mâle américain.
Trop riche, bien trop riche ?
« Non, jamais assez ! », hurle l’Agent, « A bas la pauvreté ! Chassons le révisionisme, battons les pauvres, volons les riches, et du rab’ de frites pour tout le monde ! »
Ça y est, la révolution culturelle est en marche…
Il me dit ça en finissant son troisième verre de cognac.
Avant, on s’est quasiment enfilé l’équivalent d’une bouteille de rhum, à coups de petits punchs. Mais ça nous empêche pas de causer.
« Tu sais, j’ai 60 ans l’année prochaine, ça fait plus de 40 piges que je bosse, et la musique m’a jamais quitté », qu’il me fait. « Surtout le rock, j’adore. Johnny, bien sur, c’est une bête, un super chanteur, mais bon, c’est rien qu’un interprète. Moi, je préfère le gros...Eddy, tu sais. Moi du rock, j’ai jamais pu en jouer, pourtant j’aurais adoré, vraiment… »
J’y crois pas, on va rejouer le match Jean-Philippe Smet / Claude Moine dans ce rade pourri, moi qui préfère la VO en plus ? OK, j’ai besoin de munitions, et avant de lui répondre faut que je retourne au comptoir pour recharger. Quoique bon, c’est simple à piger tout de même, le rock, pas besoin de sortir de centrale. Enfin, ça dépend laquelle, de centrale…
Tiens, l’intro mille fois rabâchée de Chuck Berry que le juke box crache à l’instant, y’à tout la dedans, non ? Faut pas en faire une montagne, c’est ni du Bach, ni du Miles Davis…dis ?
Mais Il dit plus rien, l’autre. Il est debout au milieu du bar, possédé, hurlant les paroles du troisième couplet : « Les faux intellectuels, journalistes étroits, s’emparent de ma musique, je reste franc-tireur ! Je suis rocker ! »
2h00 du mat’, 3 grammes dans le sang, 60 balais au compteur.
Merde, il a tout compris, lui.
La Chanson du jour
La Chanson du jour
La Chanson du jour
Une fois qu’on a dit ça, et aussi qu’il brûlait sa guitare sur scène, qu’il jouait avec ses dents, et imitait parfaitement le bruit des bombes tombant sur le Vietnam dans sa version du « Star spangled banner » à Woodstock, on aura appris quoi ?
Du petit garçon qui connut très peu sa mère et s’amusait à jouer de la guitare imaginaire sur un manche à balai, on saura quoi ?
Du guitariste de session crevant la dalle à New-York, et choisissant d’acheter, plutôt qu’à bouffer, le deuxième album de Dylan (« The freewheelin Bob Dylan ») avec l’argent des courses, pour s’en excuser ensuite platement auprès de sa petite amie du moment, on dira quoi ?
Du même guitariste, désormais vedette adulée, et n’osant pas abordé dans la rue celui dont il aura repris « Like a rolling stone » et magnifié « All along the watchtower », on comprendra quoi ?
James Marshall Hendrix n’était pas seulement le bel étalon noir défoncé masturbant sa guitare lors de long solo interminables : c’était aussi un compositeur inspiré et un chanteur subtil, grand fan de Curtis Mayfield par exemple, et capable de réparties cinglantes valant bien celles du Dylan en état de grâce des années 65-66.
A un journaliste lui demandant s’il n’en avait pas marre de ses gimmicks de scène, il répondit : « What gimmicks ? Napalm on Vietnam is a gimmick ! »…
500 000 personnes carburant aux drogues diverses face à 300 « anges de l’enfer », chargés de la « sécurité ». Humour stonien.
Une fille surgit de la masse du public, complètement nue et défoncée, et arrive on ne sait comment sur la scène, hagarde.
Un Angel en plein bad trip est pris de secousses et de grimaces psychotiques à côté de Jagger qui s’évertue à continuer le show, en vain.
Le même Mick, faussement détaché, annonce sur l’intro de “Sympathy for the devil, qu’il se passe toujours des trucs bizarres (funny things) lorsqu’ils démarrent ce morceau…à la fin, il est moins désinvolte, le futur Lord, et il lance des pathétiques “Who’s fighting and what for? Why are we fighting? We don’t want to fight!.
C’est pendant la première tentative de « Under my thumb » qu’aura lieu le meurtre de Meredith Hunter par les Hells.
Les Stones s’arrêtent, discutent encore, et puis relancent la machine. Au ralenti.
Evidemment, ils jouent faux: retours de scènes insuffisants, orage dans l’air.
Evidemment ils ont peur: Jagger cherche à calmer les esprits, mais c’est raté, avec cette chanson machiste au possible (Under my thumb, is the girl who once had me down…), et sur les dernières notes, il chante : « Je prie pour que tout aille bien, je prie pour que tout aille bien… »
De l’arrogance initiale, il ne reste que de l’impuissance…les années soixante sont terminées.
Ben voyons…
Que reste t’il de nos amours ?, chantait l’autre sympathique ahuri.
Pas grand-chose, serait t-on tenté de dire, mais voilà une bonne chanson, et c’est déjà ça. Produite par Pete Townshend, ce qui ne gâte rien. Et chantée par le dénommé Speedy Keen, batteur de son état, qui se retrouvera à produire (très mal, selon Thunders) 7 ans plus tard le « L.A.M.F » des Heartbreakers.
Passer d’une chanson pacifiste à « Like a motherfucker », c’est peut-être ça aussi, capter l’air du temps…
Une version déprimante et effondré d’un morceau pourtant symbole de la joie de vivre des années soixante naissantes, le premier numéro 1 des Beatles, après des années de galère à Hambourg. Pas di décalé que ça pourtant, le Keith: Lennon avait d’abord pensé à Roy Orbison en composant ce morceau, à une de ses mini teenage-symphony qui élèvent les romances à la hauteur de tragédies. Et c’est George Martin, qui, l’entendant jouer la première ébauche, l’incita fortement à accélérer le rythme, histoire que tout le monde tape du pied là-dessus, plutôt que d’aller se coller une balle.
Parce qu’en entendant le Keef croasser, pour le coup, on a vraiment envie d’ouvrir le gaz. On a aussi la tentation de l’aider, lorsqu’il bute péniblement sur les “Come on..come on….
Et puis arrive l’estocade, vers 1’50, juste avant le pont, le Glimmer twin s’arrête et dit : Et voilà le pont à la Beatles….mais je ne vais pas le faire. Sur ce, un silence, et le bruit d’un verre ou d’une bouteille qu’il repose sur la table, et il l’enquille, ce bridge…
Et c’est beau comme une seringue, ou une bouteille vide.